Toutes les villes qui sont apparues il y a "longtemps" (quelques siècles ou plus) sont traversées par un cours d'eau, ou situées en bord de mer. Et plus la ville est grosse, plus le cours d'eau qui la traverse est important, sauf rarissime exception.
Pourquoi retrouve-t-on cette caractéristique de Moscou à Glasgow, de Belem à Prague, et de Toulouse à Bucarest ? Parce que, "avant", c'est à dire avant les trains, les routes et les camions, le seul mode de transport qui permettait de charrier de grandes quantités de matériaux de construction était la voie d'eau.
Or , pour construire une ville, c'est à dire une grande quantité de bâtiments, il faut nécessairement une grande quantité de matériaux de construction. Mais le fleuve permettait aussi d'acheminer d'autres marchandises pondéreuses, notamment les céréales.
Si cela a fonctionné dans le passé, pourquoi ne pas y revenir alors que nous allons devoir faire avec moins de camions ? C'est l'idée de développer le fret fluvial, ce que veut par exemple faire la région Ile de France : https://lnkd.in/esjrpDXQ
Sur le papier, cela semble une excellente idée. Et, de fait, il y a un certain nombre de cas de figure où c'est une excellente idée, par exemple pour assurer le transport après déchargement de marchandises entre un port et les grandes villes situées à l'amont sur le fleuve.
Mais, le plus souvent, les marchandises qui arrivent dans une ville ne sont pas parties d'un bord de fleuve. L'apparition du chemin de fer puis de la route a permis de s'affranchir des fleuves comme moyens de transport, et de mettre des usines, des entrepôts et des mines partout, sans compter que les champs sont par construction ailleurs qu'en bord de fleuve l'essentiel du temps.
Faire massivement machine arrière sans déplacer les usines et les entrepôts en bord de fleuve sera donc difficile. Les chiffres en attestent malheureusement : dans notre pays, le fret routier c'est 300 milliards de tonnes.km quand le fret fluvial c'est... 6 (https://lnkd.in/eVMSG4Vs ) 50 fois moins !
En Ile de France, ce serait 6% selon Les Echos, ce qui est trois fois plus... mais toujours assez peu comparé au routier. Et surtout, ce qui est intéressant ou amusant, c'est que le transport par barges et péniches concerne avant tout des matériaux de construction, comme dans l'ancien temps !
Le fluvial est assurément plus économe en émissions de gaz à effet de serre par tonne.km transportée. Là où il est possible d'en faire, il faut assurément le faire. Mais les villes sont désormais trop grosses, et la consommation par individu trop importante, pour que le fleuve redevienne la principale artère du commerce au 21è siècle.