Ancestrale, la rivalité entre Bordeaux et Toulouse a traversé les siècles pour devenir aujourd’hui une relation empreinte de « folklore », se manifestant davantage sur les terrains de football que dans le rugby, discipline phare du Sud-Ouest. Pourtant, au-delà des confrontations athlétiques, il est intéressant d’explorer les racines historiques de cette rivalité et de comprendre comment elle a évolué au fil du temps. Selon Serge Legrand-Vall, auteur du livre « Toulouse, Bordeaux : l’un dans l’autre » (2005), cette rivalité plonge ses racines dans le Moyen-Âge, époque où les ducs d’Aquitaine cherchaient à étendre leur influence sur le comté de Toulouse.
Une « volonté hégémonique » qui instaura un certain privilège aux producteurs de vin bordelais, leur permettant de commercialiser leurs produits avant ceux du haut pays garonnais. Cette compétition économique s’est intensifiée au XVIIIe siècle, alors que Bordeaux prospérait grâce au commerce transatlantique, laissant Toulouse à la traîne malgré son industrie aérospatiale plus récente.
Cependant, au fil du temps, un rééquilibrage s’est opéré entre les deux villes, notamment grâce à l’essor de l’industrie aérospatiale à Toulouse. Aujourd’hui, la rivalité est perçue davantage comme un élément « folklorique » par l’auteur, qui souligne qu’à part pour taquiner l’autre, Bordeaux et Toulouse n’ont « plus de réelles raisons » de rivaliser. La condescendance historique des Bordelais envers leurs voisins semble avoir cédé la place à une coexistence plus pacifique.
Le monde du sport, cependant, ne manque jamais de raviver les braises de cette rivalité. Alain Giresse, ancien joueur des Girondins de Bordeaux et entraîneur du Toulouse Football Club, se remémore avec passion des derbies de la Garonne, marqués par des victoires mémorables et une fierté régionale palpable. Ces confrontations sportives offrent un terrain fertile pour maintenir l’esprit de compétition entre les deux villes, même si la nature de cette rivalité a évolué au fil des ans.