A Rouen, une Université affaiblie dans une agglomération de moins en moins juste
L’Université de Rouen Normandie connaît une situation préoccupante à plusieurs titres.
Depuis une douzaine d’années, le budget de l’URN a augmenté de 17,5 % quand le nombre d’étudiants a grimpé de 30 %, passant de 24 000 à plus de 31 000 étudiants. Il en résulte une pression financière inévitable qui contribue à affaiblir les capacités d’enseignement et de recherche publics en Normandie. Pour faire face au déséquilibre croissant entre recettes et dépenses, divers expédients ont été utilisés :
- recourir massivement à des postes contractuels, à des vacataires notamment, très peu rémunérés et dont il n’est pas interdit de penser qu’ils dépassent 25 % des heures assurées dans de nombreuses formations : sans eux, l’Université ne pourrait plus assurer ses missions d’enseignement ;
- multiplier les trous dans les formations (certains avancent les chiffres invraisemblables de 20 à 30 % d’heures non assurées !) ;
- réduire chaque année le nombre d’enseignants-chercheurs, c’est-à-dire les spécialistes et scientifiques qui assurent la production, la transmission des savoirs les plus pointus et le rayonnement national et international de l’établissement.
Entre 2011 et 2021, plusieurs unités de formation et de recherche ont ainsi perdu des postes précieux :
Droit et économie : - 17 postes (-16% du personnel d’enseignement et de recherche)
Lettres et Sciences Humaines : -16 postes (-10%)
Inspe (métiers de l’enseignement) : - 10 postes (-16%)
Sciences et techniques : -15 postes (-6%)
A cela s’ajoute une baisse de plus de 6 % du personnel administratif et d’appui.
Il en découle une fragilisation et une dégradation des capacités hautement préjudiciables pour l’ESR normand.
Or, ces dernières années, sous-estimant sans doute l’ampleur de la pénurie de moyens dont souffre l’Université de Rouen, les pouvoirs publics ont multiplié les soutiens financiers à des établissements privés, dont les frais d’inscription s’échelonnent entre 5000 et 10000 euros/an) et qui se trouvent de fait réservés aux familles les plus aisées
Ce choix signifie une privatisation rampante de l’enseignement supérieur et la fragilisation d’une Université publique qui, elle, continue à accueillir des jeunes toujours plus nombreux, issus de tous les milieux sociaux, et à mener des recherches de niveau international dans des conditions toujours plus précaires.
Jusqu’à quand ?
La situation rouennaise n’est malheureusement pas isolée.