10 principes de base pour une "bonne"parentalité
Je me revois, cela fait pourtant 10 ans, enceinte de ma petite fille, en pleine rêverie. Je l’imaginais physiquement d’abord, puis le caractère, les passions, les valeurs… Je passais plus de temps à l’imaginer elle, que de me projeter dans mon tout proche rôle de mère. Je ne savais pas encore à quel point mes choix de parent allaient déterminer l’individu qu’elle allait devenir.
Le jour de sa naissance, jeune mère inexpérimentée que j’étais, je passais mon temps à m’interroger sur les moindres gestes de ma part. La peur de mal faire. La peur de lui donner de mauvaises habitudes. D’être trop disponible ou bien pas assez… La communication entre ce petit être et moi est devenue beaucoup plus intuitive au fur et à mesure des jours et des semaines, oubliant alors les questionnements du départ.
Jusqu’à ces 7 ans, je l’ai élevé toute seule. Maman solo, c’est un vrai challenge du quotidien. Être l’autorité et la douceur. Assurer la rigueur et les câlins, les bobos et les devoirs. Mais le plus difficile est de n’avoir personne avec qui échanger sur les doutes liés à la parentalité. Il est très complexe d’avoir du recul sur nos actions, nos positionnements sans avoir quelqu’un en face qui fasse miroir.
Le jour où nous avons été trois à la maison, beaucoup de choses ont changé. La première chose flagrante c’est le droit de souffler ! Quelqu’un pour prendre le relais quand la fatigue se fait trop sentir ou que les émotions sont à fleur de peau. Mais, le point essentiel est surtout de soudainement former une équipe. Une équipe éducative de choc !
Dans cette nouvelle configuration familiale, les interrogations vécues à la naissance sont soudainement réapparues. Que lui transmettre ? Quelles sont les limites à poser ? Quel est le rôle d’un parent éducateur ? L’occasion de me rendre compte que j’avais peut-être parfois perdu de vue la vision à long terme pour simplifier le quotidien.
Dans son livre « The ten basic principles of good parenting » Laurence Steinberg, professeur de psychologie américain met en avant 10 principes de base pour aller vers une « bonne » parentalité. Il définit le rôle des parents par l’apport d’une éducation qui favorise l’empathie, l’honnêteté, l’autonomie, la maîtrise de soi, la gentillesse, la coopération, la bonne humeur, la curiosité, la motivation, le désir de progresser et de créer.
En tant que thérapeute, j’ai vu vu un tas d’adultes qui portent encore des douleurs d’enfance, des rancœurs, de l’insécurité. Très souvent, leurs fardeaux sont des choses qui auraient pu se régler très facilement pendant l’enfance. Alors, il s’agit de garder les yeux grands ouverts sur le comportement de nos enfants et de les voir tels qu’ils sont et non pas tels qu’on voudrait qu’ils soient.
Voici les 10 principes mis en avant par Laurence Steinberg :
Montrez l’exemple
« La seule manière intelligente d’éduquer consiste à être soi-même un exemple. »Albert Einstein
C’est en vous regardant que votre enfant apprend le plus. Cela s’appelle le phénomène d’imitation. Dès le plus jeune âge, vous pouvez les voir vous emprunter des expressions ou bien certaines gestuelles. Parfois, il y a même un côté flatteur… Nous le savons bien, dans l’apprentissage de la politesse par exemple, plus notre langage est grossier, plus le langage de notre enfant sera parsemé de gros mots. Comme tout le monde, certains mots m’ont échappé quand ma fille était trop petite pour faire la différence entre les mots qu’elle peut dire ou non. Le résultat ne sait pas fait attendre ! Un mot vulgaire sortit de la bouche d’un si jeune enfant est suffisamment choquant pour se mettre à surveiller notre langage.
Mais leur imitation ne s’arrête pas là. Votre rapport au monde, à vous-même, au travail, à la contrainte, à vos propres parents….sont source d’apprentissage permanent. Bruno Bettelheim, psychologue autrichien soulignait : « les parents ne sont pas seulement formateurs de l’enfant, mais aussi les êtres par lesquels il pourra s’orienter. Il ne cessera de les observer, de les étudier pour voir ce qu’ils font et comment ils le font et d’essayer de connaître leurs sentiments les plus refoulés. C’est ainsi que ses parents lui montrent qui il doit être et comment il y parviendra […] ».
Un enfant, incapable de faire la part des choses entre le bien et le mal, entre ce qui est bon pour lui ou ce qui est mauvais, reproduit sans discernement ce qu’il voit et ressent. Valoriser un enfant serait donc peu utile si cela vient d’un parent qui manque cruellement de confiance en soi.
