INTERCULTUREL ! FORCE DE L'INTERCULTUREL ! RESISTONS ET DONC AGISSONS ! Rejoignez le mouvement des interculturalistes ! Il n'a, bien entendu, pas de couleur de peau, d'adresse postale ni de diplômes spécifiques... Pour lui, « c’est à partir de l’indéterminé qu’a lieu la naissance des choses" (Anaximandre) La posture interculturelle est une posture engagée. Pas terne. Elle est recherche d'équilibre et art de la nuance. Pas de la compromission. Elle ne rend pas seulement compte. Elle invite à agir concrètement et ne satisfait pas les seuls puissants. Elle ne s'avachit pas dans la fade tolérance. Elle reconnait. Reconnaitre, c'est marquer des différences qui profitent à toutes et tous ! La posture interculturelle ne consiste pas à comparer deux ensembles pour en déterminer le meilleur. Et séparer à jamais celles et ceux que l'on compare. "Différence" contre "écart". La posture interculturelle cerne pour les embrasser et les encourager les "bifurcations", les erreurs du "pas comme nous", du "pas tout à fait"... Elle protège les vissisitudes de l'atypisme ! Vivre la rencontre interculturelle, c’est admettre que l’existence sociale, quotidienne, politique... se vit dans la controverse pour éviter à une opposition quelconque d’évoluer tout de suite vers un conflit. De nous enfermer dans une rhétorique de la ligne de "front". Un monde où l'on se pose en s'opposant et où le délice est de souligner le point faible de l'Autre devenu l'adversaire. Une visée interculturelle est une posture d'accueil à l'inconnu. Exigeante. Elle préfère l'équité à l'égalitarisme ! Une visée interculturelle considère que l'étranger est un ami que l'on ne connait pas encore, comme invite à le penser le proverbe irlandais. Une visée interculturelle consiste à remettre en tension une pensée par la présence d’un étranger, à reconstituer des logiques occultées, à déranger cette pensée vers une dissidence d’avec le sens commun, à vouloir (vouloir) faire émerger de l’autre, à se demander en quoi les adversaires sont aussi partenaires au moment même où ils acceptent de laisser entrer de l’écart dans leur dialogue. L’interculturel est-il résolution d’une tension contradictoire ? Il est plus que cela. Il est « rencontre de l’humain dans l’autre homme, accéder au soi et à l’intime »[1]. [1] : François Jullien, Si près, tout autre : De l'écart et de la rencontre, Grasset, 2018, p. 180. #interculturel #équité #République #mixité #justice #aliénation Norbert Alter Anna Altea Luc NGUYEN-ANGELOT Eric Mellet Frederic Aunis Olivier Meier Michel Barabel APM - Association Progrès du Management Germe, le réseau de progrès des managers CJD Mouvement des Entreprises de France L'Humanité Sociologies Pratiques Michel SAUQUET evalde Mutabazi La Boîte à Outils des RH Harvard Business Review Jean Pagès Geneviève Pierre Dahan Seltzer Genevieve Jean-Francois CHANLAT Mustafa F Ozbilgin Hèla Yousfi Jean-Pierre SEGAL Thierry Picq Alexandre Jost SIETAR France
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INTERCULTUREL... NE LIBERE LES AUTRES QUE CELLE OU CELUI QUI ONT D'ABORD VOULU SE LIBERER D'EUX-MÊMES... ET CONTINUENT DE DOUTER... Dans un monde en tumulte, nous explorons dans notre dernier livre avec michel SAUQUET, L'Abécédaire de l'interculturel, une voie exigeante qui est celle de l’interculturalité. Cette voie défend un optimisme de combat, comme aimait à le dire le philosophe Michel Serres. Cette voie, c’est celle des relations croissantes entre des êtres d’abord étrangers les uns aux autres, suspicieux, intrigués et qui parviennent à trouver un terrain d’entente. Et même plus, d’enrichissement