#3 Emission carbone vs. Empreinte carbone

#3 Emission carbone vs. Empreinte carbone

Evolution des émissions et de l’empreinte carbone en France

Les émissions de carbone en France sont générées aux 3/4 par l'utilisation de l'énergie, le quart restant provient des procédés industriels, de l'agriculture et, dans une moindre mesure, des déchets. Ces émissions ont légèrement augmentées de 1995 à 2005 puis baissées régulièrement depuis. L'empreinte carbone totale suit globalement la même tendance baissière, ce qui est - quand même - une bonne nouvelle. Cependant, la part associée aux importations représente aujourd'hui près de 50% quand elle n'était 'que' de 37% en 1995. Ainsi, la France externalise de plus en plus ses émissions.

Aucun texte alternatif pour cette image

Lorsqu'on s'intéresse cette fois aux mêmes indicateurs mais rapportés par habitant, l’empreinte carbone des Français est restée constante de 1995 à 2005 avant d'engager une décroissance et revenir sur un quasi plateau depuis 2015. A noter que pour respecter l'objectif des Accords de Paris de maintenir l’augmentation de la température mondiale « nettement en dessous » de 2°C d’ici à 2100 par rapport aux niveaux préindustriels il faudra atteindre 2 tCO2e/pers/an en moyenne en France d’ici 2050, soit une division par 4,5 en moins de 30 ans…

Aucun texte alternatif pour cette image

Décomposition par postes de l’empreinte carbone en France

L'analyse faite par Carbone4 montre les différents postes et leurs proportions qui composent l'empreinte carbone moyenne en France. Est-ce que cette répartition vous surprend ? La voiture prend une place prépondérante (souvent indispensable pour certains ménages, même si 50% des déplacements de moins de 1 km sont aujourd'hui effectués en voiture… (source BL évolution)), suivie du chauffage au gaz et au fioul et de la consommation de viande. Vous noterez au passage la relativement faible contribution de l'électricité très décarbonée en France.

Aucun texte alternatif pour cette image

Il est possible de calculer (d'estimer plutôt) sa propre empreinte carbone grâce à des outils gratuits mis à disposition en ligne, 's'amuser' ensuite à comparer son empreinte avec celle moyenne en France (9,0 tCO2e/pers/an actuellement) et éventuellement identifier des postes de réduction pour atteindre cet objectif des 2 tCO2eq.

Décroissance et sobriété

Aucun texte alternatif pour cette image

Revenons un instant sur cette division par 4,5 de son empreinte carbone. Cela va forcément nécessiter un autre modèle de société (désolé pour le spoil). La question qui se pose alors est comment et à quel point ça va faire mal ?

Pour cela je propose de se pencher sur l'équation de Kaya. L'équation de Kaya est utilisée par le GIEC pour analyser l'évolution des émissions de CO2.

Aucun texte alternatif pour cette image

Vous remarquerez que les numérateurs et les dénominateurs s'annulent un à un pour retrouver CO2 = CO2. On se retrouve donc avec 4 paramètres d'ordre démographique, économique et énergétique pour faire varier le CO2:

  • POP : La population. Peu de chances d'avoir une influence sur celui-là… qui aura plutôt tendance à augmenter, sauf en instaurant des politiques sociales drastiques comme celle de l'enfant unique en Chine par le passé.
  • PIB/POP : le PIB par habitant. Il s'agit actuellement d'un critère souvent utilisé pour évaluer le niveau de vie. Réduire le PIB par habitant impliquerait donc de vivre de manière plus sobre (consommer moins pour produire moins). Cela fait écho aux débats pour savoir si une décroissance économique est possible et pose la question de savoir si la richesse (l'argent) fait le bonheur ou pas. Cependant, penser baisse du PIB/hab à l'échelle mondiale est un peu gênant méthodologiquement et éthiquement parlant étant donné les fortes disparités.
  • E/PIB : l'intensité énergétique ou la quantité d'énergie nécessaire pour produire une unité de richesse. En fait ce paramètre est corrélé aux progrès réalisés en termes d'efficacité énergétique. Peut-être un premier levier ici.
  • CO2/E : le contenu en CO2 de l'énergie (primaire consommée). C'est toute la question de la transition énergétique et du poids carbone d'une unité d'énergie produite. Evidemment ce paramètre ne tient pas compte du besoin en ressources, de leurs disponibilités et ni de l'impact sur la biodiversité.

 Vous l'avez compris, c'est un peu le jeu des vases communicants ici. Selon de combien on souhaite faire baisser le valeur CO2, cette même baisse doit être reflétée sur les 4 autres paramètres, tenant aussi compte de l'augmentation 'naturelle' de certains.

Il existe cependant plusieurs limites à l'équation de Kaya. Notamment la dépendance / corrélation de certains termes entre eux. Ainsi, le niveau de vie a une influence sur le taux de natalité ou l'efficacité énergétique peut conduire à un effet rebond. Notons enfin qu'en retirant le terme énergie (E) de l'équation on se retrouve avec CO2/PIB. Une baisse des émissions reviendrait à observer un découplage entre le PIB (qui continuerait à augmenter) et le CO2 (qui baisserait). C'est ce qu'on appelle en France la 'Croissance Verte'. Et cette croissance verte est supposée possible voire même obligatoire car elle a fait l'objet d'une loi éponyme votée en 2015.

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Autres pages consultées

Explorer les sujets