Le drame de Mayotte rappelle la vanité du modèle philanthropique.
Le cyclone Chido a dévasté complètement Mayotte. Le dernier bilan parle de 35 morts, mais tout le monde s'accorde pour dire que c'est plus que largement sous estimé. Moins violent, le cyclone a causé 94 morts au Mozambique cette nuit. Sous les bidonvilles de Mayotte, les secouristes n'ont pas eu le temps d'extraire les corps, d'autres questions de rituels mortuels de la religion musulmane (où l'on enterre les corps dans les 24h) font qu'on ne connaîtra jamais le bilan humain mais il est sans doute terrifiant.
Matériellement, c'est pire encore. L'eau et l'électricité reviennent doucement, mais pour les bâtiments, c'est intolérable, 50% des écoles détruites. Pour les élèves en année diplômante, il faudra se rendre à la Réunion ou en Métropole pour passer leurs diplômes. La vie des 320 000 habitants de l'île est très durablement compliquée, pour beaucoup, des drames.
La classe politique et médiatique est unanime à dénoncer le massacre. Les appels aux dons se multiplient à la télé et la radio. Bilan après une semaine ?
14 millions d'euros selon la Fondation de France. 70 fois moins que pour réparer le bout de toit de Notre Dame qui avait brûlé... 900 millions trouvés principalement grâce aux plus riches, Arnault, Pinault et Total, Axa et Bouygues ayant fourni à eux seuls la majorité de la somme. Où sont ils aujourd'hui pour un drame autrement plus grave ? Nulle part.
Mayotte n'est pas une exception, les sinistrés de Valence en Espagne ne seront pas sauvés par les oligarques Ibères comme Armancio Ortega, fondateur de Zara qui a fait fortune sur la fraude fiscale et le travail des enfants (Zara s'est fait poisser en Syrie, en Turquie, avec les Ouighours et autres), il aime les causes plus consensuelles, plus clinquantes, personne n'aime être associé aux catastrophes. Vous avez vu Bernard Arnault tout sourire à la réouverture cathodique de Notre Dame, vous l'imaginez à la réouverture d'une école à Mayotte ? Bah non...
La philanthropie portée par les oligarques à ses causes, souvent l'art contemporain, d'ailleurs. Ou des courses solidaires pour les personnes en situation de handicap, la réinsertion de personnes motivées. La philanthropie a ses bons pauvres, n'aime pas les délinquants, les pauvres vieux et les mals logés, ça n'est pas bankable, pas sympa à pitcher dans le rapport annuel. C'est pourtant eux qu'il est juste d'aider. C'est pour cela que la solidarité sera toujours supérieure à la charité, la charité n'aurait jamais crée la Sécurité Sociale pour tous mais des hospices pour quelque uns, pas l'école gratuite pour tous, mais des internats pour gentils orphelins, pas les retraites, etc etc... Et la charité n'est pas là pour Mayotte, seule la solidarité nationale sera mise à contribution. Et c'est à cause des oligarques philanthropes autoproclamés que la solidarité couine, leurs 100 milliards de fraude fiscale annuelle manquent terriblement.