Post de Patrick Bonin

Désobéissance civile et urgence climatique : Réflexions sur l’action du collectif Antigone Il n'est jamais simple de commenter ce type d'actions, surtout sur Linkedin. La désobéissance civile se définit comme un acte public, non violent, posé en conscience pour défier une loi dans l’espoir de provoquer un changement. Ce matin, Antigone a choisi, en grimpant sur le pont, de viser les politiciens, et en particulier le gouvernement fédéral, qui continue de subventionner les compagnies pétrolières malgré l'urgence environnementale qui pèse sur nous tous. 51,5 milliards de dollars canadiens en 2023, selon Le Devoir. Nous sommes à un tournant critique pour le climat et la biodiversité et ceux qui s'y intéressent un tant soit peu le savent : nous allons droit dans le mur. Pourtant, au Québec, nous avons une culture qui valorise la modération et le consensus. Nous avons été éduqués dans l'idée qu'il ne faut pas trop déranger, qu'il faut privilégier le "vivre ensemble" plutôt que la confrontation. Il est donc comprenable que l'action menée ce matin sur le pont Jacques Cartier par les activistes d'Antigone a indigné certains puisqu'elle touche à la liberté individuelle. Ces actions, en perturbant cet équilibre, peuvent être perçues comme une menace au consensus et à l'harmonie collective. Ce type de militantisme peut également renforcer la polarisation, alors que notre objectif devrait être de rassembler les gens autour d'une cause commune. Cependant, en voyant ces deux personnes grimper ce matin, je me suis dit : "Nous sommes rendus là." La situation est telle que certains estiment qu'il n'y a plus d'autres moyens d'attirer l'attention que par des gestes radicaux. Car malgré les discussions, malgré les solutions proposées depuis les quarante dernières années, nos gouvernements n'agissent pas à la hauteur de l'urgence et n'ont pas le leadership nécessaire. Je comprends la colère d’Antigone, et je comprends aussi la frustration des gens pris dans le trafic ce matin. Mais pour moi, cette action est avant tout le reflet du manque d’écoute de nos gouvernements et de leur inaction face à l’urgence climatique. Ce vide de vision et de direction de nos gouvernements poussent des citoyens à des gestes extrêmes pour tenter d’alerter sur le danger imminent. Il existe un proverbe qui dit : « Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt. » Dans ce cas, ne nous concentrons pas sur les gestes radicaux, mais sur ce qu’ils révèlent. Pourquoi deux personnes ont-elles dû grimper si haut ce matin pour nous rappeler que l’avenir de notre planète est en péril ? C’est là que réside la véritable urgence. Pour lire l'article : https://lnkd.in/djvXF9BJ Récent article de Pivot Québec sur le sujet : https://lnkd.in/gVe9UAXn #environnement #criseclimatique #energiefossile #ecologie

Super texte à lire!

Valence, le tribunal de l’eau : de la source à la mort atroce J’ai atteint mon point de saturation avec deux types d’intervenants sur le climat. Tout d’abord, les imposteurs qui se promènent de plateaux en plateaux, que ce soit à la télévision ou à la radio, parlant de tout et de rien, se déplaçant de COP en COP (la dernière ayant rassemblé 80 000 personnes pour une pitoyable déclaration d’intention influencée par les producteurs de pétrole, avec hôtels de luxe à la clé), en quête pathétique et effrénée de droits d’auteur avant que les tombereaux de l’histoire des mauvais écrivains — et, pire encore, des faux activistes — ne les engloutissent. Ceux-là, se prennent pour des messies que nulle discipline ne contraint, et vont d’avions en business en chauffeurs de luxe, dispenser la bonne parole, comme des évangélistes sans religion. Ensuite, il y a les écomodernistes qui clament que le capitalisme résout spontanément ses propres déviances. Ceux-là sont repus de leurs avoirs, et ils savent qu’ils mentent, mais ils préfèrent quelques années d’existence pour leurs descendants, dans l’éclat faustien d’une supernova, plutôt que de comprendre l’humanité. Et vérité, l’écologie n’est plus assez militante : nous passons d’une remédiation climatique à une adaptation. Sauf que pour les morts de Valence, ou, il y a quelques étés, de la Vesdre, il ne s’agit plus de s’adapter puisqu’ils sont morts dans les conditions les plus atroces. Savez-vous que c’est à Valence qu’il y avait le millénaire tribunal de l’eau, ou Tribunal de las Aguas, Ce tribunal, reconnu par l'UNESCO comme patrimoine culturel immatériel, etait chargé de régler les litiges liés à l'irrigation et à la distribution de l'eau entre les agriculteurs de la région. De la sécheresse à la noyade. Alors, voilà. On accepte les égarements naturels lorsqu’il s’agit d’un tremblement de terre ou d’un volcan, en oubliant rapidement que nous ne sommes que sur la partie refroidie d’une gigantesque masse en fusion. En vérité, les effets du dérèglement climatique nous confrontent à autre chose : à nous. Parce que nous croyions bien naïvement que ce seraient les pauvres, ceux de l’hémisphère sud, qui allaient payer pour notre hyperconsommation, alors que ce sont ceux qui ont la plus faible empreinte écologique dans l’esprit d’un colonialisme insupportable. Mais non : Tout cela est beaucoup plus grave que nous ne le pensons. Et il faudra imaginer l’inimaginable, à savoir ces stress climatiques extrêmes qui toucheront nos modes de vie, de survie, et donc d’alimentation et de cohabitation sur cette planète. Ce qui doit être repensé, c’est l’humanité. Globale et indissociable. Je le dis : il y a grande urgence écologique.

