Nous entrons dans la génération des boulangers désenchantés.
Coucou, moi c'est Mylène 🤣
On leur avait fait de belles promesses : en allant chercher de la croissance, ils pourraient prendre de la hauteur, se détacher de la production, devenir des "entrepreneurs" et, à la fin, toucher un beau chèque grâce à une valorisation alignée sur le chiffre d'affaires.
La fable était jolie, mais elle n'était qu'une fable. En grandissant, beaucoup se sont retrouvés à passer plus de temps à gérer les problèmes, à pallier aux absences, qu'à faire leur métier. En bref, de boulanger ils sont devenus pompiers. 🧑🚒 Sauf que faute d'avoir les équipements adaptés, les incendies ont pris de l'ampleur, tout autant que leur mal-être. Pour les aider à traverser ces périodes difficiles, de brillants partenaires de la filière les ont alors encouragés à enfoncer le clou, à ouvrir de nouvelles boutiques voire à bâtir des réseaux et enseignes.
Dans un marché toujours plus polarisé tel que celui de la boulangerie, il faut bien se rendre compte qu'atteindre les sommets n'est pas chose aisée (on aimerait bien être comme Inoxtag et gravir l'Everest en un an ⛰️, mais nous sommes juste des anonymes). Quand bien même elles nous font rêver, on ne se rend pas compte du caractère inhospitalier de ces hauteurs, et de l'oxygène qui finit rapidement par manquer. Si cette sensation peut être grisante, elle ne permet pas de réaliser des choix éclairés.
Parmi ces fameux boulangers désenchantés, certains vont alors prendre le parti d'adopter une démarche empreinte de radicalité, bâtissant alors une très petite structure, où ils se trouvent déchargés d'éléments tels que la gestion du personnel. Là encore, les places sont chères : ce segment de marché, qui cible un public d'amateurs, a un potentiel de développement limité - y compris dans les grandes villes. Je lis cependant que cela en fait désormais rêver plus d'un, puisque la prise de conscience de l'impasse du "modèle" (liée à des raisons endogènes et exogènes), vendu à l'essentiel des artisans, se répand.
Dans un monde où tout est chaos (décidément, Mylène, quelle visionnaire), la filière aurait tout intérêt à faire évoluer son approche, tout d'abord en renonçant à ses rêves de grandeur et à l'espoir de la culbute. En bref, en faire moins mais mieux, avec une exploitation rentable, tout en restant connectés avec les nouvelles attentes des consommateurs et en refusant l'uniformité. A défaut d'avancer rapidement sur cette voie, nos pauvres boulangers pourront toujours chercher une âme pouvant les aider... pas sûr que la musique qui en ressorte soit bien harmonieuse.
Administrative Office Manager chez Africa Bright
1 moisRéellement ingénieux !