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Christian Saint-Etienne, économiste, estime que même avec une croissance de 0,3 %, le taux de croissance pour 2024 ne dépasserait que marginalement sa moyenne de 1,15 % sur la période 2001-2024. Ce niveau de croissance est insuffisant face à une dépense publique représentant 57 % du PIB, soit 8,5 points de plus que la moyenne de la zone euro hors France. Selon Christian Saint-Etienne, une croissance de 2 % à 2,15 % par an serait nécessaire pour compenser la lourdeur administrative et créer des emplois à forte valeur ajoutée, condition essentielle pour des salaires élevés. Il souligne que les revendications des Français en matière de pouvoir d'achat ne peuvent être satisfaites qu’en augmentant la productivité du travail ou la quantité de travail fournie. Or, la France souffre d’un double déficit : un déficit extérieur qui appauvrit le pays, et un déficit public qui finance une dépense sociale excessive, atteignant 33,5 % du PIB, soit 7 points de plus que la moyenne de la zone euro. Ce diagnostic révèle un problème d'offre majeur : la France ne parvient pas à produire suffisamment de biens manufacturés haut de gamme pour compenser ses importations d'énergie et de biens manufacturés, hormis dans certains secteurs d'excellence comme la défense, l'aéronautique, le luxe et certains services industriels. Christian Saint-Etienne plaide pour des réformes visant à soutenir les entreprises compétitives et exportatrices, à réduire la dépense sociale non conditionnelle pour les personnes en capacité de travailler, et à repousser l’âge de la retraite au-delà de 64 ans. Il insiste également sur la nécessité de diminuer la pression fiscale sur les entrepreneurs et les travailleurs qualifiés, éléments moteurs de la qualité de l'offre. Se référant à John Maynard Keynes, Christian Saint-Etienne rappelle que la dépense publique est justifiée lorsque la demande est inférieure à l'offre, mais qu’il est contre-productif d’augmenter cette dépense tout en réduisant la capacité d'offre lorsque la demande dépasse l'offre compétitive. Il fustige également la taxation massive des créateurs de richesses, présentés comme des accapareurs vicieux en France, alors qu’ils sont valorisés dans les mondes anglo-saxon et germanique, ainsi qu'en Italie. Enfin, Christian Saint-Etienne estime que la France n’a pas su suivre les enseignements de Keynes, en particulier sur le rôle clé de l’entrepreneur dans une économie ouverte et incertaine. Il reproche aux élites françaises de continuer à appliquer un sous-keynésianisme dépassé, centré sur une économie fermée et sur des politiques publiques inadaptées.

Pourquoi l'économie française s'est « plantée »

Pourquoi l'économie française s'est « plantée »

lesechos.fr

L’analyse est intéressante. Il est bon cependant de rappeler que la France a mis en place plusieurs politiques pour favoriser la création d'entreprises, notamment à travers des initiatives comme la loi pour la croissance et la transformation des entreprises (Loi PACT), qui vise à simplifier les démarches administratives pour les entrepreneurs. Le dispositif de soutien à l'innovation, comme le crédit d'impôt recherche, est également destiné à encourager les entreprises à investir dans la recherche et le développement. La France a également mis en place des dispositifs d’accompagnement pour les entrepreneurs, tels que des aides financières et des formations. En conséquence, le pays a connu une augmentation significative du nombre de créations d'entreprises, avec le nombre d'entreprises créées chaque année ayant quadruplé entre 2000 et 2022.

Il est bon ici de rappeler que le montant des aides publiques aux entreprises en France est estimé à environ 157 à 200 milliards d'euros par an. Ce chiffre inclut diverses formes de soutien telles que les subventions, les niches fiscales, et les allègements de cotisations sociales. En 2019, par exemple, les aides publiques étaient évaluées à environ 160 milliards d'euros, ce qui en faisait le premier poste de dépenses de l'État. Ces aides sont souvent critiquées pour leur manque de conditions sociales ou écologiques, ce qui permet aux entreprises de les utiliser sans contrepartie, parfois au détriment des salariés. Les aides publiques sont également un sujet de débat quant à leur efficacité et leur impact sur la fiscalité et la compétitivité des entreprises françaises. Pourquoi ne pas focaliser l’action sur un meilleur fléchage du soutien public vers la création de valeur (mais ce qui reviendrait à accepter de remettre en cause les rentes et le soutien des entreprises faiblement compétitives)?

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