[1/3] Regard d’élu sur la crise de la Covid-19 : Le début de la crise en contexte électoral
Quelques semaines après le 3ème confinement lié à la crise de la Covid-19, j’ai interviewé le Maire de La Chapelle-sur-Erdre et Vice-Président de Nantes Métropole, Fabrice Roussel, sur la pandémie et sa gestion. Entretien en trois temps.
Comment en tant que Maire, avez-vous vécu le début de cette crise sanitaire, qui a débuté à un moment où vous étiez à la fois en fin de mandat, et en campagne pour votre réélection ?
En réalité, je l’ai surtout vécu post-élections car nous avons eu quasiment une vie classique jusqu’à début mars. Pendant la campagne, à part un questionnement sur la tenue d’un meeting, nous effectuons du porte-à-porte jusqu’au bout, et une semaine avant l’élection, nous faisons le spectacle des retraités à Capellia, l’espace culturel de la commune, avec 700 personnes.
En revanche, quand le premier confinement débute, c’est un arrêt brutal de la vie sociale, de la vie économique et des services publics, sauf pour l’accueil des enfants des personnels prioritaires.
À cette période, je suis toujours en fonction mais pas réélu Maire, et je dois me mobiliser à la fois avec l’équipe de direction sur la gestion de la crise et la reprise de certains services, comme le service environnement, mais aussi sur l’organisation politique avec une équipe sortante et des nouveaux élus qui ne sont pas encore en fonction. Et ce, dans un contexte où nous ne pouvons nous rencontrer que virtuellement, ce qui pèse et pèse encore dans le fonctionnement.
En pleine pandémie, comment avez-vous vécu votre victoire et votre réélection pour un 3ème mandat ?
Élu depuis 25 ans et bien que n’ayant jamais eu à vivre et à gérer d’évènement de ce type et de cette ampleur, je suis resté dans une certaine continuité de fonctions. Toutefois, par rapport à la situation sanitaire et même si l’écart est net (900 voix), on vit la victoire avec modestie car la mobilisation aux urnes a été plus faible que ce que nous connaissons habituellement à La Chapelle-sur-Erdre.
Si nous avons eu le sentiment du devoir accompli dans cette campagne, le contexte particulier dans lequel j’ai été réélu, et le taux d’abstention, pèsent forcément dans notre façon d’engager le mandat. Il nous faut, et il nous faudra, aller chercher et mobiliser dans la vie de la cité, ceux et celles qui se sont restreints dans la participation à ce moment démocratique important pour la commune.
A l’occasion de ce nouveau mandat 2020-2026, votre équipe a été largement renouvelée. Comment, dans un tel contexte, s’est déroulée la prise de fonctions de vos adjoints et conseillers municipaux, notamment pour ceux dont c’est le premier mandat ?
Il y a d’abord eu de la patience, car nous sommes élus le 15 mars et le conseil municipal d’installation n’a lieu que le 25 mai. Les instances municipales – réunion de la majorité, commissions, conseil municipal - ne peuvent se mettre en place et se réunir rapidement.
Le lien avec l’équipe municipale ne peut se faire comme habituellement, alors que c’est un enjeu essentiel, notamment pour les conseillers municipaux qui ont besoin d’être accrochés à la vie de l’équipe ; même si l’on communique par téléphone ou visio, il y a moins de réunions, moins d'événements. Heureusement, cela n’a pas fragilisé l’équipe car nous nous sommes tous serrés les coudes. J’ai veillé à ce qu’un maximum de décisions soient partagées avec les élus sortants et les nouveaux élus, puisque les six nouveaux adjoints notamment, même s’ils connaissaient leurs prédécesseurs car ils avaient travaillé ensemble pendant la campagne, n’ont pu bénéficier d’une passation classique. J’ai également communiqué sur nos prises de décisions avec l’opposition, avec laquelle j’ai eu des temps d’échanges réguliers.
Également, les prises de contact avec les services municipaux ont été dégradées car nous ne pouvions, avec l’ensemble des adjoints et conseillers délégués, faire le tour des équipes, et les agents étaient par ailleurs eux-mêmes en télétravail.
Je dirais enfin que le gel du projet politique a pu aussi générer une part de frustration, puisque nous nous sommes totalement consacrés à la gestion de la crise.
Quand avez-vous pris conscience de la gravité de la pandémie ?
Je raconte toujours une anecdote. Fin février 2020, je suis à une conférence de presse pour Atout France et l’organisation du salon Rendez-vous en France. Nous devons préparer l’arrivée de 1 000 tour operator venus du monde entier pour découvrir la région des Pays de la Loire et Nantes. Sur ce, quelqu’un revient de Chine et nous dit « ça va faire très très mal, on va faire la conférence de presse mais je ne suis pas sûr que l’on puisse organiser l’évènement ». À ce moment-là, j’ai déjà le sentiment qu’il se passe quelque chose, mais ça ne transparaît pas dans le quotidien des gens. Il y a encore très peu de personnes en France atteintes du Covid. Il y a un vrai décalage entre ce qui nous est énoncé et la réalité que nous connaissons à ce moment-là.
Quelques temps après, les rumeurs de report des élections circulent, on sent que ça monte en pression. Je pensais même que les élections n’auraient pas lieu. Comment dire aux gens d’être prudents tout en leur disant d’aller voter ? Cette injonction paradoxale explique pourquoi beaucoup de citoyens ne se sont pas rendus aux urnes. On sent à travers les taux d’abstentionnisme que l’opinion publique est soucieuse. Ça a été pour moi, un vrai indicateur de l’inquiétude de la population.
Quelle est la première mesure que vous avez prise ?
Ma première mesure a été l’organisation d’un accueil pour les enfants de personnels prioritaires. Avec la fermeture des services municipaux, il a fallu aussi, et rapidement, travailler à l’organisation de la continuité de service et à la mobilisation des agents puisqu’un certain nombre de dossiers devaient continuer à être instruits, gérés mais d’une façon différente.
Rendez-vous mercredi 9 juin pour la suite de cet entretien.
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