2020, année alchimique

En matière d'équipement informatique, tout ce que vous n’achetez pas neuf constitue le plus important éco-geste que vous puissiez réaliser en faveur de l’environnement. Selon le dernier rapport de GreenIT.fr, la principale source de pollution numérique est due à la fabrication de nouveaux composants, nécessitant l’exploitation de tonnes de matières premières et d’eau, et générant énormément de CO2.

Actuellement le monde compte 34 milliards d’équipements, soit environ 8 par habitant ! Un chiffre qui va se multiplier par 5 d’ici quelques années. Et souvent l’acquisition de nouveaux produits a deux principales raisons : l’obsolescence de nos appareils ne supportant pas les mises à jour des solutions propriétaires, et l’envie d’avoir le dernier équipement à la mode, dont vous ne soupçonnez même pas qu’il contient plusieurs composants électroniques.

En ajoutant à cela le fait qu’en fin de vie, il n’existe au monde que 4 usines de retraitement des carte-mères (composant au cœur de vos appareils et constitué de produits hautement toxiques), on peut alors considérer que tout ce qui ne sera pas consommé est bénéfique pour la planète.

L’année 2020 sera donc pour nous, professionnels du numérique, celle de l’alchimie : non pas à la recherche d’une quelconque pierre philosophale, mais celle des mélanges complexes entre changements de comportements, numérique efficace, low-tech et sobriété des usages.

Chez Green IT Solutions, la sobriété numérique s’appuie sur plusieurs fondements depuis près de 10 ans. Une de nos démarches principale consiste à utiliser du matériel d’occasion. Pour autant, nous faisons aujourd’hui face à la difficulté de ne pas pouvoir répondre à toutes les demandes qui nous sont faites. La raison majeure est qu'il est difficile de trouver une filière pérenne où s'approvisionner. Notre philosophie est donc de favoriser le plus souvent possible, et en priorité, le ré-emploi des anciens équipements de nos clients.

Les équipements sont souvent mis au rebut parce qu'ils n’ont jamais été mis à niveau, ni même dépoussiérés. Pourtant, un coup de soufflette, un changement de pâte thermique sur le processeur, le remplacement d'un ou deux composants, et la machine repart "comme en 40"!

Étonnamment, le client, parce qu'on a réinstallé son OS et ses applications, faisant ainsi disparaître toute l'hérésie du système propriétaire qui le ralentissait, est émerveillé du résultat. "Ça marche! C'est du bonheur!". 

Il existe une autre solution pour remettre en service des équipements de seconde main : elle s'appelle Linux. Si pour le technicien averti c'est une évidence, pour l'utilisateur classique, c'est une vraie dramaturgie : il va falloir changer ses habitudes de travail, en oubliant la possibilité d’installer n’importe quel logiciel trouvé sur Internet pour pallier au dysfonctionnement ou à l’absence d’une fonctionnalité nécessaire.

Chez Green IT Solutions, ce que nous essayons de faire comprendre à nos clients, c'est qu'il faut d'abord changer les pratiques utilisateurs avant de changer les PC. Opter pour un système d’exploitation moins gourmand en ressource facilite la réhabilitation de vos anciens équipements.

Nos clients sont souvent surpris de notre démarche qui ne prône pas les systèmes d’exploitation libres tels que Linux de façon systématique : « Mais pourquoi n’arrivez-vous pas à faire avec les utilisateurs ce que vous faites avec les serveurs ? ». Ce à quoi nous répondons : « Les utilisateurs ne sont pas numériques, nous ne parlons pas toujours le même langage et ils sont réfractaires au changement... »

Dans le monde de l’Open-Source, en français « le Logiciel Libre », il y a des logiciels qui fonctionnement très bien. Il y a cinquante fois moins de code dedans, ça tourne plus rapidement, et en plus c'est une communauté mondiale de gens qui n'ont pas envie de dépenser d'argent qui le mettent à jour. C'est peut-être moins joli, mais cela permet d’assurer les principales tâches réalisées par la majorité des utilisateurs.

