Pour demeurer pertinentes dans un environnement en constante évolution, les organisations doivent savoir innover et adapter leurs pratiques de gouvernance afin de pouvoir répondre à de nouvelles attentes et saisir les opportunités qui s’offrent à elles. La qualité de la gouvernance est un gage de confiance et de crédibilité pour la pérennité d'une organisation. Or, force est de constater qu'il n’existe hélas pas de modèle universel de saine gouvernance. Néanmoins, une gouvernance de qualité est caractérisée par certains traits distinctifs. Dans cette perspective, nous présentons, ci-après, les principales caractéristiques observées au sein d'organisations reconnues pour la qualité de leur gouvernance. Cette liste n'est pas exhaustive.
Quelques caractéristiques d'une gouvernance de qualité
- Un conseil d'administration (CA) performant est généralement piloté par un président ayant un leadership rassembleur, axé vers la recherche de solutions, générateur de confiance par l’exemplarité.
- Responsables, les administrateurs le sont à plus d'un titre. Les administrateurs sont engagés à respecter leurs rôles et responsabilités et à assumer leur devoir de fiduciaire, à savoir celui d'agir avec diligence et loyauté. Pour que le CA puisse assumer efficacement ses responsabilités, les administrateurs doivent être à même d’exercer un jugement objectif. Les administrateurs doivent consacrer à leurs fonctions le temps et l’attention nécessaires. Le bénévolat n'est pas un échappatoire à ses responsabilités ni à la charge de travail qui en découle. On est administrateur ou on ne l'est pas, que l'on soit rémunéré ou non. Il n'y aucune zone grise.
- Le CA déploie une structure et des mécanismes permettant d’assurer une surveillance efficace de la gestion de l'organisation (par ex.: fonctions, comités, etc.). Le CA planifie un huis clos à chacune des réunions. Il faut trouver un juste équilibre entre le nombre de réunion, le besoin d'information des administrateurs et la responsabilité des dirigeants de gérer l'entreprise.
- Le CA regroupe des administrateurs ayant un profil, des compétences, l’expérience et les qualités personnelles complémentaires et diversifiés répondant aux besoins de l’organisation. Le CA veille à la diversité de sa composition et se fixe des cibles. Il ne s'agit pas d'une diversité purement "cosmétique" mais d'une diversité réelle permettant d'enrichir les échanges au CA. Le CA comprend une proportion d'administrateurs indépendants. Le CA assure un renouvellement périodique de ses administrateurs. Le CA met en place une procédure clairement définie et transparente pour la nomination et l’élection des administrateurs.
- Quelles que soient la composition ou les modalités d'organisation, le CA est et doit demeurer une instance collégiale apolitique qui est mandatée par l'ensemble des actionnaires ou des membres. Il exerce les compétences qui lui sont dévolues par la loi pour agir en toute circonstance dans le meilleur intérêt de l'organisation. Dans cette quête du meilleur intérêt de l'organisation, le CA prend en compte les intérêts des parties prenantes qui gravitent dans son écosystème.
- Les administrateurs évitent de s'immiscer dans la gestion des opérations. Bien que simple en apparence, l'immixtion des administrateurs dans la gestion interne est une source fréquente de tension et de dysfonctionnement des CA. Les échanges se maintiennent à un niveau stratégique plutôt que tactique.
- Le CA entretient un relation de confiance et de transparence avec le comité de direction. Il collabore tout en conservant suffisamment d’indépendance pour être en mesure d’aborder les questions délicates. Bref, le CA tisse une relation de confiance sans complaisance. Une relation offrant la distance nécessaire pour apprécier la performance du PDG et recommander des pistes d'amélioration, le cas échéant.
- Le CA offre aux nouveaux administrateurs un programme d'intégration leur permettant de comprendre leurs devoirs et obligations légales, rôles et responsabilités, ainsi que la contribution attendue d’eux. Nos observations sur le terrain révèlent que la courbe d'apprentissage d'un nouvel administrateur est d'au moins un an.
