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Professeur chez Université Rennes 2 ; LETG Rennes ; Co-Président du Haut Conseil Breton pour le Climat
Une nouvelle carte de référence de l’îlot de chaleur à Rennes en 2022 ! 🌡 L’année 2022 n’a pas seulement connu le record absolu de température observé à Rennes (40,5°C le 18 juillet 2022), c’est aussi celle où on a observé l’îlot de chaleur urbain (ICU) le plus intense avec plus de 9 degrés de différence entre le centre de Rennes et la campagne au nord au cours de la nuit précédente ! Car, rappelons-le, l’ICU est un phénomène nocturne, ce n’est pas le jour, pendant les fortes chaleurs, qu’il se développe mais la nuit quand les bâtiments restituent la chaleur emmagasinée pendant la journée. 🌆 Mais que se passe-t-il dans le détail entre le centre historique et la campagne environnante ? Comment l’ICU est-il modulé par la présence de bâtiments ou de végétation ? C’est ce qu’on essaie de cartographier dans cet article paru dans la revue @FrontiersInBuiltEnvironment (lien en commentaire. L’étude a porté sur l’ICU moyen de 2022 mais aussi sur les 21 nuits avec un ICU de forte intensité, supérieur à 5°C (la carte présentée ici) et à partir du réseau de 93 capteurs connectés sur l’agglomération rennaise (Rennes Urban Network). ⚙ Un peu de méthodo… La cartographie de l’ICU est d’abord réalisée par régression multiple (c’est classique…) en choisissant la meilleure optimisation statistique entre les mesures au sol et leur environnement : dans notre cas, les meilleurs estimateurs sont ceux qui décrivent la densité du bâti dans un rayon de 600 mètres et la végétation dans un rayon de 100 mètres (carte A). Cette méthode donne de bien meilleurs résultats que le simple krigeage (carte D) en divisant presque par deux l’erreur d’estimation. Il reste malgré tout des erreurs dans le modèle que l’on va ensuite corriger en krigeant les résidus de la première étape (carte B). Cette méthode permet de diviser encore par deux les erreurs moyennes et d’obtenir la meilleure carte possible à partir des données disponibles (carte C). 💡 Qu’apportent de nouveau ces résultats ? D’abord une estimation bien plus précise et réaliste de l’ICU à une résolution spatiale de 100 mètres (notre grille de référence). Elle confirme l’atténuation de l’ICU par la végétation à l’échelle locale (deuxième facteur de la régression multiple). Notre carte ne concerne pas seulement Rennes mais aussi, pour la première fois, des communes périphériques non agglomérées où des mesures ont également été effectuées : on y décèle également des ICU de faible intensité (2 à 3 degrés contre plus de 5 pour le centre de Rennes), preuve que le phénomène se développe même sur des villes de petite taille. Les projets en cours au LETG permettront bientôt de proposer cette cartographie en temps réel pour tous les habitants… Charlotte Brabant , Simon Dufour , UMR LETG, Rennes Ville et Métropole, Université Rennes 2, Alkante, Wi6Labs, Météo Concept, City Orchestra, SCO | Space for Climate Observatory , #osur