C’est surement la partie la moins simple de l’éducation car une vraie introspection et un travail sur soi sont nécessaires. Il ne s’agit pas d’être parfait car votre enfant doit aussi apprendre l’imperfection. Il s’agit plutôt de régler unes à unes les problématiques limitantes de votre existante. Manque de confiance, peurs, traumatismes… tous ces fardeaux ont forcément du poids dans l’éducation que vous donnez à votre enfant.
De mon côté, plus j’en mets derrière moi, plus je me sens libre dans ce que je transmets à ma fille. Dépasser les peurs permet d’être au plus proche de nos valeurs profondes.
L’affection
Les scientifiques le prouvent, à chaque fois qu’on materne un enfant, il sécrète de l’ocytocine. C’est l’hormone qui entre en jeu quand il s’agit de ressentir de l’amour ou de l’empathie. Plus globalement, elle joue un rôle dans toutes les relations humaines et va avoir un effet calmant. Elle augmente le sentiment de confiance et d’attachement.
L’affection participe également à la maturité de circuits neuronaux des enfants. Certains parents peuvent avoir peur de donner trop d’attention, voir trop de câlins. Mais c’est au contraire le manque d’affection qui crée un sentiment de dépendance à l’âge adulte. Cela s’appelle, la dépendance affective et entraîne une quête perpétuelle d’amour. Elle n’existe que chez les personnes qui ont le sentiment de ne pas avoir été assez aimées.
Être rassuré et consolé est un besoin vital de l’enfant. Son cerveau immature n’a pas encore appris à gérer les émotions. Il est essentiel de leur montrer notre présence et notre affection en cas de tempête émotionnelle.
L’implication
Soyez là sans téléphone ni télé en arrière-plan. 54% des enfants pensent que leurs parents passent trop de temps sur leur téléphone. L’enfant a besoin d’être entendu, c’est même vital pour son évolution. Il doit développer le sentiment qu’il est important. Dans la pensé normative, nous imaginons que les enfants doivent écouter les parents alors qu’en réalité, c’est tout à fait l’inverse !
Prenez le temps d’écouter les besoins de votre enfant et de les regarder réaliser leurs exploits ! Votre attention nourrira une bonne estime de lui-même. Plus vous portez d’attention à un comportement plus il a des chances de se reproduire. Alors soyez complètement impliqué quand il vous montre ses progrès en lecture ou bien aidez-le à ranger sa chambre en valorisant son organisation.
L’adaptation à l’âge de l’enfant
A 3 ans ou à 10 ans, vos enfants ne présentent pas du tout les mêmes besoins. Sur un plan physiologique d’abord, les rythmes vont être très différents. Le besoin de bouger, de dormir, de manger, d’attention ne cessent d’évoluer et vont même être inégaux d’un enfant à l’autre. Soyez attentif à ce que leur corps réclame et vous favoriserez ainsi une évolution plus sereine.
D’une manière instinctive, nous allons babiller auprès d’un bébé. Certaines études prouvent d’ailleurs qu’ils perçoivent mieux les sons aigus. Cette adaptation naturelle est favorable à l’évolution de l’enfant. Adaptez votre langage, votre communication et vos attentes.
Les tout-petits ne savent pas maîtriser leurs émotions. Vous ne pouvez donc attendre d’eux qu’ils soient emplis de sagesse.
Mise en place de règles
Même si elles ne plaisent pas toujours, l’enfant a besoin de limites. Les règles doivent être claires mais surtout constantes. Les routines rassurent l’enfant, ainsi, il peut anticiper la suite des événements et être apaisé. Selon les experts, les enfants qui n’ont aucune limite à respecter se sentent angoissés et perdus, parce qu’ils jouissent, tout simplement, d’une trop grande liberté.
Quand elles sont posées de manière précise et répétée, l’enfant les automatise. Par exemple, « après manger, tu dois te brosser les dents ». Au début, vous l’accompagnez. Vous lui montrez comment faire. Puis, il vous montre comment il sait le faire. Jusqu’au jour, où il sera assez grand pour y aller tout seul. Cette règle quotidienne sera au fur et à mesure parfaitement intégrée. Cela va l’aider à gagner en autonomie.
Pour la vie en société, il doit apprendre très vite, qu’on ne peut pas tout faire. « Non, on ne peut pas se promener tout nu dans le salon ! ». Toutes ces règles, politesse, partage, courtoisie … vont l’aider à avoir des relations harmonieuses avec les autres (famille, amis, voisinage…). Ces relations-là sont essentielles à son bien-être.
L’autonomie.
