HIVER STUDIEUX AVEC METAHODOS : LA CENTRALITÉ DE LA MÉDITERRANÉE DANS L’ANTIQUITÉ
ÉMISSION : Se déplacer en Méditerranée, les Anciens en Thalassa
Lundi 22 janvier 2024 FRANCE CULTURE
Dans la Grèce et la Rome antiques, qu’est-ce qui pousse les hommes et les femmes à prendre la mer et à circuler en Méditerranée ? En quoi cette variété de déplacements indique-t-elle la centralité de l’espace méditerranéen pour les cultures antiques ?
Avec
Cecilia D’Ercole Historienne, archéologue et anthropologue des mondes antiques, directrice d’études à l’EHESS
Soazick Kerneis Professeure d’histoire du droit et du droit romain à l’Université Paris Nanterre, directrice du Centre d’Histoire et d’Anthropologie du Droit
François Lefèvre Professeur d’histoire grecque à Sorbonne Université
Au début de l’automne 1975, des embruns et de l’air iodé soufflent à la télévision française, quand est créée l’émission Thalassa, le magazine de la mer. Son titre est bien choisi, puisqu’il nous conduit sur les flots, avec un écho à l’Antiquité grecque. Que représentait la mer pour les Grecs ? Était-elle comparable à la Mare nostrum des Romains ? Nous voici donc « au milieu des terres », en Méditerranée, quand les Anciens partent en Thalassa !
Le temps des thalassocraties
Les Grecs ont une relation ambivalente avec la mer, faite de fascination et de peur. La navigation en Méditerranée est en effet dangereuse et les tempêtes, naufrages et autres errances – sans parler des pirates – abondent aussi bien dans la réalité que dans la littérature homérique. Néanmoins, la civilisation grecque, mais aussi phénicienne, carthaginoise, et plus tard romaine, sont souvent qualifiées de thalassocratie. Cette appellation indique que leur puissance se fonde sur les ressources maritimes et sur la maîtrise de la mer, aussi bien sur un plan commercial que guerrier. Selon François Lefèvre, professeur d’histoire grecque à Sorbonne Université, cette volonté de contrôler la mer remonterait à Minos, une civilisation pré-grecque. « L’épisode le plus important est certainement la thalasso-démocratie athénienne des 5e et 4e siècles », ajoute l’historien. « C’est une aventure extraordinaire, qui est une expression de puissance, d’impérialisme et qui voit naître la notion de géostratégie. (…) C’est aussi un programme politique, puisque, si on fait un raccourci un peu rapide, mais parfaitement légitime, le peuple de l’Arame est né de l’aventure maritime athénienne. »
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