Ecologie et dilemme du prisonnier : l'Europe a choisi. Les élections européennes semblaient être celles de la dernière chance. Dernière chance pour l'Europe d'affirmer son avant-gardisme dans la lutte climatique et ultime condition pour espérer tirer le monde entier vers le respect des accords de Paris et des trajectoires de température soutenables. Mais le résultat est sans appel. A la santé et à la vertu climatique, le pouvoir d'achat, la sécurité et l'identité sont préférés. Pire, ce ne sont plus des considérations nationales isolées, mais deviennent des considérations européennes. Alors que le reste du monde fait déjà passer les enjeux d'économie et de développement prioritairement à la destinée climatique commune, l'Europe semble avoir à son tour fait son choix au sein de la théorie des jeux mondiale : ne pas être le dindon de la farce climatique. Non pas que le réchauffement ou la destruction des écosystèmes sont une farce, il ne faut pas sous estimer la sagesse des électeurs. Mais qu'ils sont jugés inarrêtables. Même si le réchauffement est d'origine anthropique, il est désormais majoritairement lié aux gens d'ailleurs, que peut-on en faire ? Alors le citoyen hausse les épaules et se dit : "tant qu'à peut-être vivre l'enfer, autant que ce soit les mieux armés possibles, avec l'économie la plus forte possible et l'homogénéité socio-culturelle la plus grande". L'heure sera de moins en moins à l'atténuation, mais de plus en plus à la préparation.

Podcast très interessant que je partage avec conviction : toujours clair, pragmatique et inspirant. Plutôt que continuer à lancer des alertes et avoir des effets contre-productifs, il faut expliquer, motiver et pousser à l'action car il y a plein de choses à faire!

❓❓ Vivre, de manière directe ou indirecte (via les médias, etc.) les conséquences du changement climatique réveille les consciences, et nous mène à soutenir des politiques publiques en faveur du climat et de l’environnement et à voter davantage pour des candidat·es politiques soutenant mettre en oeuvre de telles politiques... Vraiment❓❓ 🤔 Ce type d’affirmations, je l’entends bien souvent... mais ce n’est pas ce que montre la recherche dans mon domaine (voir par exemple https://lnkd.in/dwHqCkhW) 🔥 Mettre en évidence que le changement climatique (pour ne citer que cette crise environnementale) est réel, et qu'il frappe de nombreuses parties du monde maintenant est important .. mais cela ne réduit que peu le climato-scepticisme, et n’impacte que peu les attitudes et comportements des individus. ➕ Les facteurs qui ont le plus d’impact sont (pêle-mêle): nos valeurs (quand on prend en compte les autres de manière prépondérante dans nos décisions), nos idéologies politiques, les perceptions que nous avons de ce que font les gens autour de nous ou qui nous ressemblent, et avoir l’impression que ce que nous faisons - individuellement ou collectivement - sert à quelque chose (voir par ex. https://lnkd.in/dEXCRFfj) On me demande souvent, "alors que faire" ? La réponse est complexe, et je ne pense pas qu’une personne puisse prétendre avoir la réponse. Ce que des années à réfléchir, observer et agir m’a appris, c’est qu’il faut, entre autres: 🚧 au lieu d’essayer de transmettre des messages « pro-environnementaux » génériques (du type il faut sauver la planète), travailler sur l’acceptabilité locale de projets spécifiques en identifiant les barrières inhérentes à chaque situation, qu’elle touche un changement de directive professionnelle, un projet d’aménagement du territoire, etc. 🗣 casser, et ne pas tomber dans le piège, d’une vision dichotomique qui oppose les « bobos écolos » et les « autres », le premier groupe étant souvent décrit comme déconnecté et voulant imposer une vision du monde bien triste 🚲 mettre en avant les co-bénéfices à toute démarche pour lutter contre les crises environnementales (végétaliser, c’est bien pour la nature mais également pour lutter contre la chaleur, etc.) 👇 Bien sûr, tout cela ne concerne que les variables dites "individuelles"... il y également comment le changement climatique est présenté (parfois nié), et l'impact que cela a (j'aurais pu mettre la photo d'une personne élue aujourd'hui d'ailleurs), mais c'est tout un autre chapitre... https://lnkd.in/drrjHzNM

