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#IQSOG #RetourSurQuelquesEmissionsQuIlNeFallaitPasManquer #Juin2024
Dans cet entretien, Nathalie Fabbe-Costes, Professeur à Aix-Marseille Université, explore le concept de "soft power" et sa dimension stratégique souvent sous-estimée. Selon elle, il est indispensable de comprendre comment les opérations, la fabrication et les technologies influencent profondément la création et l'impact des œuvres culturelles. Elle défend l'idée que le "soft power" doit être envisagé de manière stratégique et opérationnelle. Bien qu'elle reconnaisse que les professionnels de l'événementiel excellent dans l'exécution, elle estime que l'inverse, c'est-à-dire penser la stratégie à travers les opérations, est moins bien exploré. En prenant un cycle de vie complet, de la conception à la fin de vie d'une œuvre ou d'un événement, elle souligne que chaque étape peut transformer profondément la manière dont ces manifestations sont perçues et leur impact.
Elle insiste également sur l'importance des technologies dans la production culturelle. Depuis les années 1990, les technologies ont radicalement transformé la manière de produire, de diffuser et d'autoproduire des œuvres. Elle mentionne l'industrialisation de la production artistique avec des exemples comme Andy Warhol, ainsi que l'essor des artistes indépendants, notamment dans le milieu du rap. Ces changements technologiques permettent d'augmenter le "soft power" en rendant les œuvres plus accessibles et en amplifiant leur impact.
Elle aborde ensuite les frontières floues entre l'art et le business. Les questions de rémunération des artistes, de l'épuisement des créateurs et des nouvelles formes de création soulèvent des débats. Les festivals de cinéma comme Cannes et les récentes discussions à Hollywood sur ces sujets montrent que les enjeux sont complexes et multiples.
Pour Nathalie Fabbe-Costes, il est également important de tirer des leçons des manifestations culturelles plus underground et déviantes, qui mettent en place des mécanismes innovants. Ces approches pourraient inspirer la culture plus classique, offrant des perspectives nouvelles voire révolutionnaires.
Enfin, elle exprime une certaine inquiétude en tant que citoyenne face à la manipulation possible par le biais des technologies culturelles. Elle craint que les nouvelles technologies ne soient utilisées pour imposer des contenus culturels de manière insidieuse, transformant les individus sans qu'ils en soient pleinement conscients. Puisque derrière la culture, ce sont toujours des enjeux démocratiques importants qui se jouent.