Établissement d’un nouveau record climatique en mai 2019

Établissement d’un nouveau record climatique en mai 2019

Par Yves Guérard, FICA

 Le changement climatique est un phénomène complexe qui représente bien plus qu’un simple changement des températures mondiales. Partout dans le monde, la réalité nous montre que le changement climatique signifie aussi des changements au chapitre des précipitations, des vents, des sécheresses, des inondations et du niveau de la mer.

 Comme l’impact du changement climatique est à la hausse, il est utile que les actuaires soient mieux informés quant aux facteurs à l’origine de l’augmentation du réchauffement. L’Indice actuariel climatique repose sur des données rétrospectives et n’offre pas de projections, mais permet de mieux comprendre les divers effets du changement climatique, y compris l’incertitude quant à la date, l’intensité ou la localisation géographique, leur probabilité ainsi que les tendances. Le site Web de l’ICA offre d’autres ressources.

 La hausse constatée des températures mondiales est la conséquence de l’accumulation dans l’atmosphère de gaz à effet de serre (GES), le principal étant le dioxyde de carbone (CO2). Bien que la relation entre la concentration de GES et le changement des températures ne soit pas linéaire, le réchauffement de la planète augmente avec la hausse des concentrations. Un indicateur clé de ces concentrations est la courbe de Keeling, que tient à jour la Scripps Institution of Oceanography.

L 11 mai dernier, la courbe de Keeling indiquait que la concentration atmosphérique de CO2 atteignait 415,26 parties par million (ppm). C’était la première fois que la moyenne quotidienne dépassait les 415 ppm. Les records antérieurs avaient été établis en mai 2017 et 2018, respectivement à 409,91 ppm et 411,31 ppm, ce qui montre une continuité dans la tendance à la hausse.

 La courbe de Keeling suit à la trace la concentration quotidienne de CO2 dans l’atmosphère, mesurée à l’observatoire de la National Oceanic and Atmospheric Administration, situé à Mauna Loa, à Hawaii. Outre les moyennes quotidiennes, le site Web présente des graphiques pour la semaine précédente et pour les deux dernières années, en plus de toutes les données enregistrées depuis 1958. D’autres estimations sont offertes pour les années 1700 à aujourd’hui, pour les 10 000 dernières années et les 800 000 dernières années, toutes reposant sur des données de carottes glaciaires. L’année 1700 a été choisie comme point de référence pour représenter la période préindustrielle, tandis que la période de 10 000 ans marque le début de la période géologique actuelle, l’holocène, qui a suivi la dernière glaciation.

 Les nouveaux utilisateurs de la courbe de Keeling pourraient s’étonner d’y découvrir une variation saisonnière de la concentration de CO2. La courbe atteint un maximum en mai et un minimum en septembre, car il y a plus de végétation pour absorber le CO2 en été au nord de l’équateur.

 Selon le site Web de la courbe de Keeling [traduction libre] : « Avant la révolution industrielle, les concentrations de CO2 avaient fluctué pendant des millénaires, mais, au cours des 800 000 dernières années, elles n’ont jamais dépassé les 300 ppm. » La première mesure, effectuée en 1958, a été de 315 ppm et, en 2013, cette valeur a dépassé les 400 ppm pour la première fois dans l’histoire de l’humanité. En septembre 2018, le minimum a été de 405,59 ppm.

 Les experts estiment que la concentration de CO2 ne doit pas dépasser 450 ppm pour qu’il y ait une probabilité de 66,7 % que l’augmentation de la température mondiale reste inférieure à 2 degrés Celsius (la cible de l’Accord de Paris). Au cours de la dernière décennie, la concentration de CO2 a augmenté à un taux de 2,2 ppm par an et elle s’accélère. Si ces tendances se maintiennent, nous dépasserons le seuil de 450 ppm dans 15 ans ou moins. 

 Il n’est pas étonnant que le résumé des constatations du Douzième sondage annuel sur les risques émergents, publié au printemps par la Section conjointe sur la gestion du risque, une collaboration de l’Institut canadien des actuaires, la Casualty Actuarial Society et la Society of Actuaries, indique que le risque climatique est devenu le principal risque émergent, supplantant la cybersécurité/l’interdépendance des infrastructures. Plus tôt cette année, le Global Risks Report 2019 du Forum économique mondial indiquait que les phénomènes météorologiques extrêmes et l’échec de l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique, étaient respectivement considérés comme les premier et deuxième risques les plus probables et les deuxième et troisième risques ayant le plus d’impact (les armes de destruction massive arrivent au premier rang à ce chapitre).

 Il n’est donc pas surprenant non plus que partout dans le monde, des Nations Unies aux écoliers, on ait sonné l’alarme et appelé à des actions immédiates pour réduire les émissions de CO2. Nous devrions tous chercher des moyens d’accroître la probabilité de réussir à maîtriser les risques climatiques.

 Cet article a été rédigé dans le cadre de la série d’articles Voir au-delà du risque de l’Institut canadien des actuaires. Écoutez la baladodiffusion, abonnez-vous au profil LinkedIn de l’ICA ou consultez son site Web.

 

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Autres pages consultées

Explorer les sujets