ça vaut combien un(e) Sénior

Bon, j’avoue, le titre est un peu provoquant mais, même libellée en des termes mieux choisis, la question mérite d’être posée.

Je m’explique. Je découvrais récemment, lors de la lecture du journal La Tribune, une interview de notre Premier Ministre Gabriel Attal dont je cite les propos : « A partir d’un certain âge, quand on perd son emploi, on est souvent condamné au chômage. Je veux débloquer les recrutements pour les seniors en créant un bonus emploi… lui permettant de reprendre un emploi moins bien rémunéré, sans perte de salaire ».

 Concrètement, un(e) salarié(e) de plus de 57 ans qui reprendra un emploi moins bien payé que le précédent se verra verser par l’assurance chômage un complément lui permettant de retrouver le même niveau de salaire (sachant que ce dispositif ne serait valable qu’un an).

 Certes c’est une solution pour favoriser l’emploi des seniors, mais je crois que nous pouvons envisager des approches complémentaires.

Ne risque-t-on pas que cette clause nouvelle censée lever le frein au recrutement des seniors ne les dévalorise à l’heure même où le marché du recrutement les regarde avec circonspection ?

 Ne peut-on pas dans un tel contexte retrouver encore plus de considération qui va de pair avec ce que peuvent apporter les seniors aux entreprises ?

 Car les seniors sont une véritable valeur ajoutée (qu’il convient de rémunérer comme tel). Prenons l’exemple des managers de transition. Leur vivier regorge souvent de personnes chevronnées, ils sont le gage d’une collaboration en bonne intelligence avec l’entreprise. Des exemples ?

 Un manager de transition senior ne pense plus en termes de carrière (son cursus solide parle pour lui), mais d’engagement. Ce qui compte à ses yeux, c’est l’impact de son action sur l’entreprise et, bien au-delà, sur la société en général et le monde qu’il laissera aux générations futures.

 Ses compétences sont un véritable butin de guerre. Il les a acquises au prix d’investissements, de prises de position, d’implications dans de nombreux challenges. Il a pu côtoyer les enjeux des grands groupes, les défis des petites structures. Et il est le premier à vous en faire profiter.

 Sa maturité lui a permis de gagner en sagesse. De proposer plutôt que d’imposer. D’accompagner plutôt que diriger. Son goût de la transmission est revigorant et plein d’enseignements. Les chiffres le disent : 90 % des seniors se disent prêts à transmettre leurs savoir !

 Et plus que tout, le goût d’apprendre est étonnamment plus vif que jamais chez la population senior. Je repense à cette chanson d’un autre « senior » qui fredonnait, avec la verve que l’on apprécie tant chez lui « Y a 60 coups qui ont sonné à l'horloge. J'suis encore à ma fenêtre, je regarde, et je m’interroge. Maintenant je sais, je sais qu'on ne sait jamais ». Ce savoir modeste, cet esprit plus curieux que jamais, font des seniors une force vive et stimulante.

 Pour ce qui est de ma propre expérience, depuis plus de 6 ans que j’exerce en tant que consultant, j’expérimente ce plaisir inédit de transmettre à des entreprises dont chaque univers s’apparente pour moi à une nouvelle aventure passionnante. Avec le détachement que seuls peuvent adopter des talents externes à l’entreprise, sans formatage, sans idée préconçue ni modèle pré-duplicable, je redécouvre ce sentiment de liberté qui me confère cette capacité à dire les choses, avec franchise, spontanéité et hauteur de vue.

Je me sens investi d’une mission, dans le sens noble et stimulant du terme, avec l’envie chevillée au corps d’accompagner ceux qui me sollicitent, de faire évoluer leurs pratiques managériales.

 En cela, le management de transition est une alternative parfaitement en phase avec les nouvelles donnes. Cela permet aux entreprises de s’offrir toutes les qualités d’un senior sans avoir à s’aventurer dans la mise en place d’un CDI ou d’un statut pérenne. Sur www.manag-in.com ils sont nombreux  à proposer leur profil, leurs expériences, leurs compétences dans un état d’esprit de disponibilité et d’adaptabilité que vous ne trouverez nulle part ailleurs.

 Dans la conjoncture compliquée que nous traversons et les turbulences auxquelles sont soumises le seniors et les entreprises, le management de transition me paraît plus jamais une solution pour résorber le chômage des seniors tout en reconnaissant leur valeur et leur employabilité dans les sociétés comme dans la société.

Alors, ça vaut combien un(e) senior ? La réponse tombe sous le sens : les seniors valent de l’or.

Gérard Arnaud