Le festival d'Annecy 2024 a fermé les rideaux, quel bilan pour l'animation africaine ?
Au fil de mes participations à ce festival, j'ai pu voir les délégations africaines prendre leur espace au marché. Ce sont des stands de 6, 9 ou 27m2 bien achalandés, aux couleurs chaudes qui accueillent dès l'entrée du Hall C, tout visiteur professionnel. Le Nigéria, le Ghana, l'Afrique du Sud, le Maroc et maintenant la Côte d'Ivoire y ont leur stand. La pavillon africain, à l'instar de celui de Cannes, y a déposé ses valises.
Nous y sommes, peut être une cinquantaine de producteurs, avec chacun un catalogue de projets en développement , ou prêts à diffuser, en quête de partenaires.
Les mots clés sont coproduction, distribution, diffusion. Il faut multiplier les rendez-vous, présenter encore et encore le potentiel du marché africain, le potentiel de nos histoires, notre capacité à livrer des films de qualité. Il faut aussi participer aux conférences, entendre ce que les chaines et plateformes recherchent comme contenus, discuter des enjeux actuels de l'animation, participer aux pitchs de projets mais surtout networker, car toute cette industrie repose sur le réseau et la notoriété. A tant courir, on manque même les séances de projections de films d'animation, quel paradoxe!
On court, comme dans une fourmilière pendant 6 jours, amassant les cartes de visites, les sourires et les mains serrées, dans une atmosphère crispée. Car oui, rien n'est plus acquis, les techniques changent, les environnements et les habitudes des audiences aussi. Nous naviguons dans des temps incertains, où chacun tente de maintenir le torse hors de l'eau. Dans ce contexte, les entreprises cherchent plus à sécuriser, à recevoir qu'à donner, ce qui est légitime. La prise de risque est minimisée, réduisant par la même occasion l'opportunité de travailler sur de nouveaux projets venus de territoires différents.
On l'entend d'ailleurs dans les conversations entre producteurs africains, et on le ressent, ce sentiment mitigé entre espoir et désillusion. Est ce que nos projets ont été vraiment convaincants? Est ce que les échanges se poursuivront? Le chemin menant à la coproduction est long..
J'étais devant le stand ivoirien, et je faisais ce constat en me demandant si finalement, nous prenions le problème du bon bout?
Nous avons une population hors diaspora qui représente 1/7 de la population mondiale, qui est jeune et manque de contenus auxquels s'identifier. Nous sommes les seuls à savoir comment raconter nos histoires, ancrés dans nos cultures, dans notre identité. N'est-il pas temps de tourner nos espérances vers nous-mêmes?
S'ouvrir au monde certes mais après avoir nourri d'abord notre propre audience. C'est ainsi que ce sont construit les cinémas américains, européens et asiatiques, d'abord leur audience locale et ensuite le reste du monde, pas l'inverse.
Il nous faut repenser le modèle, maintenant et ensemble.
Responsable Partenaires Caravane Publicitaire chez Marathon des Châteaux du Médoc
2 moisFélicitations !belle idée et belle activation 🥳