Post de Benoît Castanedo

Marseille : comment les données statistiques et de la recherche accompagnent une politique publique Les données ministérielles comme celles de la recherche sont sans appel : le système éducatif est inégalitaire et ségrégué et le fossé se creuse. Les IPS (Indices de Position Sociales) rendus publics, après un procès mené par un journaliste, permettent d’objectiver les écarts sociaux entre les établissements scolaires tout comme l’état de la mixité sociale. Ce projet avait été lancé sous le ministère de Najat Vallaud-Belkacem dans la foulée de la dernière grande réforme de l’éducation prioritaire datant de 2015. L’IPS est calculé selon les catégories socio-professionnelles des parents, qui on le sait, influent sur la réussite scolaire des enfants. Ces données confirment des écoles privées majoritairement plus favorisées tout comme une disparité entre établissements publics. La mixité est un enjeu social et politique majeur en termes de cohésion sociale : l’École n’est-elle pas le premier lieu de rencontre, la première expérience de collectif, de rencontre de l’autre au sortir de la famille ? Les études scientifiques et les expériences de terrain attestent des effets bénéfiques de la mixité sociale et scolaire sur les élèves. Dans quelles mesures, les politiques publiques prennent-elles en compte les données scientifiques, dans quelles mesures ces dernières les éclairent-elles ? A Paris, les IPS sont pris en compte dans l’affectation des élèves de 3eme en 2nde avec la platefecoleme Affelnet. Marseille introduit à son tour l’usage des données relatives à l’IPS pour accompagner une politique publique et moduler le barème du financement des moyens accordés aux écoles communales. Ces changements traduisent une volonté politique des collectivités en faveur des élèves les plus défavorisés et de plus de mixité… en attendant peut-être que l’État s’empare de cet enjeu de mixité à l’échelle nationale ? Benoît PAYAN Pierre Huguet Julien Grenet Mon article pour le Café pédagogique ➡

Est-ce que la question des besoins des élèves les plus fragiles sera dans les priorités du nouveau Ministère ? Le remboursement des frais de déplacement des enseignants spécialisés en aide rééducative-relationnelle et des personnels des RASED plus largement vient d’être revu à la baisse dans beaucoup de départements. Réduire de 40% ces remboursements revient à priver les écoles rurales de l’aide du RASED. Un nouveau coup dur est donné à notre profession et touche à l’éthique de notre métier. Il faudrait choisir les élèves à accompagner en fonction des kilomètres… Comment le pays des Lumières peut-il accepter cela ? Notre devise républicaine pose le terme d’EGALITÉ au cœur de sa devise. De quelle égalité parle-t-on lorsqu’on continue d’offrir une telle disparité de moyens sur le territoire ?

L'Apartheid scolaire socialement accepté. Alors qu’ils représentaient 26,4 % des élèves du privé en 2000, les enfants issus de familles très favorisées pèsent désormais pour plus de 40 % des effectifs et cette proportion est encore plus affolante au collège. Prolongeant cette tendance séparatiste et en se fondant sur les données on ne peut plus publiques et officielles d'Afflenet en 2023, on arrive à des collèges quasi intégralement ségrégué dans moins de dix ans... L'excuse invoquée par nombre de parents sur le niveau ne tient pas. Comme il est écrit noir sur blanc dans le dernier rapport PISA "à niveau social équivalent, les résultats sont meilleurs dans les établissements publics". Le niveau des établissements privés est artificiellement monté par une sélection sociale littéralement séparatiste. Et ce, contrairement aux idées reçues, quasi exclusivement sur fonds publics avec des subsides d'État à près de 75% mais aussi des aides facultatives folles de la part des collectivités territoriales. Au premier rang, la Région Ile de France de Valérie Pécresse avec qui a augmenté les au privé de 450 % entre 2016 et aujourd’hui, pour atteindre 10 millions d’euros programmés en 2024. Ça n'est plus une scolarité "à deux vitesses", mais à 200 ! Qui sur Linkedin a entendu parlé ou relayer la grève ultra légitime menée par les profs, en Seine Saint Denis ? Je dis ultra légitime car en moyenne, les élèves là bas qui arrivent au baccalauréat ont perdu une année de cours à cause des absences non remplacées... Un an ! A cause d'une paupérisation sans nom, bien sûr, mais surtout de priorités territoriales qui contredisent en tous points l'égalité républicaine dont nous nous rengorgeons si souvent... Interdire aux établissements privés sous financements publics de faire du séparatisme scolaire est une urgence vitale pour ne pas renforcer le destin au berceau auquel nous condamnons un nombre croissant de nos enfants. Et donner des moyens en fonction des besoins, là où les collectivités sont plus pauvres, où les parents n'ont pas les moyens de combler, ça devrait être l'évidence mais c'est l'inverse qui se produit puisque Stanislas et ses 92% de CSP++ touche bien plus de fonds publics que les collèges lycées du 93.

