Si je connaissais Mathis Dumas en tant qu'alpiniste et créateur, je ne connaissais pas #Inoxtag. Mais la découverte de son film #Kaizen, dispo gratuitement sur Youtube, est une belle et agréable découverte. Belle réalisation, état d'esprit sympathique, joli message. En gros :"coupez vos écrans, sortez découvrir les montagnes et parcourir nos espaces naturels, vivez vos rêves".
Sans surprise, malgré 16 millions de vues en un weekend, ce film attire beaucoup de critiques, notamment du monde de la montagne : ce docu-film entretiendrait un imaginaire de l'exploit sportif, d'une montagne à conquérir. Il sera trop personnel. Pas assez au service d'un nouveau récit et de l'écologie. Il ne valoriserait pas assez les sherpas...
Tout cela peut s'entendre, bien que je ne partage absolument pas ce constat. Le film valorise certes un parcours personnel, mais permet aussi de sensibiliser un public nouveau au monde de la montagne. Sur sa beauté, sa magie, mais aussi sa difficulté, sa dangerosité, ses contradictions.
De plus, je trouve les critiques particulièrement faciles. On ne peut d'un côté défendre une montagne accessible à tous, et taper sur un film qui démocratise comme jamais son univers. Autant un film peut être l'étincelle qui donne envie de couper son téléphone et sortir, autant l'apprentissage technique et du respect de notre environnement se fait au travers de la pratique : on apprend d'autant mieux à respecter ce que l'on connait, ce que l'on a appris à aimer. C'est le travail des pros, des associations, des collectivités : faire apprendre, sensibiliser et accompagner les nouveaux pratiquants.
Enfin, je ne peux m'empêcher de grincer des dents en voyant l'ancienne génération ayant allégrement exploité la montagne pendant des décennies (pour le plaisir personnel, pour l'exploit, voire pour en vivre) décerner aujourd'hui les bons et mauvais points à des jeunes qui découvrent le milieu alpin de façon respectueuse. Je ne peux qu'être rétif face aux leçons de morale de certains pros - alpinistes, sportifs ou photographes - vivant eux aussi de l'image de la montagne et de son exploration, sous prétexte qu'ils le ferraient depuis quelques années "pour la bonne cause" (oubliant qu'ils profitent ou profitaient aussi de la montagne comme décor, et qu'ils partent ou partaient en expe en partie grâce à leurs sponsors).
En bref, si le manga donne le goût du livre, et permet à des jeunes de tendre vers la littérature classique un jour, alors tant mieux. Même si ce n'est qu'un sur dix. Si le film #Kaizen permet à des jeunes d'éteindre leur ordi et de sortir, de découvrir la montagne, alors tant mieux. Car le principal est là, c'est le premier pas. Car c'est bien eux qui construiront le nouveau récit d'une montagne à respecter, et plus seulement à exploiter.
CEO Bookinou / Edtech soutenue par l'Éducation Nationale #lecture
2 mois👉 pour commander un Bookinou reconditionné : https://bit.ly/Linkedin-bookinou2evie