14 juillet 2020 : Lettre ouverte au Président de la République

Monsieur le Président,

Vous aviez parlé dans votre allocution de mars d’une guerre. Une guerre à mener non pas contre d’autres nations mais contre un virus. Vous aviez raison. Il s’agissait bien d’une guerre. Celle-ci, comme toutes les guerres, a déjà fait beaucoup de morts.

Comme dans toutes les guerres, il y a eu des combattants au front – tous les personnels soignants – dont certains sont morts en faisant leur travail. En d’autres temps, on disait au champ d’honneur.

Et comme dans toutes les guerres, il y a eu des millions de gens - à l’arrière -, qui ont continué à faire leur travail. Parfois en prenant beaucoup de risques : sans masque, sans gel, sans gants, sans rien d’autre que leur devoir.

Cette armée là fut incroyable :

Les agriculteurs, les maraîchers et les éleveurs qui ont continué à produire ce qui nous a tous nourris. Les transformateurs, les chauffeurs routiers dont on dit si souvent tant de mal, les distributeurs et les marchands qui ont permis à la population de s’approvisionner tous les jours et de ne pas connaître la faim.

Les éboueurs qui ont permis de tenir nos villes propres pendant des semaines. Imagine-t-on un instant ce qui ce serait passé si en plus de l’épidémie, il y avait eu des montagnes d’immondices partout dans nos villes ?

Et puis tous ces métiers auxquels on ne pense pas souvent et qui ont rendu la vie – notre vie - possible : les personnels qui nous fournissent l’eau potable, partout et tout le temps. Les énergéticiens qui nous ont apporté l’électricité qui n’a jamais manqué et les opérateurs de réseaux de télécommunication qui ont permis à ceux qui le pouvaient de continuer à travailler et à ceux qui ne pouvaient voir leurs proches de leur parler et de les voir.

Et tant d’autres.

Cette guerre, tous ces gens du front et de l’arrière nous ont permis de la mener et de la gagner. Et nous la gagnerons. Nous perdrons sans doute quelques batailles, mais nous finirons par enterrer ce mauvais virus.

Alors puisque le 14 juillet est notre fête nationale, puisque tous les ans nous invitons à défiler tous ceux qui défendent la nation, alors cette année, Monsieur le Président, cette année, il faut inviter des représentants de tous ces travailleurs de l’ombre à qui on doit tant, à défiler sur nos Champs Elysées, à recevoir les honneurs de la patrouille France, à marcher dans les pas de nos aînés et à rejoindre eux aussi cet Arc de Triomphe qu’ils ont servi avec tant de dévouement.

Ce que je vous demande, Monsieur le Président, c’est de réfléchir à l’organisation d’un tel défilé. Un défilé comme nous n’en aurions jamais vu. Un défilé des soldats du front hospitalier, et de tous ceux de l’arrière sans qui rien n’aurait été possible.

Je vous remercie, Monsieur le Président.