mutuel. Cette voie est celle, pour nous, de la rencontre interculturelle qui sera toujours une victoire sur l’inaction et sur toutes les formes d’ostracisme. Ce combat débute d’abord en chacun d’être nous. Les crises sanitaires, économiques et environnementales que nous connaissons actuellement nous obligent, en effet, à vivre l’incertain et aussi à nous garder de tout dogmatisme, de toute classification simpliste. Ces crises nous amènent à nous interroger sur ce qu’est l’être humain, trop souvent catalogué comme membre d’une nation, comme femme ou homme, comme immigré ou « de chez nous », comme ingénieur, technicien ou paysan, comme jeune ou vieux, riche ou pauvre, instruit ou analphabète. Or, la personne humaine est avant tout elle-même, multiple, intérieurement divisée peut-être, n’ayant plus une mais deux, trois ou dix communautés d’appartenance au fil de son histoire de vie. Et alors même qu’elle n’a pas forcément beaucoup voyagé. Communautés numériques, vies sentimentales, alliances de voisinage, proximités dans la sphère du travail, pratiques religieuses… font leurs effets et certains individus semblent avoir plus de possibilités qu’il y a cinquante ans d’afficher leur fidélité à des racines, à des cultures, à une mémoire rappelant leurs origines (ce qui est illustré notamment par le choix des prénoms donnés aux enfants)[1]. C'est ce bricolage des identités qu'il convient d'explorer en priorité en matière d'interculturel. La reconnaissance est la seule dette qu'un débiteur aime à voir s'accroître. [1] : Gérard Noiriel, Le venin dans la plume, La Découverte, pp. 157-158.
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PHILIPPE... QU'EST CE QUE TU APPELLES INTERCULTUREL ? Trois choses sont fugitives : l'écho, l'arc-en-ciel et la concorde entre les personnes ! Cette concorde est question interculturelle. Or, l'interculturel ne tolère pas, il reconnait. L'interculturel se demande : - Qu’est-ce que l’autre a dans la tête quand il vient d’un autre pays ou d'un autre milieu que le mien et que nous sommes amenés à collaborer ? - Qu’est-ce qu’il veut me dire ou faire que je ne comprends pas ? L’interculturel ne consiste pas à idolâtrer l’hybridation et le « métissage » généralisé comme idéaux normatifs d’un vaste dispositif d’uniformisation. Il ne parle pas de "diversité". De "discrimination positive". Une certaine démarche interculturelle pêche par angélisme. Elle oblitère les rapports de pouvoir. Elle refuse de voir la violence. Elle refuse de voir, par exemple, en quoi Palestiniens et Israéliens, et mille et une manières de l'être, sont prisonniers d’un mythe de l’attachement à la terre originelle. Et oublie de se demander comment ces personnes trouveront demain les conditions de la paix. La plupart des recherches interculturelles nous semblent marquées du sceau de trois insuffisances : - Partir de soi, des capacités qui sont miennes, et réduire l’autre à des manques et la rencontre à venir à un « choc » qui seulement atrophie, dévalorise ou ampute ; - Identifier chez l’autre une caractéristique pivot et génératrice de son comportement comme un schéma électrique simplifié, une programmation mentale irrémédiable, de laquelle on ne sort pas ; - Ne pas penser l’écart mais seulement la différence culturelle, et au-delà, ignorer les effets dynamiques des bricolages identitaires. Oui, analysons davantage qu'on ne le fait ces bricolages identitaires ! Qu’est ce qui s’opère, par exemple, chez cette mère haïtienne de Montréal Nord qui fait trois « boulots » pour subvenir aux besoins de ses deux filles et comment parvient-elle à arbitrer