- Le CA cultive un climat de travail sain favorisant la collaboration, un débat constructif, l'ouverture, le respect et la prise de décisions éclairée. Les administrateurs ont le courage d’exprimer leur opinion même si celle-ci est contraire à l'opinion dominante. Les administrateurs sont solidaires des décisions prises au sein du CA.
- Le CA s'assure que l'organisation offre à ses employés un environnement de travail stimulant, sécuritaire, diversifié et inclusif. À cet effet, la politique des ressources humaines, notamment les programmes de valorisation des ressources humaines et de formation, les taux de mobilisation et d'absentéisme, peuvent apporter des informations intéressantes au CA.
- Le CA a accès en temps opportun et de façon régulière à une information de qualité. L'information doit être suffisamment détaillée pour pouvoir apprécier la gestion menée par la direction et prendre des décisions éclairées. Toutefois, la cueillette et la communication de l'information ne doivent pas constituer une charge excessive pour le comité de direction en termes de coûts ou de lourdeurs administratives. Il faut trouver un juste équilibre entre l'incertitude quant à la décision à prendre, la complétude de l'information et les efforts requis pour la rassembler. Les administrateurs préservent la confidentialité des informations.
- Le CA exerce un rôle déterminant dans l'établissement des principes éthiques qui guident l'organisation. Les administrateurs agissent dans le respect des principes éthiques et s’inspirent des valeurs organisationnelles qui sous-tendent ces principes. Le respect des principes éthiques doit être accompagné par la mise en place de mécanismes de contrôle crédibles et efficaces afin que tout manquement puisse être décelé, signalé et corrigé, le cas échéant.
- Le CA aligne le programme de rémunération des principaux dirigeants et des administrateurs avec les intérêts à long terme de l'organisation.
- Le CA évalue rigoureusement et périodiquement la performance de l’organisation, sa rentabilité financière et veille à sa croissance.
- Le CA veille à définir une direction stratégique claire et effectue un suivi rigoureux du plan stratégique. Les administrateurs offrent une perspective stratégique et utilisent leur expérience acquise pour établir rapidement des liens sur les questions de stratégie et les risques.
- Le CA surveille rigoureusement les principaux risques susceptibles d’influencer l’évolution de l’organisation et s’assure de la mise en place de mesures de contrôle adéquates. Les administrateurs comprennent les principaux risques susceptibles de freiner l'organisation dans la réalisation de sa mission.
- Le CA s’assure de la planification de la relève notamment au sein des postes névralgiques.
- Le CA se tient à l’affût des tendances et pratiques reconnues. Il voit à l'évolution des pratiques de gouvernance. Le CA met en place un programme de formation continue des administrateurs.
- Le CA surveille et gère de manière proactive les conflits d’intérêts pouvant survenir.
- Le CA s’évalue périodiquement et déploie un plan d’action pour améliorer son fonctionnement. À ce sujet, nous vous invitons à consulter le livre blanc sur le site de
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Les Principes de gouvernance d’entreprise du G20 et de l’OCDE
Afin d’aider les administrateurs à exercer leur mandat avec efficience, cet article formalise certaines pratiques généralement usitées au sein de CA. Comment pouvez-vous améliorer la qualité de la gouvernance de votre organisation par votre contribution individuelle, comme administrateur et, collective, comme conseil d'administration? Sur la base des caractéristiques ci-haut identifiées, nous vous invitons à initier une échange au sein du conseil d'administration afin de comparer votre appréciation individuelle et collective.
L'auteure est passionnée de gouvernance. Elle accompagne les organisations depuis plus de 20 ans en stratégie et en gouvernance. Elle enseigne la gouvernance
Collège des administrateurs de sociétés
de l'
Université Laval
Elle réalise présentement un PhD exécutif à l'
Université Paris Dauphine- PSL
en gouvernance et en responsabilité sociale.
- Plus de 1000 administrateurs formés
- Plus de 50 évaluations de conseils d'administration
- Plus de 100 articles publiés ou conférences données