Les caves rémoises de Veuve Clicquot, inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco, abritent un savoir-faire ancestral où les "remueurs" perfectionnent depuis quarante ans les méthodes traditionnelles de manipulation des célèbres champagnes de la maison, qui existe depuis plus de 250 ans.
Ce geste précis, réservé aux cuvées de prestige, illustre la complexité de certains métiers de niche dans l'artisanat et le luxe, secteurs qui nécessitent une décennie pour transmettre pleinement les compétences aux nouvelles générations.
Le besoin en main-d'œuvre qualifiée est criant dans ces secteurs variés, englobant la mode, la joaillerie, l'horlogerie, la cristallerie et bien d'autres.
Le Comité Colbert estime à environ 20 000 le nombre de personnes nécessaires pour répondre à la demande.
Jean-François Girardin, président des Meilleurs Ouvriers de France, souligne une hausse de 20% des participants aux concours de l'organisation, bien que beaucoup abandonnent, faute de débouchés ou de clarté dans leurs objectifs professionnels.
Face à cette réalité, des géants comme LVMH prennent des mesures proactives.
Alexandre BOQUEL, directeur des métiers d’excellence chez LVMH, explique que l'entreprise ne peut plus se permettre d'attendre passivement que les artisans viennent à eux, surtout avec des marques en croissance rapide comme Louis Vuitton.
Cela a mené à la création d'un pôle dédié il y a dix ans, rassemblant 4 000 artisans à travers le monde.
Plus récemment, LVMH a inauguré la maison des métiers d’excellence à Paris pour mieux informer sur ces carrières.
D'autres, comme Hermès, développent des formations internes pour soutenir leur expansion, tandis que des institutions plus modestes comme le Mobilier National peinent avec des contraintes budgétaires, notant une fluctuation des carrières de leurs artisans, comme l'indique son président Hervé Lemoine.
L'attractivité de ces métiers est également renforcée par des initiatives de sensibilisation.
Gabrielle Légeret, à travers son association De l’or dans les mains, intervient dans les écoles pour inspirer les jeunes.
Luc Lesénécal, président de Saint-James, partage que l'ouverture de leur atelier au public, initialement une démarche marketing, s'est transformée en un outil efficace de recrutement et de promotion des carrières dans l'artisanat.
Le Comité Colbert utilise les réseaux sociaux, notamment TikTok, pour atteindre les jeunes, avec des campagnes qui ont généré plus de 500 millions de vues en un an. Toutefois,
Alexandre Boquel de LVMH met en garde contre la surenchère dans la promotion de ces métiers, soulignant la nécessité de présenter une image réaliste de l'effort requis, en plus de l'attrait pour la beauté du produit fini.