entre différentes logiques de rôles sociaux à endosser tout au long de la semaine ? Comment l’aider à prendre conscience de ses préjugés et d’où proviennent-ils ? On s’attachera alors à reconnaitre la multiplicité des interprétations culturelles possibles devant une même situation. On cherchera à entrevoir les multiples enracinements des personnes au lieu de les catégoriser dans une seule boite et l’on admettra qu’il n’est pas nécessaire d’être d’accord avec quelqu’un pour réussir à mieux le comprendre. A découvrir : notre tout dernier livre avec michel SAUQUET, L'Abécédaire interculturel ! 50 mots utiles par temps d'intolérance ! Alex Frame Vincent MERK Anna Altea Eric Mellet Stephen Gresty Eric Blot Frederic Aunis Mathilde Boulachin Marion Lecomte Hervé Pitault Christophe JOUBERT Olivier Meier Michel Barabel Denise Olislagers Gregory Imbert Kimia Rosame Cédric Levitre 🔷 Afrique Nicolas Paris Murielle MORANDINI Sophie Poitrineau Juliette Nouel Jean-François OILLIC Alain Trésor DIBY
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L'OPTION INTERCULTURELLE... OPTION CAPITALE ! L'« option interculturelle » oscille, pour François Laplantine, entre deux pôles : « d'un côté, le cosmopolitisme abstrait dans lequel il n'y aurait plus de différences : ce fut le projet de tous les utopistes. De l'autre, la tentation différencialiste, de toute identité – nationale, régionale, maternelle – construite sur la fiction mutilante de l'individu qui aurait définitivement résorbé sa duplicité, sa triplicité ». Entre ces deux pôles, plusieurs dangers menacent : la menace, d’abord, du triomphe dans l’espace public d’une américanisation croissante des rapports sociaux, et avec elle, le risque de tout artificialiser avec la biotechnologie. Pas d’homme et pas de femme. Il n’y a pas d’enfant ni d’adulte. Tout est marchand. Transhumanisme. La menace, ensuite, d’un pays sans histoire, d’un pays sans statues parce qu’on les déboulonne. La menace d’une soumission à un régime diversitaire de subjectivités minoritaires embrasées et constamment en colère. Demander pardon. C’est le schéma de la récépiscence. La menace, enfin, de l’angélisme. Accueillir et tout accepter. La posture interculturelle que nous défendons nous paraît être précieuse pour l’avenir de nos sociétés en mouvement. La posture interculturelle est refus, ou plutôt dépassement, des raccourcis cognitifs qui bloquent aussitôt la recherche d’autres causes possibles à un problème posé. La plupart du temps, surtout quand ils travaillent en équipe, les humains ont tendance à n’attribuer qu’à une seule cause et non à plusieurs une action ou un événement donnés. Ils consacrent davantage de temps et d’efforts à chercher une cause qu’à chercher des explications supplémentaires ou à approfondir leur (supposée) connaissance des réalités qui les entourent. Nous croyons parfois tout savoir, mais de fait, nous ne savons pas grand-chose. Privilégiant la rencontre plus encore que la relation, elle invite à être constamment tenu en éveil par l’énigme (éthique et pas seulement cognitive ou fonctionnelle) que constitue l’autre. Ce n’est pas à partir d’une confrontation des logiques que j’entends (j’ai raison ou j’ai tort, je l’emporte ou je m’efface, je convaincs ou je me tais…), mais bien à partir de l’effectivité d’un décentrement. D’une pratique de l’étonnement volontaire pour accéder à une intelligence de l’Autre. Assimiler, c'est chercher à ce que l'autre soit le même que nous. Coexister, c'est confondre tolérance fade et véritable reconnaissance. Intégrer, c'es changer en échangeant sans se perdre ni se dénaturer !
