💡"Le rapport sur la décentralisation d’Eric Woerth propose de rétablir le cumul des mandats"
Sommes-nous sortis de l'auberge espagnol ? En tout les cas, ça n'est pas le Rapport Woerth qui nous en sortira.
Il est indéniable que les lois sur le non-cumul des mandats du 14 février 2014 ont créé et installé un fossé béant entre les élus nationaux, pris dans un rôle surplombant mais vide de sens concret, et les enjeux terroriaux, bien présent, vivant et en attente de volontés politiques fortes. Sans leur dénier leurs louables intentions, l'on peut au moins situer autour des dates d'entrée en vigueur de ces deux textes, l'accélération de la déliquescence de l'activité politique en France. Les Gouvernements successifs ont été naifs de croire qu'en multipliant les instances de concertation nationales où siegeraient les élus locaux, ils parviendraient à atrophier les effets indésirables de cette séparation brutale entre les fonctions représentatives nationales et locales.
Le procès en "déconnexion du réel " instruit par les élus locaux à l'endroit du président de la République et de sa majorité dès 2018, était en réalité déjà, les premiers symptômes de la cassure que la loi de 2014 venait d'opérer sur la dimension projetée du rôle d'élu local au sein des instances de délibérations nationales. Cette situation aurait dû tirer toutes les alarmes alors même que seulement quelques mois auparavant, les lois du 17 mai 2013 enterraient définitivement le "Conseiller territorial " idée géniale du comité Balladur.
La proposition de la commission Woerth vient seulement nous rappeler que, comme toujours, l'action publique, lorsqu'il s'agit de décentralisation, semble condamnée aux éternels recommencements. Il me semble cependant suspect que cette proposition de la commission Woerth de possiblement revenir sur l'interdiction du non-cumul des mandats, tombe quelques jours seulement après que les chiffres sur la gabegie budgetaire du mille-feuille territorial aient été rendus public. Franchement, comment accueillir l'idée d'un pareil revirement sans entretenir immédiatement et pour un instant, un regard pensif ?
Ce serait là une autre naïveté que de croire que ce retour prodigue au cumul des mandats, jouera la panacée pour résorber la crise des finances publiques territoriales, ou même celle qui traverse la métier et la vocation d'élu local. Ce qui aujourd'hui constitue l'urgence, c'est le rôle même et le statut d'élu local, qui doivent être repensés. (voir les propositions du groupe de travail du Sénat sur la décentralisation, du le 06 juillet 2023).
#Territoires, #Décentralisation #RapportWoerth