Post de Jérôme Grivet

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Directeur général délégué Groupe Crédit Agricole

Christian Noyer vient de présenter ses propositions pour une Union de l’Epargne et de l’Investissement. C’est une très bonne initiative, car la situation européenne est préoccupante à cet égard. Comme le souligne son rapport, les besoins d’investissement de l’Europe sont massifs pour rattraper son décrochage économique par rapport aux Etats-Unis et pour financer les besoins énormes de la transition écologique et digitale ainsi que de la défense. Or l’épargne européenne est mal utilisée, une partie est exportée vers le reste du monde, le reste est mal alloué : « Cette mauvaise allocation procède des produits d’épargne et de leur cadre fiscal, qui décourage trop souvent l’investissement à long terme ». Ainsi, l’épargne règlementée en France cumule des caractéristiques normalement incompatibles dans un même produit : il s’agit en effet d’un placement à la fois liquide et sûr, bénéficiant d’un rendement élevé et d’une fiscalité avantageuse. Via la centralisation à la Caisse des Dépôts d’une fraction de ce qui est collecté par les banques, elle provoque également des fuites de liquidités hors du système bancaire, alors que l’absence de schémas de titrisation impose aux banques françaises de mobiliser beaucoup de collecte pour financer leurs clients. Sans bien sûr remettre en question l’aspect protecteur du modèle français de banque universelle pour les particuliers, il est donc indispensable de développer les produits d’épargne à long terme, en particulier investis en actions, afin de financer les investissements de long terme des entreprises. Cela nécessite un traitement fiscal avantageux en contrepartie d’une plus grande prise de risque. En parallèle, relancer le marché européen de la titrisation permettrait de développer des relais du financement bancaire, de plus en plus contraint par la règlementation. A cet égard, le cadre prudentiel des banques et des assurances devra être revu pour réduire les freins à la titrisation, mais aussi aux investissements en actions. Il faut agir vite, car le retard de l’Europe devient criant. On constate en effet un recul global de sa compétitivité et tout particulièrement en matière de services financiers où ses parts du marché mondial ont été pratiquement divisées par deux au cours des quinze dernières années, dans tous les domaines. https://lnkd.in/dTEkUZJE #Banque #Finance #Epargne

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Pascal Poupelle

Isos Finance - Chairman and CEO

7 mois

Tout cela est très juste, cher Jérôme Grivet, et ne date pas d’hier. Après la chute de Lehman en 2008 et le choc de liquidité inouï subi par le système financier mondial, le régulateur US à vivement réagi (Volker rule, etc…), mais en realité fugitivement : les contraintes sur les banques US ont été dans les faits assez rapidement relâchées, tandis que l’Europe a considérablement et durablement alourdi les astreintes prudentielles pesant sur ses banques. Sur ce sujet comme sur d’autres, notre Europe a été quelque peu angélique et naïve. Il y a de la marge pour réagir…

Merci, cher Jérôme, pour ces observations que je soutiens pleinement : 1. L'économie européenne, y compris celle de la France, possède une masse économique presque équivalente à celle des États-Unis mais manque de dynamisme en matière d'innovation. En effet, le nombre de brevets déposés dans le secteur des technologies de l'information et de la communication est presque deux fois plus élevé aux États-Unis qu'en Europe. 2.L'Europe est aussi en retard en termes d'adoption des nouvelles technologies, particulièrement parmi les PME, ce qui limite la croissance de la productivité globale des facteurs. 3. La transformation numérique et l'intelligence artificielle sont présentées comme des domaines clés où l'Europe doit rattraper son retard. L'Europe doit non seulement réguler mais aussi soutenir une innovation "responsable" pour ne pas rester à la traîne par rapport aux États-Unis et à la Chine.

Patrick HERTER

Je conçois des solutions technologiques et méthodologiques pour optimiser la performance des investissements financiers en maîtrise continue de leurs risques. Activités de conseils en B2B et B2B2C.

7 mois

Pour déplacer le modèle français vers le modèle anglo-saxon sans révolte, il faudra commencer par l'améliorer dans sa capacité à optimiser la performance de l'épargne financière par la maîtrise continue des risques de marchés. Il en est loin... Mais je peux vous y aider 😉

Emmanuelle Trochu

Head of Global Coverage for SSA, Central Banks and Sovereign Wealth Funds at CA-CIB

7 mois

Thank you Jérôme for these insightful explanations. This report is definitely worth reading, on top of Enrico Letta s recent report “Much more than a market” Enrico Letta - Much more than a market (April 2024) (europa.eu) and as a complement to recent speeches by François Villeroy de Galhau also calling for a rapid completion of #CAPITALMARKETUNION. https://www.banque-france.fr/fr/interventions-gouverneur/capital-markets-union-genuine-financing-union-transition 1 month ahead of key #Europeanelections, a lot is at stake

Monique Cohen

Directeur Associé chez Apax Partners

7 mois

En espérant que ce rapport conduise enfin à une prise de conscience et à une mise en œuvre rapide !

Edith BERARD

Administratice d entreprises / Directrice Générale adjointe au Credit Agricole Nord Midi Pyrenees (NMP)

6 mois

Réveillons nous effectivement

Maya Atig

Directrice générale de la Fédération bancaire française

7 mois

👍

Clara Wong

Managing Director, Client Coverage Hong Kong,CCIB

7 mois

î

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