🌐 Les conséquences géopolitiques de l’arrestation de Pavel Durov
Cela peut sembler difficile à croire, mais au début de l’Internet, les outils de communication étaient gratuits et non commerciaux. IRC, inventé en Europe (un de plus), utilisait des protocoles ouverts et était inclus gratuitement dans les systèmes Unix. Pour les Mac et les PC, des éditeurs de shareware proposaient des adaptations à coûts modestes.
Powwow, ICQ et AOL Instant Messenger (AIM) ont ouvert la voie à une privatisation des messageries.
Désormais, les services de communication interpersonnelle grand public sont tous des plateformes commerciales liées à des entreprises privées : Messenger, WhatsApp, iMessage, Skype, ou encore Google Chat (renommé maintes fois). La seule exception est Signal, qui s’est positionnée comme une fondation.
Dans le cadre de la guerre froide numérique, l’Internet peut être séparé en deux zones : une zone d’influence autour des États-Unis avec les Big Tech, et une autre zone avec des services à vocation internationale échappant à cette influence, notamment TikTok et Telegram.
Telegram a toujours été la cible parfaite pour le monde occidental. Il n’est plus possible de s’attaquer à Facebook, qui est bien trop gros. La Chine a montré, lors du bras de fer avec les États-Unis, qu’elle était prête à sacrifier TikTok plutôt que de donner un accès complet au service. Elon Musk semble pouvoir dire à l’Europe d’aller se faire voir sans risques majeurs de sanctions. Sa fortune, sa proximité avec Trump, et surtout SpaceX semblent l’immuniser contre toute ingérence dans le fonctionnement de son service.
Telegram est fragilisé depuis la guerre en Ukraine. Il est désormais impossible pour ses fondateurs de rester neutres, impossible de devenir l’interzone du Splinternet, impossible de jouer les deux camps.
L’arrestation de Pavel Durov soulève de nombreuses interrogations quant à l’avenir de Telegram et, plus largement, quant à l’impact des grandes plateformes de messagerie sur la sécurité et la géopolitique mondiales. Alors que nous entrons dans une ère où les communications privées deviennent un enjeu stratégique majeur, il est crucial de comprendre qui contrôle ces outils et quelles sont leurs véritables intentions. Ce billet entre dans les détails.
L’extension de la loi FISA et l’impossibilité pour l’Europe, avec l’EUCS, de s’immuniser contre les lois extraterritoriales montrent qu’il existe deux espaces : celui dominé par les États-Unis, qui se donnent légalement les moyens d’y accéder, et un espace où cohabitent la Chine et la Russie.
Pour les membres payants de Cybernetica, j’analyse les conséquences et les hypothèses sur les raisons de cette arrestation. Abonnez-vous et bonne lecture !