En ces temps de changements et de défis, je tiens à exprimer mon soutien indéfectible au système public, pilier fondamental de notre société. La force de notre communauté repose sur l'accès équitable à des services de qualité, tels que l'éducation, la santé, et les infrastructures sociales, qui sont garantis par notre engagement collectif envers le système public. Je crois fermement que c'est à travers le renforcement de ces services que nous pouvons construire une société plus juste, équitable et résiliente. Le système public incarne les valeurs de solidarité, d'entraide et d'égalité des chances pour tous, indépendamment de l'origine, du statut social ou des moyens financiers. Soutenir le système public, c'est investir dans l'avenir de notre communauté et dans le bien-être de chaque citoyen. C'est pourquoi je m'engage à défendre et à promouvoir les valeurs qui sont au cœur de notre système public, afin de veiller à ce que chacun puisse bénéficier des fondations solides nécessaires à l'épanouissement individuel et collectif. Ensemble, renforçons notre système public pour une société plus forte, inclusive et prospère. Je suis profondément déçue de la récente annonce du gouvernement concernant l'abandon du projet de construction d'une nouvelle école secondaire sur l'Île des Sœurs. Ce projet, attendu et soutenu par de nombreuses familles de notre communauté, représentait bien plus qu'une simple infrastructure éducative ; il incarnait l'espoir d'un avenir meilleur pour nos enfants et la promesse d'un accès facilité à une éducation de qualité au sein de notre île. La décision de ne pas poursuivre ce projet crucial nous laisse non seulement dans l'incertitude mais aussi dans une situation où les besoins fondamentaux de nos enfants en matière d'éducation et de développement sont mis en péril. La perspective de devoir envoyer nos enfants dans des établissements éloignés, aux capacités déjà saturées, soulève des inquiétudes légitimes quant à leur bien-être et à la qualité de leur parcours scolaire. Nous comprenons que les décisions gouvernementales sont complexes et multifactorielles, mais nous ne pouvons nous empêcher de ressentir un sentiment d'abandon face à ce qui semble être un manque de considération pour les besoins spécifiques de notre communauté. Nous appelons donc le gouvernement à reconsidérer sa position en faveur de la construction de cette école secondaire. Il s'agit d'une question de justice éducative, de développement communautaire et de respect des engagements pris envers les citoyens de l'Île des Sœurs. Voici une courte entrevue que j'ai effectué. https://lnkd.in/emJR2Cvq

CHOISIR L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR | L’automne s’est avéré chargé d’écueils majeurs pour le réseau collégial public. Plafond des dépenses, gel du recrutement, suspension du Programme de l’expérience québécoise: les cégeps sont plus que jamais ciblés par des mesures centralisatrices excessives. Le gouvernement doit recentrer ses choix autour de l’éducation, et surtout, de la population étudiante. Voici un éditorial éclairant pour bien cerner les enjeux contraignants auxquels sont confrontés les établissements collégiaux.

Alors que les groupes de niveaux et quelques expérimentations (l'uniforme et la pause numérique) font leur début, des thématiques structurelles inquiètent en cette rentrée 2024. #Societe #RentreeScolaire #Ecoles

En suivant les récents débats j'ai entendu beaucoup parler d'une chanson de rap, d'arrangements électoraux, de présupposés premiers ministres... mais très très peu d'enfance, d'éducation et de jeunesse ! VersLeHaut a épluché les programmes des trois principaux blocs en tâchant de garder une exigence de neutralité bien difficile à tenir dans des circonstances où les émotions prennent facilement le dessus. Ces programmes ne sont pas vides. Ils dessinent probablement en pointillé des visions de l'éducation qu'on aurait souhaité voir prendre vie dans la bouche de ceux qui les portent. En effet, ces mesures éparses peinent à dessiner la façon dont les offres politiques qui nous sont proposées envisagent l'éducation comme une matrice, un creuset de notre projet collectif. Quels modèles de réussite doivent façonner notre système éducatif ? Quel regard notre société porte-t-elle sur l'enfant, ses besoins, sa place ? Quelle relation voulons-nous avoir avec notre jeunesse ? Comment prendre soin d'éducateurs - parents, enseignants et tous les autres - qui expriment régulièrement leurs difficultés, leur désarroi parfois ? Dans une société qu'on nous présente comme profondément divisée, en déficit de destin commun, comment pouvons-nous encore nous accorder le luxe de mettre sous le tapis ces questions essentielles qui façonneront nécessairement notre avenir collectif ? Bref, cette occasion manquée nous rappelle qu'il est de notre responsabilité de continuer à animer le débat public autour des enjeux de l'enfance, de la jeunesse et de l'éducation ! https://lnkd.in/ecTrFSiY

