I.R.F : Inquiéter.Rassurer.Facturer
Ce morceau est à bien des égards le plus fascinant -et le plus troublant- de tout ce nouvel album de Fianso. Avant de rentrer dans une analyse plus linéaire des paroles, faisons trois remarques liminaires globales :

• L'obscurité :
  La prod (géniale) de Voluptyk met immédiatement l'auditeur dans l'esprit du morceau. Toutes les paroles de Fianso retranscriront par les mots la violence et le caractère sombre de la prod, comme si Fianso transformait les notes menaçantes en mots terrifiants.
  Le titre lui-même semble obscur. Nous tâcherons de l'éclairer en expliquant ce que I.R.F (Inquiéter. Rassurer. Facturer) veut dire.

• La forte teneur biblique et maçonnique du morceau :
  Comme nous le verrons, les références à la religion chrétienne et à la franc-maçonnerie ne manquent pas dans ce morceau. Nous ne cèderons aucunement à la tentation de dire de Fianso, notoirement musulman, qu'il se serait converti à la religion de la Bible ou qu'il fréquenterait désormais assidument les loges. Nous nous limiterons à interpréter le texte lui-même, les anathèmes moralisateurs ne relevant pas de notre juridiction.
  Notons simplement que si les références maçonniques semblent être beaucoup plus fréquentes ici, Fianso a toujours parsemé ses textes de références bibliques. Il a d'ailleurs lui-même lu la Bible, comme vous pouvez le constater dans cette interview au timecode 2:52

  
  *Enfin, rappelons que Fianso est un rappeur, donc un poète de la rue, et que l'équivocité est la première arme du poète. Ne cédez jamais à la tentation d'interpréter de façon manichéenne ses paroles, Fianso ayant un talent pour semer le doute sur nos convictions à son égard.

• Le positionnement du morceau dans l'album semble bien confirmer nos intuitions précédentes :
  Il y'a 13 morceaux dans l'album, soit le nombre maudit du christianisme (Jésus et les douze Apôtres, dont le traitre Judas, sont attablées à la Cène, dernier repas avant la mort du Christ). Fianso n'ignore pas le sentiment de finitude que symbolise le chiffre 12 (12 Dieux Olympiens, 12 mois dans l'année, etc). Choisir de produire 13 titres, c'est une manière volontaire de dire “je suis maudit et je le sais”.
  I.R.F est le 7ème morceau de cet album. Dans une suite de 13 titres, entre deux moitiés de 6 titres chacune, le 7ème morceau fait irruption et dérange.
  Le 7, chez les francs-maçons , c'est le symbole de la totalité, de l'Univers. Il faut en effet 3 ans pour devenir “Apprenti”, 5 pour devenir “Compagnon” et 7 pour devenir “Maître”. En plaçant I.R.F à la 7ème place de son album, Fianso semble nous rappeler qu'il maitrise dorénavant son sujet.
  Néanmoins, à côté de cette symbolique menaçante du 7, il y'a aussi le 7 biblique qui est plus “doux”: 7 jours dans la semaine, 7 cieux, 7 fêtes juives, etc
  On le voit bien, le chiffre 7 peut être utilisé pour symboliser le bien comme le mal et Fianso ne se fera pas prier pour réintégrer la sonorité “sept” dans ses paroles, perdant toujours un peu plus l'auditeur dans son interprétation du morceau. Fianso cultive bien l'équivoque dans I.R.F.