Quand l'argent et la science s'affrontent?
C’est sur cette accroche que BloombergNEF évoque l’enjeu du marché des crédits carbone. Selon leur étude, le marché pourrait passer de 2Mds$ actuellement à 1 000Mds$ d'ici à 2050 si les organismes de normalisation assouplissent certaines règles. Et c’est ce qui se joue derrière la crise de gouvernance qu’a traversée Science Based Targets initiative en avril lorsque
le label a évoqué la possibilité d'utiliser les crédits carbone pour atteindre les objectifs de réduction du scope 3 des entreprises.
C'est un sujet qui divise profondément -et plus que je ne le pensais - au sein des grandes entreprises !
Du côté des experts, on voit s’affronter ceux qui estiment qu’on ne devrait jamais les utiliser pour compenser les émissions d'une entreprise, car cela contribue au « business as usual », et que la durée de vie du CO2 est plus longue que celle de la plupart des projets, sans oublier les hypothèses complexes sous-jacentes pour valider qu’on compense bien 1t de façon permanente…De l’autre, ceux qui y voient un mécanisme essentiel pour le financement de projets durables en particulier dans les pays émergents qui manquent cruellement de financement, et avec des co-bénéfices biodiversité ou adaptation au changement climatique quand ils sont bien pensés dans les territoires où opèrent les entreprises.
Financial Wizardry anyone?
Alors que Philippe Zaouati évoquait récemment la sortie de notre période romantique voire naïve sur la finance durable, il ne faudrait pas que nous tombions dans les pires travers de la crise de 2008, avec une finance qui n’a plus aucun lien avec l’économie réelle. Et cette économie réelle, c’est aussi en 2023, pour la quatrième année consécutive, des pertes assurées dues aux catastrophes naturelles qui dépassent 100 milliards de dollars au niveau mondial selon Swiss Re.
Je vous invite à lire cette tribune de Carbone 4 qui pose clairement la racine du problème «science vs money ».