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POUR UN AVENIR INTERCULTUREL ! POUR UN RENOUVELLEMENT DES IMAGINAIRES ! Nous étouffons ! Nous ne savons même plus regarder notre prochain ! Nous avons besoin d'un renouvellement de tous les imaginaires de la relation. Avoir un mode de description des choses et des relations – en l’occurrence interculturel – qui nous permet de faire véritablement monde commun. Si de moins en moins d’entre nous se sentent partie d’un tout qui les dépasse, c’est que nous sommes de plain-pied dans la société des individus. L’homme serait sur terre pour poursuivre son meilleur intérêt. Dans une société d’individus titulaires de droits naturels leur permettant de s’émanciper du lien social. Des individus qui ne veulent pas se sentir héritiers des appartenances situées en amont du sujet parce qu’elles entraveraient l’émancipation de l’individu. La société n’est plus la réalité première ! Alerte ! Vivre la rencontre interculturelle, c’est admettre que l’existence sociale se vit dans la controverse pour éviter à une opposition quelconque d’évoluer tout de suite vers un conflit. Une rhétorique de la ligne de front. Les changements sont à initier en nous. D’abord en nous. Ce monde sera différent si nous en modifions la représentation culturelle. Les images qui sont celles des ciels de nos idées. Nous rejoignons Felwine Sarr qui écrit « le changement véritable ne viendra que s’il émane des structures psychiques de la communauté humaine. Il ne procédera pas uniquement d’un ordre imposé par le haut : la loi, la politique ou les institutions »[1]. « À l’époque qui est la nôtre, des notions comme la compassion, la solidarité, la générosité relèvent désormais d’une terminologie minorée, déclassée et philosophiquement dévaluée. Dans des pays d’Europe occidentale, des individus sont même poursuivis par la justice pour délit de solidarité envers les migrants » [2]. « Faire société humaine, et plus largement construire une société du vivant est le défi de notre époque. Édifier une société qui reconnaît tous ses membres en élargissant le spectre de ceux qui appartiennent à la communauté aux étrangers, aux espèces animales et végétales, aux ancêtres disparus, à la Terre-Mère, à ceux qui ne sont pas encore là. Cette notion élargie de la société nécessite de repenser les figures du semblable, mais aussi les questions de l’altérité et de l’appartenance. Elle appelle à un élargissement du politique et a pour corollaire de repenser notre manière d’habiter ce monde » [3]. [1] : Felwine Sarr, Habiter le monde. Essai de politique relationnelle, Mémoire d’encrier, p. 16. « Nous vivons une profonde crise de la relationalité. Nous n’envisageons pas l’espace relationnel comme celui d’une fécondité nourricière, d’un enrichissement mutuel ou d’un jeu à somme positive » (Idem, p. 8). [2] : Felwine Sarr, Habiter le monde. Essai de politique relationnelle, Mémoire d’encrier, p. 7 et 8. [3] : Felwine Sarr, Habiter le monde. Essai de politique relationnelle, Mémoire d’encrier, p. 6.
