"Deux tiers des cancers ne s'expliquent pas avec les facteurs de risque habituels. Dans cette tribune, 1001 signataires soulignent l'urgence à prendre en compte les causes environnementales des cancers, à commencer par les centaines de milliers de substances chimiques présentes dans nos milieux de vie."
Terrestres.org, 11 juin 2024
"Les preuves scientifiques s’accumulent en faveur de liens entre l’exposition à des polluants présents dans l’environnement et la survenue des cancers.
Depuis les années 1970, le CIRC a évalué environ 1000 agents (produits chimiques, agents physiques et biologiques, facteurs comportementaux, expositions professionnelles) et en a classé 534 cancérogènes ou potentiellement cancérogènes pour l’être humain. Parmi ces agents, des perturbateurs endocriniens sont reconnus responsables de cancers hormono-dépendants : thyroïde, prostate, sein, ovaire, testicule. Sont incriminés ou suspectés dans la survenue du cancer du sein et dans l’agressivité des tumeurs, les pesticides organophosphorés et organochlorés, la pollution de l’air (particules fines, dioxyde d’azote, dioxines, PCB…) ou encore les composants du plastique (bisphénols, nanoparticules ). D’autres substances ont également un effet cancérogène établi ou suspecté sur des localisations non endocriniennes, comme dans la survenue de leucémies ou de lymphomes.
Mais si le caractère cancérogène de nombreux polluants est aujourd’hui un fait scientifique, il s’agit d’une goutte d’eau dans l’océan puisque les substances chimiques issues de nos sociétés hyper industrialisées se comptent en centaines de milliers, et seule une petite partie d’entre elles a fait l’objet d’une évaluation approfondie de leur toxicité. Les comportements des substances chimiques dans la chaîne du vivant (dont le corps humain…) sont très complexes, ce qui pose un défi pour la recherche scientifique : il s’agit d’étudier les multiples interactions entre substances (effets cocktail) et les expositions des individus tout au long de leur vie (concept d’exposome, introduit dans la réglementation française en 2016), et même sur plusieurs générations. Il a en effet été prouvé que l’exposition des femmes au DDT — un pesticide massivement utilisé dans les sociétés d’après-guerre — augmentait le risque de cancer du sein de la génération suivante. Ainsi pour certains auteurs, le cancer du sein des femmes de mon âge n’est autre que le cancer des filles des femmes de la génération du baby-boom."
Julien Boé Yves Stébé
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