Il est parfois frustrant de voir notre petit grandir. Lui qui, il y a quelques mois encore avait besoin de nous pour accomplir une tâche, le voici sûr de ses gestes. C’est un art de lâcher et de les laisser expérimenter sans leur transmettre le besoin d’être indispensable pour eux ou nos propres peurs. Moi-même, j’ai réalisé avec l’arrivé de mon conjoint, les nombreuses erreurs que je ne lui permettais pas de faire. Elles sont pourtant essentielles.
Peut-être que vous connaissez déjà la métaphore du papillon. Un homme se promène dans une forêt. Il voit au loin, un papillon qui se débat pour sortir de son cocon. Pensant bien faire, minutieusement, il débarrasse l’animal des couches qui l’enserrent. Voici le papillon libre. Libre mais à terre… Il ne vole pas. Pourquoi ? Car c’est dans la lutte pour sortir de son cocon que le papillon prépare ses ailes pour voler.
Nos enfants sont comme de jolis papillons. Ils ont besoin de tester, d’expérimenter, de vivre. Ils doivent se confronter à la vie pour en comprendre le sens et surtout devenir forts.
Cohérence
Un jour oui, un jour non. Papa dit oui, maman dit non. Voici la recette idéale pour perdre un enfant. Il ne s’agit pas de n’avoir aucune souplesse dans le quotidien, car votre enfant a aussi besoin d’apprendre la flexibilité. Mais la base doit toujours être la même et les règles, avoir du sens pour lui.
Non-violence
Une étude de Jeewook Choi, de l’université de Harvard démontre que les paroles humiliantes, méprisantes, blessantes ont des répercussions néfastes sur le cerveau des enfants et altèrent le fonctionnement des circuits neuronaux et de zones participant à la compréhension du langage.
« Plus le parent est dur, rigide, non compréhensif, plus l’enfant ressent de la colère contre le parent. Il peut devenir réellement agressif. Il va faire subir aux autres ce qu’il a subi, c’est-à-dire les dominer, les soumettre par la force, l’humiliation. La provocation devient sa manière d’être. » Catherine Gueguen
Plus l’enfant est éduquer avec la peur, plus il ressent du stress. Afin d’obtenir un comportement désiré chez votre enfant, il sera beaucoup plus efficace de lui donner envie, plutôt que de le soumettre.
Explication
Votre enfant a besoin de comprendre les raisons de vos décisions le concernant. Cela invite à beaucoup de remises en question de notre part car cela met en lumière certaines de nos contradictions.
Un tout petit ne peut comprendre le sens des règles que vous lui imposez. Il aura donc tendance à les vivre avec beaucoup de difficultés voir même à les transgresser. Si au contraire elles ont du sens pour lui, il les fera siennes beaucoup plus aisément.
Respect
Respecter son enfant, c’est-à-dire le considérer comme un individu à part entière et écouter ses besoins, favorisera son respect envers lui-même et envers les autres. Nombre de parents perçoivent l’enfant comme un mini-adulte en attente et ne considère pas leur juste valeur, leurs émotions et leurs expériences.
Respecter son enfant, c’est laisser toutes les parts de lui s’exprimer, lui donner toute la place nécessaire, le prendre comme il est.
Il n’y a pas de parents parfaits, ou alors, je ne les ai pas encore rencontrés ! L’essentiel est de prendre conscience de la portée de nos actions sur nos enfants. Ils ressentiront toujours votre bonne intention. L’échange est primordial. Ils ont beaucoup de choses à nous dire sur les parents que nous devons être pour eux.
Il n’est pas toujours simple de dépasser les enseignements de nos propres parents ou de se défaire de ce que nous, nous aurions eu besoin en tant qu’enfant. Laissez-les être vos enseignants dans le but de devenir le parent tout-terrain qui s’adapte à chaque situation pour eux.
Montrez l’exemple : Agissez selon les valeurs que vous voulez lui transmettre.
Affection : Plus vous lui en donnez, plus il sera serein et sûr de lui.
Implication : Donnez-lui de l’attention et soyez à l’écoute de ses besoins.
Adaptation à son âge : Ayez des attentes qui correspondant à ce qu’il est capable de faire et de comprendre.
Mise en place de règles : Posez des limites claires, il n’en sera que plus rassuré et heureux en société.
Autonomie : Favorisez l’autonomie de votre enfant dès son plus jeune âge.
Cohérence : Allez tous dans le même sens et soyez constant dans vos règles.
Non-violence : Évitez tout sentiment de peur de votre enfant à votre égard, favorisez plutôt une relation complice dans la bienveillance.
Explication : Expliquez le sens de vos décisions à vos enfants.
Respect : Considérez votre enfant comme un individu à part entière. Acceptez ses ressentis et ses particularités.