Que n’a-t-on pas entendu que les manifestants climatiques se collant les mains sur le bitume emm. tout le monde, sont contre-productifs, nuisent à leur propre cause, que c’est pas comme ça qu’il faut faire, qu’il faut passer par les voies politiques, etc. Outre que c’est facile et démissionnaire de critiquer le doigt plutôt que ce sur quoi il pointe, et que la politique, sous la pression de l’économie, ne prend précisément pas ses responsabilités, eh bien… c’est simplement faux. En quelques actions ciblées, Renovate Switzerland a fait progresser spectaculairement la conscience générale et politique, et l’action politique, en matière de bâti en Suisse – passoire énergétique. Soit plus que toute autres action "ordinaire". Une étude allemande publiée dans Nature le confirme : contre-intuitivement, et regrettablement, une manifestation climatique a deux fois plus d’impact sur la conscience de la population qu’un événement climatique extrême. Cet impact est encore 1,7 fois supérieur en cas de désobéissance civile. Il est aussi deux fois supérieur envers les tranches d’âge élevées et les bas revenus, et presque deux fois supérieur envers les personnes orientées politiquement à droite. Merci donc à ceux qui, pour notre bien commun, l’ont fait. 

L'autre dérèglement, vers une unité dissoute ? Le dérèglement climatique est omniprésent quitte à faire de l'ombre à un autre dérèglement. Celui de nature sociétale et identitaire. Les deux sont liés car ils se nourrissent à la même source : une population, une culture voire une civilisation. Et quel est ce dérèglement ? C'est celui d'une double perte, vécue en tant que tel par une grande partie de la population : D'une part celles des valeurs inhérentes à la République elles-mêmes qui renvoient à la sécurité, intérieure, autrement dit la tranquillité des personnes soit l'aspiration légitime à vivre librement dans leur mouvements au quotidien. Et extérieure du pays par rapport aux éventuelles menaces planant sur l'existence même du pays. D'autre part, celles séculaires liées à la culture française et ses références, ses racines, creuset même de l'identité par laquelle se définit un pays et ses citoyens. Un socle qui s'est fragilisé pour ne pas dire fissuré face au choc d'une nouvelle réalité, le communautarisme conjugué au multiculturalisme, les 2 mamelles de ce nouveau monde en puissance. Et qui nous échappe progressivement. Un tremblement de terre car la rencontre de ces deux forces tectoniques s'est fait sans vision, par une absence patente de pédagogie, un déficit d'humanisme et consolidés à coup de dogmes plus que de pragmatisme, soit avec un minimum de considération des réalités sociales complexes. D’où ces doutes, ces craintes, ces divisions, ces cristallisations, ces polarisations, autant de fractures qui faute des soins rapides, circonstanciés et appropriés, pourraient se muer en failles infranchissables et qui séparent irréversiblement un pays. Bref ou comment le peuple Français uni et indivisible, fort de sa diversité, ne serait plus qu'une devise. Une réalité évaporée, dissoute elle aussi. ----------------------------- Dans le cadre des élections législatives, par leurs enjeux historiques, au lendemain de la décision du Président qui ébranla la France, voici notre vision en analyses brèves mais clés que nous partageons chaque jour cette semaine. Extrait de ce petit ouvrage fort de 6 analyses brèves et clés ''Cette décision qui ébranla la France.'' téléchargeable gratuitement sur la page dans ''médias''. #economie #energie #climat #environnement #transition #emplois #travail #croissance #developpement #finance #innover #innovation #investir #investissement #industrie #education #gouvernance #international #geopolitique #population #numerique #ressources #technologies #puissances #management #communication #durable #digital #France #élections #politique #news