Les résultats de notre groupe de travail ÉgalitéS : Le spectacle vivant public toujours inégalitaire.
Tel est le constat établi par le Syndeac - Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles à la lumière des différents chiffrages sur la parité qu’il a effectués ces cinq dernières années.
Depuis 2020, le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac) analyse la place accordée aux femmes dans les structures du spectacle vivant public (les théâtres nationaux et établissements labellisés par l’État, y compris les scènes conventionnées d’intérêt national, certains festivals jugés représentatifs et l’ensemble des lieux adhérents du Syndeac, même non labellisés) au regard de quatre indicateurs : les mises en scène, les textes, les distributions et le potentiel de public susceptible d’assister à des spectacles comprenant des femmes au plateau, à la mise en scène ou à l’écriture.
La présente étude s’attache à dresser un bilan au regard des cinq années écoulées. Or, force est de reconnaître, déplore l’ancien président du Syndeac, Nicolas Dubourg, que « les indicateurs, en hausse constante pendant les trois premières années, ne progressent presque plus, stagnent voire régressent ». Aucun d’entre eux n’est d’ailleurs paritaire.
Concernant la mise en scène, bien que les progrès soient continus puisque la part de spectacles mis en scène par des femmes est passée de 35% durant la saison 2019-2020 à 43% durant la saison 2023-2024, le déséquilibre hommes/femmes demeure patent. Deux champs disciplinaires, « auxquels les artistes femmes sont « naturellement assignées » », souligne l’étude, font exception : la marionnette (52% de productions montées par des femmes) et le jeune public (61%). En termes de labels, seuls les théâtres nationaux et les Centres dramatiques nationaux (CDN) se distinguent, respectivement avec 53% et 50% de metteuses en scène à l’affiche. En queue de peloton, se trouvent les Centres nationaux des arts de la rue et de l’espace public (CNAREP) avec 35% ; un pourcentage, de surcroît, en chute libre par rapport à la saison 2019/2020 (46%).
En légère évolution (+ 5 points) entre 2019 et 2024, le nombre de textes écrits par des femmes recueille non seulement le pourcentage le plus faible (34%, contre 29% voici cinq ans) de toute l’étude, mais « dépasse à peine le fameux seuil d’invisibilité théorisé par Reine Prat, à savoir 33% », fait remarquer le Syndeac. Comme pour la mise en scène, et pour les mêmes raisons que celles invoquées plus haut, le jeune public (45%) est la seule discipline à se démarquer. Le cirque est particulièrement en retrait (26% d’autrices, contre 31% il y a cinq ans), tandis que le théâtre bénéficie de la plus forte progression (34%, contre 28% en 2019/2020). Côté labels, les CNAREP sont les seuls à subir une diminution, en outre très forte : le pourcentage de textes portés par des femmes passe de 57% en 2019/2020 à 27% en 2023/2024.
(suite en commentaire)