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Analyse réflexive: Le "tu" (tutoiement) et le "vous" (vouvoiement) dans un monde de diversité culturelle🇧🇯🇫🇷. Dans un monde de diversité culturelle, il est important de faire de la tolérance le mot d'ordre pour éviter de tomber dans le piège de la discrimination culturelle. Pour le Français, le "tu" est employé pour faciliter les échanges, la collaboration et la coopération, aussi bien dans la société qu'en entreprise. C'est pour cela que la première des choses qu'un Français te demandera s'il constate la fluidité dans les échanges c'est: "Peut-on se tutoyer?". Pour l'Africain par contre, notamment le Béninois, le "vous" est employé comme signe de respect envers les personnes âgées, entre collègues et personnes avec lesquelles on n'a pas de relation étroite. En confrontant ces deux réalités nous pouvons tirer trois conclusions: 1- Tout le monde n'ayant pas les mêmes capacités d'adaptation, il est important de se renseigner sur les convictions culturelles des uns et des autres pour ne pas se livrer à la subjectivité dans ses critiques. 2- La capacité à s'adapter aux réalités des autres ne fait pas de nous des êtres bafouant nos convictions culturelles. C'est plutôt un signe de maturité culturelle et de tolérance avérées. 3- On peut bien préserver sa culture tout en étudiant d'autres. Ça participe au développement personnel et à la culture générale. Pour finir, dans un monde où nous sommes appelés à rencontrer des personnes n'ayant pas forcément la même culture que la nôtre, il ne faut pas obliger les autres à se conformer à nos valeurs culturelles. Cultivons la tolérance et pratiquons l'unité dans la diversité pour la paix dans nos relations. Mr Josh
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LE WOKISME, C'EST QUOI ? UN ENJEU INTERCULTUREL ! Imaginons un monde de consciences libérées ! Imaginons un monde où chacun s'attache à définir les concepts qu'il utilise ! Imaginons un monde où l'important est de s'ouvrir à la raison des autres et non systématiquement, avoir raison des autres ! C'est la rentrée... alors lisons... Laïcité, racisme, communauté, universalisme, stéréotypes, mais aussi rhizome, créolisation, wokisme…, nous vous proposons avec Michel Sauquet un abécédaire composé de cinquante entrées propose une interprétation résolument engagée de concepts qui structurent, interrogent ou étayent les réflexions autour de la question interculturelle. Sans prétendre à l’exhaustivité ni à l’objectivité, il complète et met à jour un certain nombre de définitions en les commentant brièvement de manière très accessible. Le lecteur est libre de se plonger dans ces différentes notions au gré de ses envies, d’ouvrir ainsi la porte à d’autres points de vue et de réfléchir à ses propres perceptions. Un ouvrage indispensable à l’heure où les extrémismes gagnent du terrain partout dans le monde, pour mieux imaginer ce que pourrait être enfin une société réconciliée dans sa diversité, plus juste et moins discriminante…
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Quand Sonia Mabrouk donne sa vision très pertinente du mot « #assimilation » qui est beaucoup critiqué . Elle la définit comme une « nécessité anthropologique : Demander aux arrivants dans un pays de se comporter de la même manière que les habitants du pays d’accueil , adopter les mêmes mœurs et codes culturels sans pour autant abandonner toute attache aux origines. Mais quand un pays ne se pense plus comme culture , comme identité , comme langue , comme nation , il n’y a plus rien à proposer aux arrivants . Le droit à la différence a pris le dessus sur le devoir d’assimilation et le wokisme y a beaucoup contribué . L’inclusion , c’est l’inversion de l’assimilation . Ce n’est plus à l’arrivant de prendre le pli de la société d’accueil , c’est au pays d’accueil de se transformer pour être le réceptacle de la diversité . Que faire devant la dissociation de plus en plus marquée entre la nationalité et l’identité ? Quand un pays comme la France aménage un vide sidéral , il ne faut pas s’étonner qu’une autre culture et d’autres mœurs ou une autre civilisation s’installent » Bravo Sonia . Les évidences feront leur chemin …🙏
