Fermeture de deux usines Michelin. Le jeu de massacre se poursuit dans l’industrie automobile. Hier, a été annoncée la terrible nouvelle de la fermeture de deux usines Michelin. Pour les salariés des sites, évidemment, c’est la douche froide. Ils expriment leur colère, leur immense déception face à ce qu’ils vivent comme une trahison. On les comprend. À Paris, le gouvernement s’indigne. Le gouvernement demande des comptes. On voit réapparaître les postures du maître d’école qui fait la leçon à l’élève qui aurait triché. « Qu’ont-ils fait de l’argent public ? », demande le Premier ministre. Bonne question. Mais ce réquisitoire agacé masque mal la responsabilité des décideurs politiques dans cette affaire. Surtout quand ils ont travaillé pour l'Union Européenne. Car ce sont eux qui, pris dans l’absurde mécanisme de fixation des prix énergétiques européens, ont refusé d’en sortir quand ils se sont envolés. Ils auraient pu ainsi assurer à nos industriels un avantage compétitif dont ils ont cruellement besoin. Cette décision, ainsi que celle menant à l'interdiction des moteurs thermiques, a plongé notre industrie automobile dans une crise profonde. Le secteur a déjà perdu 50 000 emplois. Comme d’habitude, tout partait d’un bon sentiment. Nos décideurs se sont même félicités après avoir voté l’interdiction des moteurs thermiques. Rappelez-vous, ils étaient fiers d’annoncer que « l’Europe prenait la tête de la #décarbonation des transports ». On va voir, dans les mois qui viennent les conséquences sociales de leur démagogie. Des milliers de sous-traitants du secteur automobile réduisent leurs cadences, taillent dans leurs équipes… Certains, les grands, commencent à fermer des sites. D’autres, plus petits, ferment leur entreprise. Aux FFI, on enrage. Nous clamons depuis le début de la crise ukrainienne que les industriels ne résisteront pas longtemps à l’écart des coûts énergétiques qui existent entre l’Europe et les USA. Entre l’Europe et la Chine. Et le Premier ministre nous parle de l’utilisation de l’argent public ? Mais quand nos politiques comprendront-ils qu’on ne peut pas compenser un système administratif et social kafkaïen et coûteux par des subventions momentanées ? Il faut restaurer la compétitivité française et européenne par une réforme en profondeur de notre système. Sinon, le jeu de massacre se poursuivra. Dans l’automobile et ailleurs. Il est tout à fait possible de faire converger décarbonation, progrès social et croissance économique. Mais cela demande autre chose que des décisions dogmatiques prises à l’emporte-pièce, sans étude d’impact et contre l’avis des industriels du secteur. Depuis des mois, et pour encore beaucoup d’autres, ce sont les ouvriers, les travailleurs de nos plus belles unités de production qui vont payer de leur travail, de leur fierté, les postures idéologiques et le manque de courage de ceux qui nous représentent. Quelle tristesse. Quelle honte. Par Laurent Moisson Gilles ATTAF
la fin des véhicules thermiques ne devrait pas du déboucher sur la fin des pneus. Les VE utilisent de pneus spécifiques que Michelin a su développer assez vite. Et en plus, on les use plus vite. Mais vous avez raison de dire que la désindustrialisation, la compétitivité, l'innovation n'ont pas été au rdv. Mais lorsqu'on passe son temps a essayer de détruire un des plus fameux constructeur de VE outre atlantique, on oublie qu'on ferait mieux d'en faire autant. Les chinois l'ont compris, pas nous. Il va peut être falloir que nos politiques rendent des comptes car ils sont responsables de cette politique anti VE, Pro Ouïgours (dont on ne parle plus), Anti Congo et Cobalt (on ne sait pas non plus si les 45 000 enfants continuent a ramasser ce minerai a la main). Nos élites ne sont pas des incompétents techniques, industriels et économiques, cqfd.
Je ne comprends pas pourquoi vous semblez vouloir conforter le monde automobile européen dans son passé thermique. Vous semblez avoir de l'influence pour parler réindustrialisation et préparer le futur. Donc plutôt que de relayer des lieux communs anti-VE et ne parler que des grosses boîtes (qui en ont vu d'autres et, pour les plus prévoyantes, anticipent ou font le dos rond), pourquoi ne pas mettre en avant les multiples initiatives françaises de nouvelles mobilités centrées sur le VE et les promouvoir face aux mastodontes chinois ? A votre disposition pour en discuter car la réindustrialisation dans l'Allier où je travaille est en grande partie liée au VE et aux renouvelables (mine de lithium, méthanisation, etc.) et fait face à certaines oppositions.
Il est facile d’accuser les dirigeants politiques français ou européens (que par ailleurs je trouve également incompétents mais pour d’autres raisons) ou les Chinois. A mon sens la profession de l’automobile en France est très largement responsable de ce qui arrive aujourd’hui. Longtemps climatosceptiques, les représentants de l’automobile en France n’ont pas pris le virage des nouvelles mobilités à temps. Ils n’ont pas fait le bon lobbying auprès des représentants politiques. Et du coup nous sommes tous allés dans la mauvaise direction. Et quand je vois que vous appelez encore à une «croissance verte » alors qu’il est démontré que le découplage croissance/émissions n’existe pas, je constate que vous n’avez toujours pas pris conscience du problème. Et.comment résoudre un problème que l’on ne comprend pas ?
