10.000 heures de pratiques pour maîtriser un art...

10.000 heures de pratiques pour maîtriser un art...

De même que la loi de Pareto (loi des 20/80) peut être diversement contestée, mais reste tout de même un bon point de repère dans pas mal de domaines où elle semble s'appliquer, il paraîtrait qu'il faut avoir expérimenté la somme de 10.000 heures d'une pratique pour commencer à la maîtriser, quel que soit le talent ou le génie initial par ailleurs.

Quand on y réfléchit bien, si on prend le cas d'un artisan, d'un artiste ou un sportif professionnel, il n'est pas rare qu'il s'adonne à sa pratique 5 à 10 heures par jour pendant des années, avant de recueillir les lauriers de son travail. Les compagnons du devoir par exemple, sont apprentis pendant 7 ans avant de devenir compagnons (et pendant ce temps-là ils ont totalisé au moins 7 ans x 250 jours x 6 heures = à peu près 10.000 heures), et ils ne deviennent "maîtres" de leur discipline que plusieurs années plus tard, après avoir présenté un "chef-d'oeuvre" démontrant leur expertise ! A mon avis, là, on est rendu beaucoup plus loin que 10.000 heures de pratique...

Experts en coaching ?

En ce qui concerne les coachs, généralement ils ont été initialement formés pendant un an, à raison d'une vingtaine de journées environ. S'ils se sont entraînés intensément plusieurs heures par semaine, et qu'ils ont eu l'occasion de trouver des clients dès les premières années (disons 10 coaching de 15heures ?), ça les amène au bout de trois ans à :

  • Formation initiale : 20 jours x 7 heures = 140 heures
  • Entraînement/intervision : 4 heures x 40 semaines = 160 heures
  • Supervision : 10 heures par an x 3 ans : 30h
  • 10 coaching de 15 heures x 3 ans = 450 heures

Total : moins de 1000 heures, moins que le 1/10ème nécessaire en moyenne pour prétendre à la maîtrise...

Hélas, rares sont les coachs qui pratiquent le coaching à plein temps (comme les coachs internes par exemple). Ceux qui ne font que du coaching et le pratiquent tous les jours de chaque semaine pendant plusieurs heures ont déjà plus de chance, au bout de 10 ans, de se rapprocher des 10.000 heures prétendument requises.

Les fondations du coaching

En fait, il y a dans le coaching tout un arrière plan de développement de la qualité de présence et de la profondeur d'écoute et d'accueil, qui peut avoir démarré ailleurs que dans la sphère professionnelle et avant la formation initiale de coach, si l'individu a travaillé sur lui-même (par exemple en psychothérapie, ou dans des démarches spirituelles, surtout si elles intègrent un travail quotidien d'écoute du corps).

Mais si ceci, de même des "dons de naissance" forment une base solide, qui concourt à l'excellence en coaching, il n'en reste pas moins qu'il faut des années de pratique des techniques spécifiques au coaching :

  • adopter la véritable position basse pour parvenir à ne pas porter le client, à ne pas interpréter, à ne pas ingérer,
  • tout en osant l'impertinence, en proposant des questions puissantes bien ajustées, en offrant des "feed-back de pleine lune" qui tapent juste, sans dériver dans le conseil ou le mentoring !

Tout cela, il faut déjà un peu de temps pour bien le comprendre et se l'approprier intellectuellement et émotionnellement.

Il en faut encore davantage pour l'intégrer à son cadre de référence au point d'en faire le B.A.BA de sa pratique.

Entrer dans le processus d'excellence

Même s'il n'y a peut-être pas besoin de 10.000 heures (et que ce chiffre n'est qu'indicatif, ne tenant pas compte de la qualité de l'engagement et des facultés initiales), il reste qu'il faut s'exercer intensément et longtemps pour maîtriser à peu près des gestes aussi subtils et puissants que :

  • incarner le comportement cible
  • utiliser à bon escient les Échos systémiques, avec tact et pertinence...

La Voie du coaching

Pour faire du coaching, il faut être coach.

Et pour être coach, il faut le devenir.

On le devient en pratiquant...tout le temps !

  • Non seulement en coachant beaucoup de monde : des particuliers, des managers, des dirigeants, dans le privé, dans le public, et dans toutes les fonctions et tous les étages hiérarchiques. (A ce propos, les coachs qui se spécialisent trop vite sur les conseils des papes du marketing, s'exposent au risque des grands chirurgiens, qui après un nombre effarant d'années d'études finissent comme ouvriers spécialisés, qui n'opèrent que la deuxième phalange de l'annulaire droit, mais sont inaptes à penser systémique, considérant l'être comme un tout).
  • Mais aussi en s'ouvrant à l'esprit du coaching à chaque instant de sa vie :- privilégier un regard positif, travailler d'abord la structure d façon méthodique (tout en cultivant pour soi-même un haut niveau de vitalité, quel que soit l'état de sa santé par ailleurs) ;- cultiver le calme intérieur avec persévérance ; Ne garder aucune rancune prisonnière dans son coeur, ni aucun regret ou remords... C'est un travail de chaque instant !- refuser toute compromission et se désengager de tous les "jeux relationnels" consistant à prendre ou se laisser dérober de l'énergie par les autres ;- aimer : s'aimer soi-même et aimer la vie, en osant mordre dans la pomme à pleine dents !- observer l'équilibre, privilégier les harmonies, dans tous les domaines de sa vie, protégeant jalousement son agenda avant de le remplir de "toutes ces foutues choses à faire" (comme disait Winston Churchill) ;- entretenir un sentiment permanent de gratitude, accueillant l'inspiration de la nouveauté à chaque cycle respiratoire (ce qui suppose d'accepter de mourir à chaque expiration, laissant le passé arrière soi à chaque pas...) !- garder la tête sur les épaules (pour ne pas dire "la tête dans le soleil, tout en gardant les pieds sur terre") pour rester objectif : voir les choses en face, sans interprétation, sans jugement, sans négociation. Juste accepter ce qui est, en toute lucidité !- Et enfin : oser être soi-même, assumant ses responsabilités, libre des conditionnement et des attaches névrotiques, conscient de l'arrière plan intérieur au lieu de ne focaliser que sur l'avant-plan de la scène. Se concentrer sur l'Essentiel et tout miser sur le centre, le reste étant considéré comme de l'intendance, qui doit suivre d'elle-même.

Oui, c'est exigeant. Et c'est pour ça que c'est excitant. Et passionnant. Il faut "avoir le goût de l'épice", disait Luis Ansa, et devenir un "homme creux" (quel que soit le genre de l'humain considéré).

C'est cela la "Voie du coaching".

S'entraîner pour se développer

L'école NRGy forme des spécialistes du coaching d'équipe. Elle aide les coachs à se lancer, et à booster leur business, pour avoir la chance de pratiquer.

Personnellement, cela fait plus de trente ans que j'exerce à plein temps en tant que coach, et j'ai la chance de superviser quelques collègues qui m'accordent leur confiance.

A tout bientôt :-)


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