[ UN JOUR, UNE OEUVRE ]
Albert MARQUET
Notre-Dame de Paris, vers 1908
Les quais de Seine que Marquet représente de 1899 jusqu’à sa mort en 1947, sont d’une variété insoupçonnable… Les mêmes vues, les mêmes coins sont inlassablement scrutés. Trois éléments sont distingués : les quais eux-mêmes, les ponts et la Seine. Marquet conserve toujours la même composition : la diagonale, pour marquer le flux de la rivière, l’horizontale, le pont pour barrer la composition et créer l’horizon. Il y ajoute la vie mouvante de la ville : sur le quai, voitures hippomobiles, passants, ouvriers… et sur la Seine, des péniches, lavoirs et barques accompagnées de fumerolles blanches. Les effets atmosphériques de la brume, la pluie et la neige venant déstructurer les architectures. Notre tableau appartient à cette série, qui, chez Marquet, à la différence des séries de Monet, s’espaceront dans la durée. En 1908, le peintre s’installe au 19, quai Saint-Michel, dans le petit atelier que Matisse vient de quitter. De son étage élevé, il observe ici un matin pluvieux sur Notre-Dame : l’air hivernal est saturé d’humidité et fait disparaître les détails, synthétise les formes. De même, les couleurs se trouvent-elles restreintes, assourdies par les vapeurs, lavées par la pluie : bleus, violines, orangés plus ou moins rosés et nappe vert-bouteille de la rivière se ressouviennent du fauvisme des années précédentes. La méthode synthétique de Marquet nous offre ici un réel chef-d’oeuvre où l’artiste adopte les seuls détails permanents, capables d’assurer la force et la durée de nos sensations. On comparera utilement notre tableau à deux autres chefs-d’oeuvre : Notre-Dame sous la neige, Musée Cantonal des Beaux-Arts de Lausanne ou celui qui possède le même titre, au Musée d’Art Moderne, de la ville de Paris (Musée du Palais de Tokyo).
En vente le 3 décembre 2024
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Pauline Chanoit
Cabinet d'expertise Chanoit