Un changement d'attitude des États face à des plateformes qui, jusqu'à présent, n'en faisaient qu'à leur tête. A quand un consensus international?
Ci aprés un article de Marine Protais édité par le journal économique français de grande diffusion "La Tribune", ce 03 sept 2024.
"....X bloqué au Brésil : les États n'ont-ils plus d’autre choix que la force ?
En réaction au refus d’Elon Musk de respecter la loi, le Brésil a décidé de sévir en bloquant l'accès à X sur son territoire. Résultat, la plateforme se voit privée de 22 millions d’utilisateurs. Cette décision inédite, qui fait miroir à l’arrestation du PDG de Telegram en France, illustre un changement d'attitude des États face à des plateformes qui, jusqu'à présent, n'en faisaient qu'à leur tête.
Alors qu'Elon Musk multiplie les provocations, le Brésil a décidé d'employer la méthode forte : bloquer l'usage de X dans le pays. Cette décision, prise le vendredi 30 août par un juge puis confirmée le 2 septembre par l'ensemble de la Cour suprême, est consécutive au refus de la plateforme de se soumettre à la loi brésilienne. Elle marque aussi le climax d'un long bras de fer entre Elon Musk et Alexandre de Moraes, un juge de la Cour suprême du pays à l'origine de ce blocage. Ce magistrat s'est donné pour mission d'assainir le web brésilien. Pour ce faire, il a demandé au réseau social de supprimer les comptes de personnalités, majoritairement d'extrême droite, formant une « milice numérique » et diffusant de fausses informations.
Elon Musk, qui se considère comme un défenseur de la liberté d'expression et soutient par ailleurs l'ancien président d'extrême droite Jair Bolsonaro, a refusé de se plier à cet ordre. La rigueur du chef d'entreprise quant au respect de la liberté d'expression est variable. Musk a, par le passé, accepté des demandes de gouvernements, notamment de l'Inde, demandant la censure de certains contenus. Le PDG se montre toutefois plus virulent quand les ordres visent des groupes dont il est idéologiquement proche. Il avait notamment adressé quelques tweets agressifs à Keir Starmer, le Premier ministre travailliste du Royaume-Uni, qui accusait X d'avoir été l'une des poudrières des émeutes de cet été.".