✍️ UN OPÉRA SUR LA DÉCHÉANCE DES ÉLITES
Opéra Bastille : The Exterminating Angel, de Thomas Adès, mise en scène par Calixto Bieito, avec Jacquelyn Stucker, Gloria Tonal, Hilary Summers, Nicky Spence, Frédéric Antoun… 2 heures sans entracte, les 26 (avant-première jeunes), 29 février, 3, 6, 9, 13, 17, 23 mars (vu à la pré-générale du 24 février)
#TheExterminatingAngel
On a pu entendre le compositeur anglais Thomas Adès (né en 1971) l’année dernière à Garnier pour ballet Dante Project (cf mon post du 30 avril 2023), le revoici à Bastille pour un opéra créé en 2016 à Salzbourg. C’est l’un des compositeurs les plus fascinants d’aujourd’hui, dont l’écriture est à la fois moderne et accessible. À connaître absolument.
The Exterminating Angel est inspiré du film surréaliste éponyme de Luis Bunuel en 1962 : dans un dîner entre amis de la haute société, une force mystérieuse empêche les douze convives de quitter la réception. Dans ce confinement sans raison apparente, qui s’étire sur plusieurs jours, le vernis des convenances craque, révélant progressivement le pire de la nature humaine.
Voici un opéra sur la déchéance des élites, qui prend une saveur particulière à la lumière des révélations récentes, comme l’affaire Epstein, les mensonges lors des confinements (Boris Johnson), l’hypocrisie du Forum de Davos (la sobriété pour les gueux, les avions privés pour nous), etc. Ils profèrent des paroles religieuses à la fin, seront-ils sauvés ?
Cette déchéance progressive forme un spectacle prenant, très bien réglé par le metteur en scène Calixto Bieito et avec des chanteurs-acteurs tous excellents. Sans temps mort, la musique captive, se métamorphose en permanence, une vraie réussite. On note la présence d’une onde Martenot qui rajoute une coloration électronique.
Bon plan : il reste de nombreuses places, y compris à bon marché, on en profitera.
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