Construire la robustesse N°20
Qu’est-ce que l’éco-conception? On pense souvent à de la R&D pour faire des matériaux biosourcés, biodégradables, fabriqués dans des conditions équitables. On oublie trop souvent qu’un tel produit, s’il est au service de la fast fashion par exemple, restera toxique pour la société et les écosystèmes. Le premier pas de l’éco-conception est donc nettement plus simple: il faut faire le tri dans ses fournisseurs et ses clients. Un cas typique où il s’agit de construire la robustesse (systémique) en allant contre la performance (étroite). En effet, un client toxique peut vous rapporter de l’argent à court terme, mais il finira par vous contaminer à moyen terme. A l’heure de la concurrence débridée, cela serait impossible dira-t-on? Non seulement cette pratique se répand de plus en plus (difficile d’afficher une vitrine verte quand l’arrière boutique est répugnante, à l’heure de la communication de masse), mais elle touche maintenant de grands acteurs économiques. Citons notamment Nexans (Christopher Guerin), spécialiste des câbles électrique du CAC40, qui a fait le choix d’éliminer 13’000 de ses 17’000 clients sur des critères socio-écologiques. Quand on comprend que les clients toxiques (pressés, non-éthiques, non-écologiques, etc.) poussent votre entreprise aux accidents du travail, au manque de diversité ou aux pollutions, on préfère choisir d’autres objectifs: faire de la polycrise le socle du modèle économique, faire passer la robustesse avant la performance. Et dans un monde fluctuant, les gains de robustesse deviennent même des atouts compétitifs (!), car les plus performants sont aussi les plus fragiles. On notera d'ailleurs que Nexans n’a pas réduit sa rentabilité dans l’opération.
Credit photo: Exposition Solid light blue (Festival International des Textiles Extraordinaires de Clermont-Ferrand) https://lnkd.in/e2Fswy7m
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