Au IVe Siècle av. J.-C., Agathocle, tyran de Syracuse, décide d’envahir l’Afrique du Nord. Peu certain de l’enthousiasme de ses troupes et craignant qu’une défaite ne les conduise à se révolter contre lui, Agathocle a l’idée un peu étrange de faire mettre le feu à ses navires.
Impuissants, les soldats regardent brûler les vaisseaux dans lesquels ils ont été transportés depuis la Sicile. Dès lors, sans espoir de retour précoce, les voilà contraints à se battre avec l’énergie du désespoir.
Il leur faudra vaincre ou mourir.
Ce qu’ils feront peu après, permettant à Agathocle de conquérir Carthage et de prendre le titre de roi d’Afrique.
L’expression « brûler ses vaisseaux » sera désormais employée pour signifier que l’on s’interdit de revenir sur une résolution. En se mettant dans l’incapacité de revenir en arrière, de reculer, on se condamne à réussir.
Des siècles plus tard, Hernán Cortés aura recours à ce même stratagème pour venir à bout de l’empire aztèque.
Son escadre se compose de onze vaisseaux. Quatre grands, des petites caravelles et des brigantins non pontés. A leur bord, cent quarante marins, cinq cent cinquante-trois soldats, dont trente-deux arbalétriers, treize arquebusiers et deux cents indiens de Cuba pour les travaux domestiques.
Après un long voyage côtier, la petite armada débarque, le 21 avril 1519, sur une plage déserte et sablonneuse où s’élèvera plus tard l’importe ville de Vera-Cruz.
Cortés débarque avec ses hommes.
Les chefs locaux lui apprennent qu’ils ont en face d’eux Moctezuma, l’empereur aztèque à la tête d’un empire, qui est alors à son apogée, s’étendant sur plus de 200 000 km2 et comptant plus de 25 millions de sujets.
Cortés va alors faire un geste insensé : pour convaincre ses hommes de le suivre jusqu’au bout, le conquistador n’hésite à saborder ses vaisseaux, ne laissant qu’une misérable petite embarcation : « En ce qui me concerne, j’ai choisi. Je resterai ici, même si je dois y rester seul. S’il se trouve ici des lâches craignant de partager les dangers de notre glorieuse entreprise, au nom de Dieu, qu’ils retournent chez eux sur ce petit navire. Ils pourront raconter comment ils ont abandonné leur chef et leurs camarades et attendre patiemment le jour où nous reviendrons, chargés des dépouilles aztèques. »
Désormais aucun retour en arrière n’est possible : il faut vaincre ou mourir.
Et en effet, avec 500 hommes, 30 chevaux et 10 canons, Hernán Cortés parviendra à détruire, en moins de trois ans, un vaste empire vieux de plusieurs siècles et fort de dizaines de milliers de combattants.
Une victoire qui s’expliquera par un jeu subtil d’alliance avec des clans rivaux, mais aussi grâce à la présence de chevaux, animaux inconnus des Aztèques qui leur font assimiler les cavaliers espagnols à des Dieux. Ce qui fera dire à Cortès :
« Nous devons notre victoire à Dieu et à nos chevaux. »
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Journaliste
1 sem.Merci Agence des Pyrénées pour le partage !