11 novembre 1945: "A l'écart de la vie publique, l'armée doit aussi éduquer et construire"​, déclare le colonel Fouad Chéhab dans une interview
Général Fouad Chéhab

11 novembre 1945: "A l'écart de la vie publique, l'armée doit aussi éduquer et construire", déclare le colonel Fouad Chéhab dans une interview

Dans une interview à la presse, le colonel #Fouad_Chéhab, commandant de la nouvelle armée, expose sa vision du rôle de l' #institution_militaire.

Après avoir fait l'historique des forces armées, l'officier souligne que lorsqu'il a pris en charge la Troupe, en août dernier, elle était composée de soldats très jeunes ou âgés, dotés de matériel usagé et vieux. Son premier objectif fut de réorganiser l'armée. Cet objectif, dit-il, est aujourd'hui atteint et "l'armée dispose à présent de tous les services nécessaires à sa vie propre et indépendante et commence à s'adapter aux besoins propres du pays".

Selon #Chéhab, le territoire national a été divisé en secteurs et chaque secteur a reçu ses chefs et ses troupes. Des missions ont été confiées à ces troupes dont leur collaboration à la #lutte_contre_la_contrebande, à la #destruction_du_haschich, à la #surveillance_des_frontières... Il admet que ces travaux ne font pas partie en général du rôle du soldat mais il note qu'il n'y eut pas de grogne au sein de la Troupe dont il souligne "l'esprit magnifique et la discipline sans pareille".

Parlant des objectifs à long terme de l'armée, #Chéhab déclare qu'elle espère servir à l'amélioration du recrutement au sein de la #Police et de la #Gendarmerie. "Ainsi, dit-il, arriverons-nous à la solution de ne voir un civil devenir gendarme et policier qu'après avoir effectué un #service_militaire_volontaire d'une certaine durée. L'armée compte aussi améliorer l'état physique de la nation en formant des moniteurs d'éducation physique, de ski, d'alpinisme et en créant des camps de jeunesse... Enfin à certaines époques, abandonnant le fusil, le soldat pourra prendre l'outil et participer massivement au reboisement de nos montagnes, aux travaux des hydrauliciens et à tous ceux d'utilité publique...".

Mais le colonel se presse d'ajouter qu'il faut d'abord laisser l'armée se parfaire. "Ce n'est que lorsqu'elle aura de bons #fantassins, de bon #artilleurs, voire de bons #aviateurs qu'elle pourra se lancer dans la tâche qu'elle ambitionne d'accomplir: éduquer et construire".

En conclusion, #Chéhab demande le moins de publicité autour de l'armée qui "doit vivre en marge de la vie publique. C'est une sorte de sacerdoce. Un haut idéal de service et d'abnégation doit y être maintenu et cela ne va pas sans un isolement... Pas de publicité donc à moins de relater un exploit extraordinaire".

Naufal en faveur du service militaire:

De son côté, le #chef_de_l_état_major, le colonel #Sleiman_Naufal, déclare que "pour le moment, nous n'envisageons pas de créer une #marine et une #aviation. Cela coûterait trop cher. Mais peut-être qu'à l'avenir, nous pourrions envisager d'en former un embryon". Il se dit favorable au #service_militaire_obligatoire, "élément d'union nationale et moyen de rapprochement des classes et des milieux. C'est également une école d'éducation civique".

Parlant du commandement, #Naufal indique que le #chef_des_forces_armées est le #chef_de_l_Etat. Mais n'étant pas responsable, il s'en remet du point de vue parlementaire à un ministre et du point de vue technique à un commandant en chef et à un chef d'état-major général qui, dit-il, "est l'inspecteur permanent de toutes les forces armées. Le chef de l'Etat et le ministre ne peuvent concevoir et préparer les questions techniques, c'est le chef d'état-major qui le fait. Il soumet son travail au ministre qui remet ses décisions au commandant en chef des troupes... Tout cela suppose une collaboration intime et une véritable amitié entre les divers chefs...".


Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Autres pages consultées

Explorer les sujets