Comment former les futurs dirigeants militaires et politiques aux questions de stratégie ?
Dit autrement : comment apprendre de l’histoire pour écrire le futur ?
C’est à cette belle question que s’attaque John Lewis Gaddis, un grand historien américain de la guerre froide. Inspiré par Clausewitz, il tente de transmettre dans ce livre, quelque chose de l’art de gouverner.
L’exercice est difficile. Il s’agit, au fonds, de développer chez le lecteur une forme de “bon sens”. Mais comment partager des vérités utiles… sans tomber dans des platitudes (ex. : “il faut savoir saisir les opportunités”) ? La réponse : le style et l’érudition ! Donner à ressentir les histoires du passé.
En guise d’instructeurs, Gaddis convoque les plus grands : Thucydide, Machiavel, Clausewitz, Elizabeth I, Auguste, Lincoln… et les fait dialoguer à travers les siècles.
Quelques idées que je retiens de cette lecture :
👉 La bonne stratégie, c’est, simplement, celle qui aligne les moyens à disposition avec la fin recherchée. C’est une affaire de proportionnalité. Plus facile à dire qu’à faire, car, comme l’oxygène, le bon sens se raréfie au fur à mesure que l’on monte dans l’altitude des états-majors. Ainsi de Napoléon se lançant à l’assaut de Moscou.
👉 Un bon stratège sait, pour reprendre la distinction de Isaiah Berlin, quand il faut être hérisson (centré sur l’objectif, au risque de trop simplifier) et quand il faut être renard (attentif au détail, au risque de l’immobilisme).
👉 Un bon stratège sait, comme Lincoln, que sa boussole lui indique le Nord (son objectif, en l’occurrence : le maintien de tous les états au sein de l’Union) mais qu’elle ne lui dit rien de comment gérer les marais, déserts ou autres falaises sur le chemin (et qu’il s’agit donc de faire de la politique)
👉 En effet, un bon stratège est pragmatique. Il sait, depuis Machiavel, que les idéaux ne peuvent être atteints en ce monde et qu’il s’agit de voir les choses telles qu’elles sont (ex. : ”il vaut mieux être craint qu’être aimé”).
👉 Enfin, une bonne stratégie n’est rien sans le caractère qui va avec. Machiavel savait qu’il irait en enfer et il assumait une certaine légèreté de l’être (”Don’t sweat it”). Roosevelt était remarquable par la force de son charme et de sa volonté qui lui ont permis de mener les Etats-Unis à travers le New Deal puis la guerre.
Tout cela montre que dans la complexité du réel, il n’est pas question d’avoir des solutions simples mais de savoir naviguer à travers des tensions.
Finalement, un bon stratège doit donc passer le test proposé par Francis Scott Fitzgerald en 1936 pour déceler une intelligence de premier ordre : “the ability to hold two opposed ideas in the mind at the same time, and still retain the ability to function.”
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Je suis Antoine, Président d’EPiGO, un cabinet spécialisé dans l'intelligence collective et les démarches entrepreneuriales. J’écris, chaque lundi matin, sur comment les idées peuvent être utilisées pour changer le monde !
Equity & Workplace Harassment Solution Provider | Consultant | Speaker | Founder of REZALLIANCE & REZ-CARE.COM | Initiator of the International Day against harassment and for inclusion in the world of work #24may
6 j.Intéressant et informatif. J'apprécie particulièrement la mention du "mentor" pour guider.... Malgré les qualités intrinsèques et les formations, les mentors sont clés pour permettre l'émergence et le rayonnement de leaders.