Il n’y a pas de grandes chanteuses, c’est ce que doivent penser, en tout cas, les éditions PLAYBAC PRESSE
Ce week-end, je regarde un livre musical qu’on nous a offert, tiré de l’une de leur collection, avec ma fille de 16 mois : « Mon premier Renaud ». Jusque-là, aucun problème. Puis je regarde la quatrième de couverture et je vois « Dans la même collection » : Brassens, Gainsbourg, Johnny, Aznavour, Trenet. Pas une seule femme. Je me rends donc sur leur site internet pour en avoir le cœur net.
Sur les 38 livres de la collection, PLAYBAC PRESSE considèrent donc qu’il n’y a que 4 chanteuses qui valent la peine d'avoir leur livre, contre 29 chanteurs (le delta étant constitué de livres de playlists). Et c’est un GROS problème.
Pourquoi ? Cela invisibilise les artistes féminines et c’est un enjeu majeur pour l’égalité hommes/femmes. C’est une collection dédiée aux enfants, et on leur inculque que les grands artistes sont quasiment tous des hommes.
1) Pour nos filles, il leur est impossible de se projeter et de s’identifier à des artistes féminines.
2) On leur inculque que ceux qui en valent la peine sont des hommes.
3) Pour nos garçons, on leur inculque que l’art féminin est anecdotique.
Nous sommes en 2024, et on en est encore là. Cela me rappelle une discussion lors de la dernière AG Elles sont food !, où l’on parlait d’un événement où les personnes invitées à prendre la parole étaient exclusivement des hommes. Comme si les femmes n’existaient pas en restauration (valable dans plein d’autres domaines), ou (pire) que leur expertise n’était pas valable. La réponse des organisateurs : « Les femmes sont moins connues, cela ne fait pas venir. » Ou le serpent qui se mord la queue…
Le problème est global : partout les femmes sont moins représentées, écoutées, publiées. Leur parole n’est pas crédible. Saviez-vous ainsi qu’entre 1901 et 2019 il y a eu 900 prix Nobels, mais seulement 53 ont été reçus par des femmes. Et que la première femme à l’avoir reçu, Marie Curie, ne se l’ait vu attribuer que parce que son mari Pierre a menacé de refuser le sien, car c’était bien ses idées à elle qui avaient mené aux découvertes. Dans une étude publiée dans la revue Nature (2022) il est prouvé qu’une femme à 13% de chances de moins qu’un homme d’être nommée dans un article scientifique, chiffre qui monte à 58% pour un brevet (alors qu’elle y a contribué).
Il est temps de faire changer tout ça et de redonner leur place aux femmes. Heureusement, il existe aussi des maisons d’édition qui font bien les choses, et je vous invite à découvrir la collection « Petites et Grandes » aux éditions Kimane (qui existe aussi pour les garçons), ou encore le podcast Nouvelles Héroines de Céline Steyer 🎤. Car il est aujourd’hui essentiel de montrer la voie aux femmes de demain, et leur prouver qu’elles peuvent tout faire et qu’elles aussi, elles ont le droit de rêver.
Et vous, avez-vous des conseils de lecture qui valorisent les femmes et leur redonnent leur place ?