Élection de Donald Trump Les gagnants, les perdants et ses effets sur le Canada.

Élection de Donald Trump Les gagnants, les perdants et ses effets sur le Canada.

Source: STEPHEN ROGERS, INVESTMENT STRATEGIST, I.G. INVESTMENT MANAGEMENT

Rappelons les grandes propositions économiques de Donald Trump :

 

  • Blocage du Partenariat Trans pacifique (PTP), renégociation avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et résiliation ou renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA)
  • Imposition d’un tarif douanier de 45 % sur les biens provenant de la Chine, à moins qu’on laisse fluctuer librement le yuan
  • Imposition d’un tarif douanier de 35 % sur les biens en provenance du Mexique pour sévir contre les entreprises américaines qui y externalisent leurs activités
  • Déportation des migrants sans papiers (ce qui réduirait d’environ 5 % la population active du pays)
  • Réduction des fourchettes d’imposition des particuliers, augmentation des déductions courantes, annulation des impôts sur les héritages et les cadeaux, élimination de l’impôt minimum de remplacement, imposition des gains en capital et des dividendes au taux marginal supérieur et annulation des échappatoires pour les plus fortunés
  • Réduction du taux d’imposition supérieur des sociétés, qui passerait de 35 % à 15 %
  • Autorisation des entreprises à rapatrier les bénéfices réalisés à l’étranger à un taux d’imposition de 10 % ou moins
  • Annulation des échappatoires dont profitent les gestionnaires de fonds spéculatifs

Les effets pour le Canada?

  • Les enjeux sont énormes, surtout pour le Canada, dont le premier partenaire commercial est son voisin du sud.
  • L’histoire nous apprend que les marchés canadiens s’en tirent mieux lorsque les démocrates, plutôt que les républicains, sont portés au pouvoir aux États-Unis en raison de l’étroite corrélation entre les marchés Américains et Canadiens en général.
  • Des jours difficiles pour le Partenariat Trans pacifique (PTP)
  • M. Trump a affirmé que le PTP signé — mais non encore ratifié — et qu’il renégocierait le pacte avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ou qu’il s’en désengagerait).
  • En vertu du pouvoir de promotion du libre-échange dont est investi le président américain et en utilisant le « processus accéléré » c.à.d. que le Congrès n’aurait plus qu’à se prononcer par un oui ou un non sur le traité auquel adhèrent 12 pays, au moment où le projet serait déposé.
  • Compte tenu de ce qu’il en a dit, il ne faut pas s’attendre à ce que Donald Trump dépose une proposition pour faire ratifier ce pacte.
  • L’actuel Président Américain Barack Obama tentera sans doute de déposer un projet au Congrès pour le faire ratifier avant l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, ce qui serait sans doute mal vu, en raison du mandat présomptif de M. Trump.
  • En principe, la réduction des échanges commerciaux met à mal les finances des consommateurs canadiens, et sans le PTP, la plupart des Canadiens se porteront financièrement moins bien que si ce pacte est adopté.
  • Pour les entreprises, si le PTP n’est pas ratifié, ce sont :
              • le transport maritime
              • aérien
              • Ferroviaire
              • et routier
              • le trafic portuaire et la logistique seront aussi frappés de plein fouet.
  • Certaines industries, par exemple la transformation alimentaire et la restauration, auraient pu se réjouir à l’idée d’une baisse des coûts des produits importés grâce au PTP. D’autres, comme le secteur des fruits de mer, souhaitent avoir plus largement accès aux marchés étrangers, actuellement frappés par des tarifs douaniers élevés.

Or, selon certains analystes, faire une croix sur le PTP serait éventuellement une bonne nouvelle pour l’industrie canadienne de l’automobile, qui serait moins bien protégée si le pacte était adopté.

L’ALÉNA

  •  M. Trump a déclaré qu’il veut annuler ou renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).
  • Cette remise en question de l’ALÉNA a de quoi inquiéter vivement les Canadiens, puisque ses dispositions sont intimement liées à presque toutes les chaînes d’approvisionnement et modèles d’échanges commerciaux nord-américains.
  • Le Canada entretient avec les États Unis, par rapport aux autres pays, de florissants échanges commerciaux depuis que l’ALÉNA est entré en vigueur, en 1994.
  • D’après un récent rapport d’Exportation et développement Canada (EDC), résilier l'ALÉNA reviendrait à hausser de 10 %, dans l’ensemble, les tarifs douaniers.
  • Dans son rapport, EDC estime que les exportations du Canada plongeraient de 4,5 %, que son produit intérieur brut (PIB) chuterait de 4 % et qu’il pourrait perdre 737 000 emplois.

Mais avant de céder à la panique semée par la menace qui pèse sur l’ALÉNA, il faut savoir :

  • que dans la campagne présidentielle américaine de 2008, M. Obama comme Mme Clinton avaient affirmé qu’ils renégocieraient l’ALÉNA, ce qui ne s’est jamais produit;
  • qu’il est fortement improbable que le Congrès approuve la résiliation de ce pacte, dont les principaux bénéficiaires appartiennent à de nombreuses circonscriptions électorales des membres du Congrès;
  • que lorsque Donald Trump critique l’ALÉNA, c’est généralement dans le contexte des échanges commerciaux avec le Mexique, et non avec le Canada.
  • Même si l’accord est renégocié, on ne sait pas vraiment dans quelle mesure il le sera avec le Canada.
  •  En somme, les effets que nous venons d’énumérer peuvent facilement avoir pour cibles le Canada tout autant que le Mexique ou la Chine.
  •  De plus, en raison de l’humeur plus protectionniste de la Maison Blanche, les dispositions des contrats et des marchés publics américains pourraient être plus restrictives et privilégier les produits et services américains, ce qui limiterait, pour les entreprises Canadiennes, les occasions d’y participer.

