Post de Cédric Vallet

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✍️ Rédacteur | Prête-plume | Auteur indépendant | Auto-édition 📚

Depuis quelques années, les sports professionnels tendent à éclipser de leurs palmarès les champions romantiques du passé. À force de préparations optimisées, d’un culte de l’hyper-performance et d’une montée générale des niveaux, les vainqueurs d’aujourd’hui le doivent beaucoup moins à leur instinct qu’à leur inlassable besogne, à leurs calculs stratégiques et à la rigueur de leur exécution technique. On perd en spontanéité et croyons parfois voir le triomphe d'athlètes robotiques sur nos écrans. Cette impression mécaniste est en tout cas observable dans les deux sports que j’ai le plus de plaisir à suivre : le rugby et le cyclisme sur route. Pourtant, le week-end dernier, deux victoires ont bousculé la donne. Samedi, Tadej Pogačar a remporté les Strade Bianche, sa course de reprise, au terme d’une attaque en solitaire de plus de 80 kilomètres (!) Un ton au-dessus du reste de ses concurrents, le champion slovène a encore fait montre de son panache en allant au bout de ses convictions offensives. S’il souhaitait durcir la course dans le Monte Sante Marie, il assuma ensuite sa chevauchée lorsqu’il ne trouva personne en mesure de le suivre. Esseulé sur le dernier tiers de l’exigeante course toscane, il franchit la ligne d’arrivée avec près de 3 impressionnantes minutes d’avance sur le reste du podium. De bon augure à 15 jours du Milan-San Remo, l’un des 2 monuments (avec Paris-Roubaix) qu’il lui reste à emporter et alors qu’il disputera son premier Giro en mai. Dans la nuit de dimanche à lundi, c’est l’équipe de France masculine de rugby à 7 qui a remporté le Tournoi de Los Angeles avec la contribution remarquée de la star du XV, Antoine Dupont. Premier succès tricolore sur le circuit mondial depuis la victoire au Tournoi de Paris en 2005 (un certain Vincent Clerc était alors présent dans l’effectif), cette performance s’inscrit dans le sillage de la belle troisième place obtenue la semaine précédente à Vancouver. Si la focalisation sur Dupont est facile et répétée, elle a toutefois le mérite de montrer comment l’apport d’un élément hétéroclite dans un collectif peut permettre à celui-ci de franchir un cap de progression. On imagine aussi combien cette parenthèse peut être bénéfique pour le principal intéressé. En changeant d’air après la frustration que lui laissa l’élimination prématurée de la dernière coupe du monde, notre stadiste s’est indéniablement ressourcé. Forte de ces performances, l’équipe toute entière peut regarder son objectif olympique avec plus d’allant et de confiance. Si on retrouve derrière ces victoires deux figures très représentatives du sport hyper-performant à l’ordinaire, force est de constater que les deux champions ont touché à l’excellence en sortant avec panache de leur zone de confort. De là à dire que l’on peut encore rêver de voir l’audace et l'irrationnel être récompensés jusque dans les secteurs les plus compétitifs, il n’y a qu’un pas que le romantique en moi souhaiterait pouvoir franchir…

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