Séminaire des Cités Éducatives du Nord et du Pas-de-Calais Virginie Lasserre, préfète pour l'égalité des chances, est intervenue au séminaire des Cités Éducatives organisé le mardi 2 avril 2024 par l'ANCTerritoires et la Direction générale de l'enseignement scolaire (DGESCO). Ce séminaire réunissant les 25 Cités Éducatives du Nord et du Pas de Calais a été l'occasion pour la préfète déléguée de rappeler les objectifs prioritaires : - la lutte contre le décrochage scolaire; - l'orientation scolaire ( avec des phénomènes d'auto censure forte dans certains territoires, notamment chez les jeunes filles). 1 méthode et 3 recommandations ont pu être rappelés : - ouverture systématique des comités de pilotage à la CAF, aux écoles primaires et secondaires ainsi qu' aux acteurs sociaux (centres sociaux...) - évaluer l'impact des cités notamment sur la performance scolaire ( des indicateurs seront proposés par la DSDEN et mes équipes ) - l'articulation avec les dispositifs nouveaux : ouverture des collèges 8h-18h, dispositif Tout Droit Ouvert, ... De plus, le cap défini par l’État dans un contexte budgétaire national sécurisé sur les 3 années a pu être rappelé avec un point de vigilance sur les tranches d'âge des 0-3 ans (lien des cités éducatives avec le plan des "1000 premiers jours" à consolider) et des 16-25 ans.

📚 La Conseillère d’Etat Anne Hiltpold revient dans Le Temps sur les enjeux en matière de politique de l’éducation : - Vous avez remis à l’ordre une école primaire qui voulait remplacer la Fête des mères par la «fête des gens qu’on aime» au nom de l’inclusion. Voulez-vous mettre un frein aux volontés militantes de certaines écoles ? "Oui, le militantisme n’a pas sa place à l’école. On peut prendre en compte des situations différentes mais on ne doit pas pour autant changer les normes qui s’appliquent à la majorité. Les enseignants savent déjà très bien gérer les situations individuelles." - Entre égalité des chances et excellence, il faut pourtant choisir, non ? "Est-ce que l’un empêche l’autre ? Ce qui est sûr, c’est que tous les élèves n’ont pas le même niveau. A Genève, on a tendance à vouloir s’occuper des plus faibles. C’est très bien, mais on doit aussi s’occuper des autres. Il faut commencer par admettre que le niveau moyen existe, ce que certains parents ont de la peine à réaliser. Et peut-être doit-on aussi réfléchir aux critères d’entrée au cycle comme au collège. Je rappelle qu’au cycle, 70% des élèves se retrouvent dans la filière la plus exigeante et 6% seulement dans le regroupement le plus faible." Entretien complet ➡️ https://bit.ly/3Quunyu

Notre pays a-t-il une politique d’éducation ? Cette légitime et incontournable question se pose après la succession de cinq ministres depuis le deuxième quinquennat d’un président revendiquant l’éducation comme son domaine réservé. Certains se plaisent à critiquer une institution à problème. Pour ce faire, ils discréditent le service public d’éducation en criblant de flèches assassines le «mammouth» figé dans l’immobilisme, coûteux, ingérable, responsable de l’échec et de la violence scolaires… Refrain bien connu que les plus malveillants sont les premiers à entonner, et à amplifier: cette école, fondée dans le sillage immédiat des institutions de la IIIe République par Jules Ferry, entre- autres, est aujourd’hui bien mal en point. L’observation, reconnaissons-le, n’a rien de neuf ni de révolutionnaire. Relisons ce bréviaire centenaire du 19 mars 1925 : « Où va l’école sans Dieu » pamphlet de l’Institut catholique de Paris. Les chapitres illustrent un contenu assassin : « La marche ascendante de la criminalité juvénile », « Décadence de l’enseignement public », « Les instituteurs, sans foi, sans famille et sans patrie », « La faillite de la morale laïque », « L’école unique », « L’élan de la France en faveur de l’enseignement religieux ». La critique, reconnaissons-le, n’a rien de neuf ni de révolutionnaire. L’école publique n’est, en effet, que diversité, patchwork démocratique de publics, de conditions de travail et d’environnements : quoi de commun entre une petite école de village en zone rurale et un collège en Seine-Saint-Denis, département à forte densité de population ? Inévitablement, les pratiques d’enseignement présentent elles aussi des visages très différents. Pour autant, il n’est pas question d’occulter ni de réduire les problèmes, bien réels, qui agitent l’École. Pas question non plus de minimiser les critiques de celles et ceux qui se dévouent pour améliorer l’École sur le terrain au contact éprouvant de publics d’élèves au comportement problématique, confrontés à des situations sociales d’exclusion qui portent en elles le conflit. L’avenir repose aussi sur la qualité de celles et de ceux qui, au-dehors, par leur travail de réflexion contribuent à l’élaboration de propositions visant à conforter l’École publique dans son indispensable mission d’éducation des citoyens en devenir. L’avenir de notre pays se fonde sur la qualité de cet enseignement et de l’investissement qu’il consacre à ce maillon essentiel de notre cohésion sociale. En l’absence de débat sur le devenir de l’École publique laïque, afin de lui faire prendre le chemin du progrès et du changement souhaité par tous les acteurs de l’éducation, les appels à sa privatisation sont en train de redessiner le paysage scolaire. Il en résulterait, finalement, la suppression du Service public d’éducation, mais encore une logique entrepreneuriale de formation exclusive du travailleur, entreprise dans laquelle l’École avec la République perdraient leur âme et leurs principes… EK