UN RENIEMENT HISTORIQUE
(Extrait de la tribune en pj)
La culture, qui "domine tout" est une "condition sine qua non de notre civilisation" disait le général de Gaulle alors qu’il inaugurait la maison de la culture de Bourges en 1965.
« Un monopole intouchable d’associations très politisées qui vivent d’argent public » commente à son tour C. Morançais, Présidente du Conseil régional des Pays de la Loire, pour répondre à ceux qui lui reprochent sa décision de réduire drastiquement les aides aux associations culturelles dans le cadre de l’effort budgétaire demandé aux collectivités.
Voilà quelques jours en effet que le secteur associatif ligérien a appris qu’une part substantielle des économies sera réalisée par la réduction ou la suppression des aides qu’il lui était jusque-là allouées par la Région. Dans le secteur culturel, les coupes pourraient ainsi atteindre 73 % en 2025.
Interpellée sur sa décision, Christelle Morançais porte alors le débat au-delà des seules contraintes budgétaires : « Quelle est la pérennité d’un système qui, pour exister, est à ce point dépendant de l’argent public ? N’est-ce pas la preuve que notre modèle culturel doit d’urgence se réinventer ? ». Ainsi, la pertinence d’un projet culturel devrait reposer sur sa rentabilité économique ? À moins que, comme en région AURA, le choix de priver la culture mais aussi l’écologie, la jeunesse et le social de leurs financements publics ne procède pas seulement d’une injonction budgétaire mais aussi de l’occasion offerte de soumettre le milieu associatif aux nouvelles normes sociétales qui placent la réussite individuelle, la performance économique et le désir d’ordre avant l’intérêt général, la redistribution et l’inclusion sociétale ?
Feu, donc l'héritage d’A. Malraux pour qui la culture était un outil d’émancipation et de cohésion nationale justifiant ainsi que la puissance publique soutienne la création artistique, la préservation du patrimoine et l’accès à la culture ?
Reléguée, la pensée de G. Pompidou qui considérait la culture comme un levier pour inscrire la France dans la modernité et selon qui, en ce domaine, les finances publiques avaient une obligation de moyens et non de résultats ?
Oubliée, celle de J. Chirac qui considérait que “L’État est un rempart nécessaire pour éviter une culture uniformisée et soumise aux réalités économiques” ?
Autant d'exemples qui viennent rappeler que la culture subventionnée n’est pas un pré carré de la gauche mais bien une manière de défendre ce qui, selon Malraux, « fait de l’Homme autre chose qu’un accident de l’univers ».
Alors puisse le Conseil régional ligérien renouer avec l’histoire singulière de la Culture dans notre pays. Se rappeler que les réseaux associatifs participent du dynamisme et de l’attractivité des territoires. Et peut-être surtout que c’est au moment précis où la pression économique fragilise le lien social que la culture doit être soutenue. Désormais, c’est notre démocratie qui en dépend.