Post de Philippe Bischof

Voir le profil de Philippe Bischof, visuel

Direktor von Pro Helvetia Schweizer Kulturstiftung (seit 1.11.2017)

«Dans un monde d’apartheid généralisé, il est temps de réinventer l’universel» Interview très intéressante avec le philosophe #SouleymaneBachirDiagne, auteur de l’ouvrage «Universaliser» à paraître le 18 septembre, qui met en garde contre l’identitarisme et les tribalismes dans lequel nous vivons et prône la construction d’un universel commun à tous les hommes. “L’état de fragmentation dans lequel nous vivons, le retour des sentiments tribaux, d’appartenance, l’affirmation des identitarismes créent un monde qu’on peut considérer comme un monde d’apartheid généralisé. Nous devons donc aujourd’hui reconstituer le sens de l’universel, retrouver le sens de notre humanité. (…) Au début du XXe siècle, il était quasiment entendu que l’universel avait pour domicile l’Europe et que l’Europe dont nous parlions était une Europe conquérante. L’Europe était tranquillement installée dans l’idée qu’il lui appartenait d’apporter l’universel au reste du monde. C’est ce qu’on a appelé «la mission civilisatrice de la colonisation». Or, quelque chose de massif est arrivé : ce sont les décolonisations. Et c’est ce monde décolonisé, ce monde pluriel radicalement différent, que j’aime appeler le monde d’après Bandung [en avril 1955, la conférence de Bandung avait réuni 29 jeunes Etats d’Asie et d’Afrique issus de la décolonisation, ndlr] qui doit aujourd’hui retrouver cette aspiration vers l’humanité – une expression que j’emprunte à Heinz Wismann. Les contextes sont différents, mais l’exigence est la même : il faut comprendre cette aspiration vers l’humanité, et obéir à cette aspiration contre la fragmentation tribale qui se traduit par des guerres, qui se traduit par des formes de lutte politique qui n’ont plus grand-chose à voir avec la compétition politique normale. (…) Il y a non seulement ces phénomènes précis de colonisation où on parle encore de colons, d’occupation, de territoires occupés etc. Mais il y a aussi tout ce qu’on appelle la colonialité, l’idée que même quand il y a décolonisation il y a une colonialité qui règne encore, dans les mentalités, dans les mots. Tout cela indique que le mouvement de décolonisation est un mouvement à poursuivre. Maintenant, je récuse formellement l’idée que la décolonisation se fait contre l’universel et qu’être postcolonial ou décolonial, c’est aller contre l’universel. Moi ce que je dis, et j’insiste sur cet aspect dans mon livre, c’est que l’universalisme impérial est effectivement arrivé à son terme, et qu’il est donc temps de réinventer l’universel. La réinvention de l’universel signifie universaliser ensemble. J’utilise à dessein le verbe «universaliser» plutôt qu’un nom, un substantif ou un adjectif substantivé.”

Souleymane Bachir Diagne : «Dans un monde d’apartheid généralisé, il est temps de réinventer l’universel»

Souleymane Bachir Diagne : «Dans un monde d’apartheid généralisé, il est temps de réinventer l’universel»

liberation.fr

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Explorer les sujets