Évangile selon Data
L'année dernière, j'ai intégré un secteur que j'eus tendance à me représenter comme une mystérieuse forêt de brume : la Data ! Dotée d'un profil plutôt littéraire, je n'ai jamais été une grande amatrice de mathématiques ou férue endiablée d'informatique. Néanmoins, le challenge soulevé par mes mentors -loin de requérir moult savoir-faire techniques ou technologiques- mettait plutôt en lumière une problématique holistique : comment promouvoir une culture data omniprésente au sein des organisations ? Catalyseur d'innovation, de transformation et de prise de décision éclairée, je me suis progressivement représenté la Data comme une sorte de prophète dématérialisé, proche du transhumanisme.
C'est ainsi que j'ai découvert le monde sibyllin de la "data évangélisation", et les grands enjeux qui en découlent.
Après un an d'immersion, quel est mon constat ?
Impulsée par la transformation numérique, la data s’est érigée en un levier de croissance indéniable et les organisations s'y "convertissent" peu à peu. Selon l'Observatoire de la Maturité Data (OMDE), qui s'interroge sur la mise à profit des données dans les entreprises, 1/4 des répondants à l'enquête de 2023 se déclarent en capacité d'exploiter correctement leurs données : un chiffre encore faible mais en nette augmentation face aux années précédentes. Avec les avancées technologiques et la puissance de l'IA ; les outils, notamment les solutions analytiques visent à être simplifiés, fluidifiés, pour permettre un maximum d'accessibilité et encourager une démocratisation de la donnée.
Pourtant, dans une enquête de 2021 réalisée par NewVantage Partners, 92,2 % des grandes entreprises déclarent qu'elles continuent de se heurter à des défis culturels liés à l'alignement organisationnel, aux processus commerciaux, à la gestion du changement, à la communication, aux compétences interpersonnelles et à la résistance ou au manque de compréhension. Les projets data ne sont pas épargnés et l'apport des experts, les équipes et infrastructures techniques, déterminants au début du passage à l’échelle data des organisations, ne suffit plus. En effet, le prédicateur Data se heurte aux croyances profondes de ses disciples. Vous me voyez venir (ou pas ?) : le nouveau sujet à la mode, c'est l'acculturation.
La culture data, c'est quoi ?
Elle est sur toutes les lèvres, pourtant l'idée même de culture de la donnée semble assez polysémique. Au sens épistémologique, la culture data serait une nouvelle manière de produire et d'acquérir de la connaissance pour s'élever en tant qu'individus. Au sens humaniste, elle interroge la place de l'humain dans un monde "datafié".
Ainsi, si cette notion de culture data est l'Evangile des temps modernes, je crois que c'est parce qu'aucun projet d'analyse de données ne peut connaître le succès sans embarquer l'humain, avec le bagage de ses croyances et de sa subjectivité ! C'est d'ailleurs l'objet du TEDx d'Andrea Olson "Why data doesn't change minds" qui met en lumière l'impact des perceptions individuelles sur les décisions, et ce même quand on est CEO d'une organisation colossale. Parfois, ignorer les données est une forme de signal de résistance, qui démontre un écart de perception. Dans de telles situations, au lieu de s'acharner à prouver le phénomène en augmentant la quantité de données, en améliorant leur qualité etc... il convient plutôt de déplacer notre réflexion. Ainsi, l'experte en changement de culture organisationnelle soumet l'idée de passer des faits et des chiffres aux aspects cognitifs. Il ne s'agit pas de comprendre le symptôme d'une attitude réfractaire mais plutôt sa cause : une nuance fine mais absolument essentielle. Cette analyse rejoint le pitch de Data Galaxy, qui propose une plateforme de connaissance des données : la société revendique un outil qui permet "d'humaniser les données", une véritable passerelle entre les équipes techniques et métiers.
Ainsi, pour favoriser un environnement organisationnel dans lequel les décisions sont éclairées par la donnée, le prérequis ultime est de prendre conscience que les erreurs les plus imperceptibles proviennent d'entre la chaise et la machine. Je crois que l'on qualifie à tort les outils technologiques de "solutions" : ils ne sont que les moyens mais la solution (et la création de valeur) réside toujours dans l'humain !
Comment devenir data-driven ?
Être data-driven en 2024, c'est le graal de la performance, de l'efficacité et de la compétitivité. Les chiffres sont sans appel : selon une étude du Monde Informatique, les entreprises perdent en moyenne 2M d'euros par an à cause de défaillances dans la manière de traiter les données ; les organisations qui utilisent intensivement l’étude du client ont 19 fois plus de chance d’être rentables ; et j'en passe. Un exemple très simple de société victime d'un pilotage à l'aveugle : la chute du géant Blockbuster, aspiré par un nouveau modèle de streaming proposé par Netflix et basé sur les préférences des clients.