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JEAN-FRANCOIS CHANLAT, PENSEUR INTERCULTUREL DE LA RELATION RETOUVONS-LE LE 20 FEVRIER PROCHAIN POUR LE LANCEMENT DU CLUB DE L'INTERCULTUREL ! Jean-Francois CHANLAT est d'abord un grand Professeur et je lui dois beaucoup. Sa pensée est une pensée du « oui » à la vie ! Un appel vivifiant et permanent à la confrontation des points de vue. La plupart des auteurs en management interculturel ont l’habitude d’attribuer ce qui arrive à une cause unique (la culture, l’Etat-nation, le Moi, le Je…). Une entité abstraite qui se laisse constituer, au final, en sujet d’une proposition. Jean-François Chanlat ne l’a jamais fait. Cela a toujours constitué pour moi une rare et belle singularité de sa réflexion dans le champ de l’anthropologie des entreprises et des organisations. Avec lui, comparer n’est pas unifier (dessiner une unité qui doit totaliser) mais multiplier les figures différentes d’agencement. S’il appelle à lui les contributeurs, multiplie les hypothèses et relance sans cesse les dés d’une fine compréhension, c’est que nulle explication - ultime et en surplomb - ne prévaut pour lui. Il n’a pas prétention à trouver de réponse. Quand une personne qui réfléchit parvient à nous montrer le monde autrement qu’on le voyait et nous touche au cœur, on peut dire d’elle que c’est une figure intellectuelle utile aux autres et à la société. La puissance de la pensée de Jean-François Chanlat, particulièrement en management interculturel, tient, à un « syncrétisme » tout bastidien[1], à une capacité à faire dialoguer les points de vue car aucune culture n’est entièrement opaque à ceux qui la font vivre. En aucune manière « maudit français », passeur de cultures à Alger ou à Douala, amoureux du Brésil, de Rio et de Salvador de Bahia, cette Terre de la Sainte Croix, lieu de confrontation entre catholicisme et traditions africaines, la personnalité de Jean-François Chanlat rassemble mais n’élimine pas[2]. Il différencie mais ne renvoie pas dans l’ombre[3]. Jean-François Chanlat a eu, toute sa vie, dans les mains, un « métier à métisser » comme aimait à le dire aussi René Despestre. Il en a fait bon usage. Avec Jean-François Chanlat, appréhender les cultures et la diversité du monde revient à saisir le nom de passages, « d’un quelque chose à quelque chose, d’un autre à un autre – qui va du configuré au configuré, jamais de l’informe à la forme »[4]. Retrouvons le, autour de son dernier ouvrage, qu'il dédicera, le 20 février prochain ! Un privilège ! [1] : Bastide, R. (1965), Le syncrétisme en Amérique latine, Revue Bulletin Saint-Jean-Baptiste, no 5, 4/2, pp. 166-171. [2] : Chanlat, J-F, (Dir), (1990, 2012), L’individu dans l’organisation, Les dimensions oubliées, Ste Foy, PUL, Paris, Eska. [3] : Chanlat, J-F, (1998), Sciences sociales et management. Plaidoyer pour une anthropologie générale, Ste Foy, PUL, Paris, Eska. [4] : Castoriadis C. et Ricoeur P. (2016), Dialogue sur l’histoire et l’imaginaire social, Paris, EHESS, p. 46.
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ARCHIPEL, CREOLISATION, METISSAGE, HYBRIDATION, PLI, DE-COÏNCIDENCE, RHIZOME... NOTIONS CLES POUR LE FUTUR DES RECHERCHES ET ACTIONS INTERCULTURELLES Avec Michel SAUQUET, dans deux ouvrages, nous décrivons un environnement devenu hautement « mondialisé » et même « globalisé » et avons recours à un arsenal philosophique des "devenirs" (Deleuze, Guattari, Glissant...) pour le comprendre. L’archipel humain. Vivre la rencontre interculturelle, ECLM, 2022. Télécharger en lien 👇🏻 Abécédaire de l'interculturel. 