Écrire pour...

J'ai une certaine tendresse pour tous ces beaux mots que je vois ainsi mourir, opprimés par la tyrannie de l'usage qui ne nous en donne point d'autres en leur place
(Vaugelas).

 Le plaisir d’écrire est une passion que l’on laisse naitre en soi, qui nous prend, nous consume et nous laisse transparaitre l’intimité souvent impudique de nos profondes émotions.

Nous la laissons envahir les recoins de nos silences, ces bruits feutrés à peine audibles des mots que l’on couche sur une feuille de papier, aux caresses délicieusement sensuelles, tel le froufrou du satin d’une robe qui nous frôle nous faisant tourner la tête vers la belle qui nous séduit.

Les mots n’ont nul besoin de parfum pour nous enivrer, ni de couleurs pour nous égayer, les mots sont maîtres et serviteurs, jouant tout à tour ces personnages des scènes que nous faisons naitre au tournant d’une page.

Écrire c’est vivre l’adversité du dénuement quotidien d’une logique stérile, là où plus rien n’est épargné, on biffe, on coupe, on efface au nom du dieu rationnel, les technologies ont beau nous faire toucher les astres et les mondes futurs, elles ne peuvent comprendre que deux petites lettres, ou pire deux symboles. Des signes si puissants et pourtant incapable de comprendre ce qu’est une simple émotion humaine. Dans le code binaire nulle place pour l’être, la personne, l’humain, nul espace pour les mots du cœur, un tel lexique ne saurait comprendre ce langage qui ne soit celui de la froidure des machines.

Écrire c’est surtout garder vivante la mémoire des mots, ces mots qui disent notre histoire avant que le temps n’efface les traces ne laissant qu’un vague souvenir de vestiges que la relève de demain dira lors d’une visite dans les musées : « Nos ancêtres avaient de drôles de mots ! »

À la prochaine

Michel ©