C'est en ce sens que nous parlons de réduire les besoins d'immédiateté numérique. On veut toujours "le dernier truc", la dernière mise à jour. C'est économiquement très intéressant pour nous prestataires de service, parce que cela nous permet de revendre des licences, de faire fonctionner l'économie de marché.

Mais aujourd'hui si je prône la sobriété numérique, je prône aussi la décroissance numérique. Il faut trouver d'autres modèles économiques, innover dans nos méthodes de travail, remettre de l’humain au cœur de notre activité, valoriser « notre cerveau » et nos savoirs-faire pour arrêter de vendre des choses qui ne servent à rien sous la pression marketing d’éditeurs étrangers.

J’en veux pour exemple la demande de certains clients, au vu de l’obligation de passer à Windows 10, un peu dans la panique en cette fin d’année, et se focalisant sur l’achat de matériel entièrement neuf, non pas à cause de l’impossibilité de réhabiliter leur parc informatique, mais afin de pouvoir amortir leur investissement. Ce qui peut paraître légitime, puisqu’à ce jour le ré-usage n’est pas encouragé par des mesures fiscales.

A ceci s’ajoute la tendance à démultiplier les outils destinés aux mêmes fonctionnalités. Il y a un vrai travail à réaliser dans ce domaine. Je parle par exemple des machines sur lesquelles vous avez simultanément le cloud de M***, le cloud de A***, le cloud de G***, et un Drop*** . Devenir agile et travailler efficacement, c'est aussi limiter les fonctionnalités inutiles.

Dans cet esprit, nous militons pour l’optimisation logicielle auprès des professionnels de cette branche. "Optimisez votre code, faites en sorte de le limiter au strict minimum. Ce n'est pas la peine de faire des trucs qui font papa, maman, la bonne et le curé...." De toute façon votre applicatif ne sera utilisé qu’à hauteur de 20%. Il y a donc 80% des fonctionnalités qui n’ont aucun intérêt fonctionnel pour l’usager.

Si vous allez visiter notre site web, vous penserez sans doute qu’il n’est pas attirant. En fait, il est juste minimaliste ! Il ne comporte que l’essentiel… Et si actuellement il est édité avec une version du CMS Wordpress, la refonte qui est en cours de réalisation sera développée sur du code statique épuré HTML – CSS pour générer la plus petite empreinte possible.

Cela peut paraître un retour technologique en arrière, mais le Low-Tech peut-être tout aussi joli et délivrer le même message que le dernier CMS à la mode, sans oublier son impact positif sur l’allongement de la vie des équipements numériques moins sollicités !

Le maintien de la performance des machines anciennes est également une de nos préoccupations. Nous réalisons aussi de « l’upgrade » matériel en rajoutant des barrettes mémoire. Pour cela, nous avons la chance d'avoir des filières, notamment chez Ebay, où nous arrivons à retrouver des processeurs qui correspondent aux contraintes techniques, mais cela reste très fluctuant.

D’ailleurs, nous venons de mettre en service du matériel de seconde vie au cœur de notre datacenter, reconfiguré par notre ingénieur pour constituer un cluster de virtualisation. Soucieux de sa consommation énergétique, les alimentations ont été changées. Nous offrons ainsi à nos clients une infrastructure haute-technologie parfaitement en accord avec notre philosophie de sobriété numérique.

Ces quelques exemples font partie de notre quotidien. Nous sommes une petite structure, avec peu de clients. Mais notre objectif est vraiment d’arriver à faire basculer les pratiques et les habitudes en entreprise grâce notamment à la diversité et à l’investissement de notre équipe penchée sur ces travaux.

C’est à nous professionnels du numérique de devenir acteurs de cette sobriété, cela ne passera que par nous, elle ne peut pas venir d’ailleurs...

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