Il n'y a pas que la clim' dans la vie
J'aurais aimé débuter ce post avec des références scientifiques et culturelles pointues sur la typologie architecturale malgache, ancrée dans la cosmogonie de nos croyances, sur la théorie de l'architecture à Madagascar, son syncrétisme, et ses influences multiples. Mais pour éviter de me perdre dans ces considérations philosophiques, allons directement au cœur du sujet : le technico-technique.
La notion de "Maison-Horloge" veut que l'implantation des cases suive le cycle journalier du soleil. Chaque moment de la journée est marqué par des expressions comme "vazovazo" (l’aube), ou "misandratr'andro" (le midi, lorsque le soleil est à son zénith). Les ouvertures sont soigneusement orientées pour capter au mieux la lumière, tout en répondant aux besoins structurels, notamment l'emboîtement des planches. Pourtant, depuis la colonisation, et plus encore après l'ouverture à la mondialisation, nous avons inversé nos stratégies de confort thermique. Par moments, on ne sait plus si l’on est à Dubaï ou dans une banlieue de Moscou tellement les formes semblent diluées et incohérentes avec nos réalités climatiques.
C’est dans ce contexte que je souhaite vous parler du brise-soleil, un élément essentiel qui, sous une forme ou une autre, a toujours fait partie de notre architecture. Malheureusement, il est devenu inutile aujourd'hui, à l'ère des boîtes à quincaillerie climatisées. Cet élément architectural, classique mais souvent délaissé au profit de tendances discutables, mérite de retrouver sa place parmi les éléments indispensables de l’architecture. Rien que le calcul d'ombre du brise-soleil m'avait valu un D+ en première année d’architecture dans le cours "Enveloppe et Climat du Bâtiment". Et je me souviens encore de ce projet, "Nainga Bioclimatique Latsaka Faha Efany", où l'annulation de ce dispositif nous a coûté des millions en systèmes de ventilation mécanique... et une humiliation sans précédent.
De l'Inde au Sud-Est asiatique. Que ce soit avec des janlis en bois, ou des toits en surplomb, ces solutions d'ombrage, bien avant que l'Occident ne les réinvente, servaient à filtrer la lumière et à rafraîchir les espaces. Ces dispositifs d'ombrage peuvent réduire la température intérieure de 4 à 6°C, et économiser jusqu’à 20% de consommation énergétique. Leurs lames inclinées ne se contentent pas de bloquer le soleil, elles jouent aussi le rôle de pare-pluie, laissant l’air circuler librement tout en protégeant les structures.
À travers ces réflexions, j'espère vous avoir convaincu de l'importance de réintégrer des dispositifs aussi simples que le brise-soleil dans nos projets architecturaux. Il est temps de se réapproprier des solutions durables et efficaces, plutôt que de céder à la facilité de la climatisation à outrance.
images : Projet de condos à Tamatave TRANO Architecture