Le raisonnement que vous tenez là est typique de ce qu’on entend dans le monde automobile français : tous les problèmes des industriels viennent de la décision d’interdire les véhicules thermiques en 2035. Ce qui est faux évidemment. Et malheureusement avec ce type de raisonnement erroné on ne s’attaque pas au vrais sujets. 1/ La production européenne a baissé en 2024 et cela va continuer car nous sommes sous contraintes d’approvisionnement en énergie et en matières. Rien à voir avec les véhicules électriques 2/ Elle baissera aussi car les ventes de voitures en Europe (15% du marché mondial) ont baissé et vont continuer de baisser pour des questions de pouvoir d’achat et de contraintes environnementales. Rien à voir avec les véhicules électriques 3/ Dans un marché en baisse les industriels adaptent leurs outils de production. Toujours pas de lien avec les VE 4/ Quoi qu’il en soit une grande part du business de Michelin n’est pas en première monte 5/ Les véhicules chinois arrivant avec leurs pneus sont ultra minoritaires aujourd’hui A force de tenir ce genre de discours, nous n’avons pas pris le virage de l’électrique (la moins mauvaise des solutions pour la mobilité). Et du coup nous avons 10 ans de retard.
Bizarre. Le nombre de km parcourus en France ne diminue pas. VE ou pas. Donc le même tonnage de gomme s'use... Sinon vous êtes en train de nous expliquer que les VE roulent sur la jante... Ça devrait s'entendre.. Conclusion Michelin ne ferme pas deux usines à cause de la VE. Vous allez devoir gratter un peu plus sérieusement pour trouver d'autres raisons.
Gilles ATTAF Forces Françaises de l'Industrie pouvez-vous expliquer par quel raisonnement vous attribuez la (dramatique) fermeture de 2 usines de PNEUMATIQUES à la décarbonation des véhicules particuliers à l’horizon 2035 ?
Oui ce n’est pas la faute de Michelin qui doit rester compétitif pour assurer la pérennité du groupe. C’est le propre d’une entreprise ! Une entreprise doit gagner de l’argent pour se développer et donc embaucher des salariés. Et faire vivre son eco-système. On ne le répétera jamais assez ! Nos politiques font de la démagogie et oublient ce principe de base. S’ils avaient ce Post-It de coller sur leur écran d’ordi, devant les yeux en permanence, ils arrêteraient de pondre des âneries qui nous mettent des bâtons dans les roues en permanence et nous obligent à prendre ces mesures radicales que l’on détestent prendre ! Dans l’histoire, ce ne sont pas les politiques qui ont créé une seule fois des emplois !
Il faut avoir vécu une fermeture d'usine, j'ai eu cette expérience, moulinage du Pont en 2014, j'en étais le directeur, pour comprendre ce que cela signifie. Le 22/11 de cette année, comme presque chaque année j'irai manger avec mes anciens collaborateurs, a qui j'ai demandé tant d'efforts pour finir chez pôle emploi. Il faut avoir vécu le déménagement des machines, la fermeture de la porte une dernière fois après 24 ans dans l'usine ou vous êtes en photo à 1 an, il m'arrive de passer devant les bâtiments, et je ressent toujours le regret de ne pas avoir racheté en 2012 quand mon patron un vrai industriel me le proposait, avant de prendre sa retraite, bien mérité, finalement ce sont des financiers qui ont racheté, six mois après je savais déjà et lui aussi que c'était finis, nous avons tenu 2 ans grace au personnel , nous avons réalisé tous les prévisionnels et pourtant. Il faut reporter le financement de nos régimes sociaux sur la TVA afin que les importateurs payent et payent plus que les fabricants. Il est grand temps d'arrêter l'arenh et de permettre à EDF de fournir à bon prix d'abord nos industries. Le nucléaire le permet il est une chance, dans la situation actuelle, ç'est l'une des dernières. Bon w.e à tous
Je vous rejoins sur le constat en revanche il faut également sortir du discours de plainte non constructif et commencer à pousser la mise en avant de mesures simples qui doivent être mises sur la table du débat politique notamment 1- appel d'offres marchés publics reservés aux entreprises françaises ou européenne 2- sortir du marché européen de l'électricité et redevenir le pays où l'énergie est la moins chère avec notre parc nucléaire 3- fiscalité d'exit tax lourde pour tout sortie d'industrie du territoire 4- exonération fiscale pour tout nouveau projet industriel pendant 5 ans 6- plan quinquennal industriel sur le même modèle que la Chine ou la Russie ou l'Inde avec aides et subventions
Écoutez les arguments de Michelin plus que de chercher des attaques -Énergie trop chère en France comparée à d’autres le nucléaire n’est pas destiné en priorité à l’industrie - Impots et charges de productions trop élevées comparées même à l’Allemagne x5 - charges sociales trop élevées C’est notre modèle qui est en péril car trop d’Etat tue l’industrie La CGT demande un moratoire comme si cela arrangeait les choses Nos députés alourdissent encore le modèle Que veulent ils vraiment ? Le protectionnisme américain cumule à celui de la Chine vont encore accroître les difficultés