L’oléoduc Keystone XL

  •  M. Trump a affirmé qu’il est favorable à ce projet, mais uniquement si Trans Canada remet aux États Unis une « très large part des bénéfices, ou même les droits de propriété ». On ne sait pas vraiment s’il est favorable ou non à ce projet.

Les autres gagnants et perdants au Canada

  •  Au-delà des répercussions sur le projet Keystone XL et sur les entreprises tributaires de l’ALÉNA, pour une constellation d’entreprises canadiennes présentes aux États Unis, les débouchés pourraient être plus ou moins prometteurs, selon les perspectives de leurs homologues dans l’industrie américaine.
  • En gardant cette éventualité à l’esprit, voici une vue d’ensemble des gagnants et perdants potentiels par secteur selon les propositions du président élu Donald Trump;

Les grands gagnants de l’élection de Donald Trump;

    •  Le secteur de l’Énergie;
              • M. Trump est d’accord pour accroître le nombre de sites de forage, est favorable au projet Keystone XL de Trans Canada et s’est exprimé en faveur de l’industrie charbonnière et d’un allégement de la réglementation sur l’énergie.
      1. Défense et sécurité intérieure;
              • Il faut s’attendre à ce que les activités de renseignement, les dépenses militaires et les contrôles aux frontières augmentent et à ce qu’on donne plus d’importance à la lutte contre l’État islamique.
      2. Dépenses de consommation discrétionnaire;
            • Les travailleurs à revenus faible et moyen dépenseront plus, puisqu’ils paieront moins d’impôts.
      3. Multinationales disposant de fonds à l’étranger;
            • Réforme favorable de la fiscalité du rapatriement des fonds.
      4. Les Banques;
            • M. Trump critique les politiques monétaires de la Fed. Le nouveau président qu’il nommerait à la tête de la Fed relèverait les taux d’intérêt, ce qui dynamiserait la rentabilité des banques. M. Trump, qui s’oppose aussi au morcellement des grandes banques, a déclaré qu’il modifierait ou abrogerait la Loi Dodd Frank.
      5. Les Compagnies d’assurance et de soins médicaux privés et les compagnies de matériel médical;
            • M. Trump s’est engagé à abolir l’Affordable Care Act (ACA) et à la remplacer par des régimes privés. L’élimination des taxes sur le matériel en vertu de l’ACA relance les activités des entreprises de fabrication de matériel.
      6. Les Sociétés américaines déjà actuellement durement touchées par la concurrence internationale;
            • Programme protectionniste anti-libre échange.
      7. Les Sociétés de construction d’infrastructures;
            • M. Trump propose d’énormes dépenses d’infrastructures (dont la construction d’un mur entre les États Unis et le Mexique), ce qui serait une mine d’or pour l’industrie de la construction.

Les grands perdants de l’élection de Donald Trump

  • La plupart des multinationales américaines seront largement perdantes si les prochains pactes de libre échange sont torpillés et que les pactes existants sont résiliés
  • Les sociétés de transport ferroviaire et maritime en souffrirons elles aussi, surtout celles qui assurent les échanges commerciaux avec le Mexique et la Chine.
  • Le secteur des Énergies de remplacement;
            • M. Trump est contre les éoliennes et ne croit pas au changement climatique. Il faut s’attendre à ce que les républicains annulent les subventions et les congés fiscaux pour les énergies de remplacement et renouvelables.
  • Entreprises Américaines faisant fabriquer ailleurs leur production;
            • Elles seront frappées de plein fouet par les tarifs douaniers sur les biens importés du Mexique et par les changements apportés au programme de visa H1 B.
  • Le secteur du Logement;
            • L’expulsion de millions d’immigrants illégaux réduira la demande de logements en propriété et en location.
            • Les propositions de réforme fiscale pourraient réduire les avantages fiscaux consentis au logement et accroître les taux hypothécaires dans le cadre d’une réforme du financement du logement.
  • Les Sociétés pharmaceutiques, les hôpitaux et les organismes de soins de santé intégrés;
            • M. Trump est favorable à des lois visant à permettre de négocier les prix des médicaments sur ordonnance dans le cadre du régime Medicare.
            • L’abrogation de l’ACA nuirait aux hôpitaux et aux organismes de soins de santé intégrés.
  • Les Sociétés de transfert de fonds;
            • Puisqu’il y aura moins d’immigrants illégaux, il n’y aura plus autant d’argent envoyé au Mexique et dans plusieurs autres pays.
  • Les Banques d’investissement;
            • Après une première flambée de volatilité, l’incertitude avivée des investisseurs sous la présidence de Donald Trump pourrait les amener à repousser leurs investissements locaux et internationaux.
            • Les banques présentes sur les marchés de capitaux et dans les opérations bancaires d’investissement seraient durement frappées par la baisse du volume des échanges.

 En résumé

  •  Rappelez-vous, chaque changement (bon ou mauvais) contient toujours de nouvelles occasions d'affaires pour ceux qui savent les saisir, comme le suggèrent ces sages paroles…

 Lorsque le vent se lève, certains érigent des murailles d’autres construisent des moulins…

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Lise Pilon

Global Human Resources Director at Evizone Ltd.

8 ans

Très bon article qui fait le tour des 'promesses' de Trump. J'espère que tout ce Trump à 'trompé ' durant sa post election sera tamisé durant son exécution . Par contre, ses propos haineux et racistes, m'inquiète plus car ceux ci attisent la colère et la haine

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