Note de lecture d'un livre récent « La forêt française en ébullition »
Ils sont six, ils sont jeunes, journalistes en début de carrière et ont écrit un livre, qui ressemble assez à une auberge forestière où en rencontre des tas de gens qui méritent le détour et où les auteurs nous concoctent des plats de pensées et d’idées, pleins d’intelligence, qui m’ont ravi. Allez y piocher, c’est excellent et pas cher. Ça s’appelle « La forêt française en ébullition »
https://lnkd.in/eWG5SVAQ
Le livre commence par un chapitre de dézinguage en règle de la forêt fantasmée. Une sorte d’amuse-bouche réjouissant préparé par Zoé Samin, à qui manifestement on ne la fait pas à l’envers, première qualité d’un bon journaliste.
Le fantasme en question ce sont les forêts urbaines, et ce brave Miyawaki, mis à toutes les sauces en occident, qui ne l’a sans doute jamais su et qui s’en fout maintenant vu qu’il a rejoint le paradis des botanistes. Alphonse Allais voulait envoyer les villes à la campagne, mais c’était de l’humour, là il s’agit d’envoyer les forêts en ville et ça ne rigole pas.
De ce que j’ai lu, ici et là, ça coute entre 10000 et 14000 euros par arbre planté qui restera vivant au bout de 10 ans. Je suis forestier, je m’occupe d’une forêt pas loin de Paris où il y a un million d’arbres de plus de 5 m de haut sur 6400 ha, sans compter les plus petits, venus naturellement qui sont à la louche entre 100 et 300 millions, çà ne dure pas car la mortalité infantile des arbres est monstrueuse dans les forêts.
Dans cette forêt là, comme dans toute les forêts de France, pour planter 500 arbres, ça coûte aux alentours de 2.5 euros par arbre et encore c’est très bien payé, c’est 5000 fois moins cher. Avec le budget de la plantation d’un hectare en centre-ville on reboise la moitié de la surface totale de Paris en vrais forêt. À l’évidence, on n’est pas du même monde, nous n’avons pas la même idée du coût acceptable des choses et de la valeur de l’argent, le reste n’est pas mon affaire. Par contre ce qui est la mienne et celle de tous les forestiers, et de tous ceux qui vivent de la forêt et y vont c’est le sens et la valeur des mots dans nos vies. Ce qu’on appelle forêt quand on parle de la réalité de 17 millions d’ha en France ; c’est aussi une partie de nous-mêmes et nous sommes des millions. Alors appelons ces plantations urbaines comme on veut mais ne les appelons pas forêts. Le faire c’est de l’escroquerie intellectuelle et scientifique et du vol de l’histoire et de l’identité des gens.
à suivre......
Expert Forestier (gestion, études, expertises , formation)
3 moisLa libre évolution est une approche intéressante pour certaines forêts. La migration assistée aussi, la migration par flux de gènes encore mieux. revoir les modèles de plantations pour les faire basculer vers une vraie diversité fonctionnelle c’est indispensable. Mais c’est dommage de ne pas évoquer les méthodes de gestion forestière de la « matrice » existante, et qui sont à la fois productives et intégratives. Ça existe. Par exemple sylviculture mélangée a couvert continu (SMCC), prônée et développée depuis plus de 30 ans entre autre par le réseau Pro Silva France. Un cours en ligne gratuit est en cours en ce moment même sur le sujet : www.forestmoocforchange.eu, pour celles et ceux qui veulent en savoir plus A votre disposition pour vous en apprendre plus sur le sujet, lors d’un de vos prochains reportages NINKASI Idem pour vous Cédric Béraud, Essayons d’éviter la spécialisation des espaces boisés, entre d’un côté des zones en libre évolution et de l’autre des usines à bois… Car cette dichotomie n’est pas compatible avec les enjeux et les spécificités de nos forêts tempérées, montagnardes, méditerranéennes, avec la réalité foncière et la densité de population de notre pays. Parlons-en à l’occasion, en forêt 🌳