50 mots à prendre en compte par temps d'intolérance. Découvrir en lien 👇🏻 Chaque jour s’accroit la conscience que les problèmes humains, partout où ils surviennent et se propagent, déterminent des effets même dans les régions les plus reculées de notre globe. Nous devons penser une « culture des interdépendances »[1] qui se généralise comme fait social total[2]. Dès lors, nos sociétés occidentales contemporaines sont tiraillées par un changement d’imaginaire politique[3] : le passage de l’Un au multiple, de la pyramide au réseau et du réseau à l’archipel. Michel Foucault parle de passage d’une épistémè à une autre et du « discontinu qui fait qu’en quelques années parfois une culture cesse de penser comme elle l’avait fait jusque-là, et se met à penser autre chose et autrement[4] ». Aucune société n’est gouvernée par un seul type de valeurs, un seul ordre culturel, pas même les sociétés totalitaires. Ce qui existe, ce sont les ordres culturels et sociaux qui illustrent que nous éprouvons différemment et que « nous habitons aussi des mondes sensoriels différents »[5]. C’est notamment parce nous accordons à l’autre des intentions qu’il n’a pas que les enjeux culturels et interculturels surgissent. Le sens ne résulte pas d’un état de fait mais de perpétuelles interprétations qui peuvent s’avérer contradictoires. Dès lors, les repères de l’action collective, c’est à dire « les systèmes de représentation dans lesquels sont mises en forme les catégories de l’identité et de l’altérité », semblent de plus en plus fluctuants[6], liquides[7], poly-facettés. De plus en plus de nos contemporains valorisent leur propre singularité face aux différents groupes auxquels ils appartiennent en y étant comme de « passage ». [1] : Franscesco Susi, L’interculturalità possibile, Anicia, 2002, p. 7. [2] : Dominique Martin, Jean-Luc Metzger et Philippe Pierre, Les métamorphoses du monde, Le Seuil, 2003. [3] : Gilbert Durand L’imaginaire. Essai sur les sciences et la philosophie de l’image, Hatier, 1994. [4] : Edward T. Hall, La dimension cachée, Éditions du Seuil, 1971. [5] : Edward T. Hall, La dimension cachée, Le Seuil, 1971. [6] : Marc Augé, Non-lieux. Introduction à une anthropologie de la surmodernité, Editions du Seuil, 1992, p. 38. [7] : Zygmunt Bauman, La vie liquide, Le Rouergue/Chambon, 2006. Ana Altea Lorenzo Favia Alexandre Jost Eric Mellet Jean Pagès Bertrand Carroy Cristol Denis Olivier Meier Michel Barabel
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« Le véritable antiracisme, c'est l'assimilation» Sonia Mabrouk Si l’assimilation ne va pas de soi, elle représente une nécessité anthropologique, défend l’écrivain et journaliste dans un dernier ouvrage percutant, «Et si demain tout s’inversait». L’assimilation, c’est « demander à l'étranger, à celui qui arrive, de partager les mêmes codes culturels et les mêmes mœurs que le pays d’accueil », sans « effacer ses origines », explique-t-elle. Elle-même a appelé sa fille Soraya, « prénom arabe, d’origine persane » de sa mère défunte. Pourquoi ce concept revient en force? Il est le fruit d’un réflexe identitaire s’opposant à l’idéologie multiculturaliste qui s’appuie sur une logique contractualiste : selon elle, le corps social n’a pas d’identité propre transcendant le simple agrégat des citoyens mais une identité de juxtaposition d’identités particulières qui se valent toutes. Ainsi, au nom de l’égalité entre ces différents segments, l’assimilation est immorale et représente une violence pour le droit individuel. Cette révolte existentielle est aussi le fruit d’une immigration non contrôlée depuis 1974 (et le regroupement familial de VGE). Le peuple a ainsi été placé sans la moindre consultation devant une transformation fondamentale de la société française sans aucun débat démocratique. L’immigration de masse a désintégré le capital structurel de notre pays et son cadre d’accueil. Le retour de ce concept d’assimilation exprime finalement l’attachement du peuple à une identité « mode de vie ». Cette érosion identitaire blesse en profondeur son inconscient intime :estime de soi en chute, insécurité morale, plus de confiance en son pays et plus de fierté. Seulement une vraie assimilation se fait par adhésion et ne s’impose pas: cela va évidemment bien au-delà des avantages économiques et sociaux. La France d’aujourd’hui est-elle aimable? Ni
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8 moisL’interculturel vise à remettre en question l’idée que la différence implique nécessairement l’hostilité, un ensemble réifié et figé d’essences antagonistes, et une connaissance réciproque, construite sur cette opposition, qui considère l’autre comme un adversaire.