Il est toutefois important de comprendre qu'une culture axée sur les données ne se construit pas du jour au lendemain ou par le biais d'une initiative ponctuelle : il s'agit plutôt d'un processus graduel qui implique de cultiver certains « piliers » au sein de l'organisation.
Tout d'abord, il convient d'assurer un environnement technique qui réduit voire supprime le silotage et assure des données fiables et qualitatives. Prenons l'exemple de la société Jules : en 2022, l'entreprise française a dû moderniser ses systèmes d'exploitation et tisser une stratégie centrée sur les métiers. Au programme : la révision totale de l'architecture de données avec l'adoption d'un Data Hub pour centraliser les informations, et l'exploitation d'outils comme DBT et xDI de Semarchy pour l'intégration et la transformation. Par ailleurs, l'enseigne envisage de déployer un catalogue de données pour favoriser l'accessibilité et la transparence.
Mais comme nous l'évoquions plus tôt, être data-driven est bien plus qu'une simple question de technologie. La société Jules a ainsi poursuivi ses efforts avec une stratégie d'acculturation, visant notamment à favoriser la BI en libre-service. Ce propos du responsable data au sujet des produits analytiques résume à merveille la philosophie : "On parle des problématiques et non des KPIs". Formations massives, coaching ou encore événementiel, l'entreprise s'est mise sur tous les fronts pour dynamiser la communauté d'utilisateurs, créer de l'engagement, et ancrer de nouveaux comportements culturels. L'intention : développer des automatismes où chaque problématique fonctionnelle est abordée sous le prisme de vérités empiriques.
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Des groupes comme AXA, BPCE, Société Générale ou même Michelin, qui ambitionnent de devenir des Data-Driven Companies, ont su mettre en place des dispositifs prometteurs, tous marqués par le même souci d’une pédagogie concrète, au plus près du terrain, pour sensibiliser le plus grand nombre en démocratisant l’accès et l’usage des données.
Enfin, grâce à des insights avancés et des tâches automatisées, l'IA générative contribue au rayonnement des données et favorise considérablement l'accessibilité. Juliette Bechdolff, Head of Data & AI Strategy chez AXA GIE, témoigne dans le podcast YUNIK de la mise en place d'un GPT sécurisé, qui permet aux équipes de profiter de la réelle force de frappe des LLMs d'Open AI.
Concrètement, quelle est la stratégie ?
C'est bien beau tous ces constats me direz-vous, mais quelles sont les actions concrètes pour définir et promouvoir votre culture data et "évangéliser" vos utilisateurs ?
Sur le plan fonctionnel, trois piliers me semblent fondamentaux :
Des données intelligibles : Tout d'abord, il est indispensable de favoriser la compréhension et l’interprétation des données afin qu'elles soient accessibles à tous, notamment en développant la Data Literacy. Pour ce faire, on propose des plans de formation et de coaching pour développer les compétences, des glossaires ou dictionnaires de données, ou encore de la documentation / processus adressés aux utilisateurs.
De la communication : Ensuite, il s'agit d'informer sur les règles et pratiques, et de dynamiser l'utilisation des outils au travers de gamification, vidéos et supports d'informations, évènements ou challenges par exemple. Le storytelling et les leviers de communication sont l'une des clefs de l'acculturation !
Du management / de la communauté : C'est dans le management que réside le premier levier du développement des comportements. La figure managériale est un guide, parfois un gourou moderne, qui doit porter tel un prophète l'Evangile de son entreprise. Ainsi, il a entre autres pour rôle de fédérer les utilisateurs, et développer des points de contact pour favoriser leur engagement et leur intérêt. Pour développer une dynamique communautaire, on peut utiliser plusieurs types d'outils internes, ou encore instaurer / réviser certains process afin de fluidifier le partage de connaissances.
L'acculturation est avant tout une démarche personnalisée, intimement liée au contexte organisationnel et à la culture d'entreprise. Pour amorcer une réflexion autour de ces questions, il est donc impératif d'engager un échange approfondi avec les équipes et Directions, et de mettre sans cesse l'humain au cœur de toute décision !
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Cet article est rédigé à 0% avec Chat-GPT, mais s'appuie à 100 % sur d'autres ressources soigneusement vérifiées, analysées, et soumises à une réflexion critique constructive mais toujours, toujours subjective.
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