Ce qui est simple pour vous peut être un véritable casse-tête pour quelqu'un d'autre. On parle souvent d'innovation et de modernité, mais à quel prix ? Saviez-vous que près de 15 % des voyageurs de plus de 75 ans prennent l'avion seuls chaque année ? Imaginez-les dans un aéroport où ils doivent déposer leur sac sur une machine sans assistance, scanner leur boarding pass depuis un smartphone, et déchiffrer des écrans saturés d'informations. C'est exactement ce qui est arrivé à ma grand-mère cette semaine. Elle a une prothèse de hanche qui déclenche les portiques de sécurité, elle marche lentement, porte des lunettes pour lire, et transporte dans son sac l'équivalent d'une petite pharmacie. Ce sac la stresse d'ailleurs, car elle a peur qu’on la prenne pour une trafiquante. Elle possède un iPhone, mais n’en utilise qu’une infime partie des fonctionnalités. Lorsqu’elle voyage seule, bien qu'elle souhaite être autonome, elle panique en essayant de peser son sac sur une machine. Personne n’est là pour l’aider à imprimer son billet. Face à elle, une machine lui donne des instructions sur la gestion de son sac, alors que son vrai problème, c’est son billet qu’elle n'a pas pu imprimer chez elle, faute d'imprimante. À la sécurité, elle déclenche l’alarme à cause de sa prothèse. On lui demande de se dépêcher de repasser, sans lui laisser le temps d'expliquer que c'est sa hanche qui cause l'alerte. Ensuite, elle m'appelle, perdue, incapable de savoir où se trouve sa porte d'embarquement. Les écrans clignotent, les informations changent en permanence... un vrai sapin de Noël impossible à déchiffrer pour elle. Autour d'elle, tout le monde est pressé, absorbé par son téléphone. Ma grand-mère, qui a pourtant voyagé toute sa vie, est submergée par l’angoisse. Voilà où nous en sommes. La seule solution que j'ai trouvée ? Demander à un couple de quinquagénaire, qui prenait le même vol, de l'accompagner jusqu'à la porte d'embarquement. En tant que designers, il est temps d'assumer notre responsabilité. Nos créations doivent simplifier la vie de tout le monde, pas seulement des technophiles. Si quelqu'un comme ma grand-mère se retrouve dépassé, c'est la société qui est en échec.
Notre souci commence par l’accessibilité. La complexification de la logistique pour atteindre l’aéroport dans certaines villes ferme déjà la possibilité d’envisager ce moyen de transport pour les personnes âgées - plus de train direct de Royan à Bordeaux par exemple…
Mes parents ne peuvent plus voyager seuls, c'est impossible. Ils se retrouveraient trop facilement en Asie par faute de porte d'embarquement. Mais plus récemment on profitait du service de fauteuils roulants aux aéroports. Même si ça n'était pas nécéssaire pour la mobilité il y avait au moins une personne qui s'occupait d'eux pendant la traversée du labyrinthe qu'est devenu un aéroport moderne.
Je suis d'accord sur le fond. Mais ça soulève aussi la question du manque d'empathie de notre société. On ne peut pas tout mettre sur le design ... Je prends le trains assez souvent, et je ne suis pas salarié de la SNCF. Pourtant il m'arrive d'aider les personnes âgées perdues. J'ai droit à un merci, un sourire, parfois des discussions sympathique aussi.
Mon frère et moi ne laissons plus notre papa voyager seul à 78 ans après 2 AVC il est totalement valide mais plus lent. AVC ou non, pour bon nombre de personnes les conditions de voyages sont devenues trop stressantes - le passage de la sécurité est terrible.
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3 moisPour ces 15% de personnes qui vivent dans un épisode de black mirror: ce n’est parce que c’est devenue une norme, que c’est normal.