22/50 Un accident traumatisant
Découvrez la nouvelle histoire vécue de la série « 50 visions de prévention » (en savoir plus sur mon défi)
Depuis 17 ans j’interviens dans le domaine de la sécurité-santé au travail. Lors des nombreuses formations que j’ai pu animer on m’a souvent rapporté des récits d’accidents très graves. Je vous épargne les détails...
J’ai conscience à chaque fois lorsque je suis plongé dans le regard de ces personnes qui me racontent leur accident, celui de leur collègue ou d’un de leurs proches, que l’accident ne blesse pas que les corps !
Je me souviens notamment d’un chef d’équipe qui est venu discuter avec moi pendant la pause, il me dit qu’avant il courait le marathon en moins de 4 heures, mais que depuis qu’il est soigné pour son cancer, il n’a plus la force de courir.
L’histoire que je vais vous raconter est tout autre, il s’agit cette fois d’une opératrice qui a été blessé à la main et à l’avant-bras dans une machine sur laquelle elle travaillait depuis de nombreuses années.
Elle travaille toujours dans cette usine, mais à un autre poste.
A ce jour elle n’est toujours pas retournée sur les lieux de son accident ! Pour aller du vestiaire à son poste de travail, elle effectue même un détour pour l’éviter.
Le questionnement du préventeur
Au-delà des lésions irréversibles, qu’en est-il aujourd’hui du suivi psychologique de certains salariés concernant les effets post-traumatique d’un accident, y compris pour certains témoins ?
D’autre part, nous traitons souvent des tableurs, des chiffres, des graphiques pour présenter nos statistiques mais derrière chaque accident il y a un accidenté et derrière chaque maladie, un malade. Il ne faut jamais l’oublier.
L’enjeu humain est primordial. Ce n’est pas toujours celui qui va convaincre les gestionnaires purement comptables… Et pourtant, j’ai rencontré certains Dirigeants et managers sincères lorsque nous discutions et qu’ils m’avouaient avoir été affectés personnellement par ce type de drame.
Si vous travaillez dans la prévention, alors vous savez à quel point votre rôle est important. Chacun attends quelque chose de précis, mais quelle est exactement le sens que vous donnez à votre mission ?
Est-ce par hasard si vous faites ce métier ? Quelles raisons profondes ont pu vous amener à prévenir les risques pour les autres ? Se poser ces questions peut vous aider à redonner du sens à votre travail, dans un métier où la reconnaissance n’est pas toujours au rendez-vous !
Responsable sécurité chez Ovive
6 ansHeureusement il y a des entreprises où ce message est écouté même si parfois on a l'impression d'être un oiseau de mauvais augure. C'est une question de valeur quand on est preventeur peut on travailler dans une entreprise qui n'a pas conscience que l'intégrité de ses salariés doit être une priorité ? Dans mes expériences professionnelles j'ai fait le choix de ne pas rester lorsque le dirigeant ne voulait pas prendre en compte l'aspect humain des conséquences d'un accident éventuel. Je me suis récemment profondément indignée contre les pratiques d'un formateur externe qui utilisait des images de personnes gravement blessées pour passer un message de prévention pour lequel ces images n'apportaient rien car derrière il y a des victimes, des familles ...certes notre métier de preventeur est d'alerter mais dans le respect. Merci pour vos récits qui nous ramènent à nos valeurs et au sens de notre métier de preventeur.
Consultant - Formateur chez JC consultants
6 ansC'est juste Bertrand, mais cet aspect est souvent négligé pour se focaliser sur ce qui est visible...
Superviseur de l'équipe Manutention chez Construction Navale Bordeaux ( groupe Beneteau)
6 ansBiensur qu’on peut être traumatisé par l’accident d’un autre, qu’on soit collègue ou manager de terrain. On fait partie des dommages dit « collatéraux « que personne ne prend en compte.